NoD Remaster
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Ihephe
Shiki Van Shërza
Opheliana
Kyrius
Sophii
Mama Koi
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Re: NoD Remaster
Alors...alors *tousse*
On va commencer par le début et finir par la fin
[Teaser; relecture]
La partie résumer de ce qui se passe dans chaque étage est parfaitement coordonné et lié à la suite, on voit que tout à été pensé avant même que le premier mot ne soit posé sur feuille, franchement bien jouer !
Ensuite la transition, toute en douceur, vers l'histoire en elle même, description du groupe de Get Free rapide et précise, franchement pas mal du tout (après je vois bien Séléna avec une arme technologique, mais nous verrons ça chez Phénix...si je l'écrit un jour ce passage...)
Après on arrive sur Jack...que dire...que dire...
Unité infiltrée de chez Phénix...ok j'ai résumé le personnage, je dirais même unité d'élite, loup solitaire et aussi dangereux pour ses alliés que pour ses ennemis...en bref : JE L'ADORE ! (Mais dieu qu'il à prit cher quand même ^^)
Les scènes de combats toujours aussi bien faite, franchement j'adore et j'essais toujours de me voir dedans, même si parfois c'est pas assez clair, mais toujours compréhensible ne t'en fais pas ! ^^ (Je pense que les miennes ont besoin de plus de clarté aussi, donc je peux pas dire grand chose ^^')
Après le Wyatt qui fait froid dans le dos...brrr...mais bon, il a une bonne âme au fond de lui, faut juste pas l'ennuyer avec SA révolution XD
L'homme qui se dématérialise...hmm...va falloir que je te torture un peu pour savoir qui sait ~
Et puis la petite apparition de Stella...bienvenue au club ma belle ~
Ah ! Et j'allais oublier le plus important ! Liroka t'es le meilleur ! Ce Iop m'a fait exploser de rire au moins deux fois dans ce passage, juste MA-GNI-FIQUE !!!
Puis une longue chute de Clocktown, ville volante qui rejoindra la terre ferme d'ici peu de temps (Attérissage ? Crash ? Seule une personne peut le savoir ~)
En bref plein de mystère en attente d'être résolus, plein d'intrigue, plein de nouveaux personnage, plein d'action pour toujours plus de fun. Suite attendu avec une grande impatience.
[Et un Liroka d'or...just for fun ! ]
On va commencer par le début et finir par la fin
[Teaser; relecture]
La partie résumer de ce qui se passe dans chaque étage est parfaitement coordonné et lié à la suite, on voit que tout à été pensé avant même que le premier mot ne soit posé sur feuille, franchement bien jouer !
Ensuite la transition, toute en douceur, vers l'histoire en elle même, description du groupe de Get Free rapide et précise, franchement pas mal du tout (après je vois bien Séléna avec une arme technologique, mais nous verrons ça chez Phénix...si je l'écrit un jour ce passage...)
Après on arrive sur Jack...que dire...que dire...
Unité infiltrée de chez Phénix...ok j'ai résumé le personnage, je dirais même unité d'élite, loup solitaire et aussi dangereux pour ses alliés que pour ses ennemis...en bref : JE L'ADORE ! (Mais dieu qu'il à prit cher quand même ^^)
Les scènes de combats toujours aussi bien faite, franchement j'adore et j'essais toujours de me voir dedans, même si parfois c'est pas assez clair, mais toujours compréhensible ne t'en fais pas ! ^^ (Je pense que les miennes ont besoin de plus de clarté aussi, donc je peux pas dire grand chose ^^')
Après le Wyatt qui fait froid dans le dos...brrr...mais bon, il a une bonne âme au fond de lui, faut juste pas l'ennuyer avec SA révolution XD
L'homme qui se dématérialise...hmm...va falloir que je te torture un peu pour savoir qui sait ~
Et puis la petite apparition de Stella...bienvenue au club ma belle ~
Ah ! Et j'allais oublier le plus important ! Liroka t'es le meilleur ! Ce Iop m'a fait exploser de rire au moins deux fois dans ce passage, juste MA-GNI-FIQUE !!!
Puis une longue chute de Clocktown, ville volante qui rejoindra la terre ferme d'ici peu de temps (Attérissage ? Crash ? Seule une personne peut le savoir ~)
En bref plein de mystère en attente d'être résolus, plein d'intrigue, plein de nouveaux personnage, plein d'action pour toujours plus de fun. Suite attendu avec une grande impatience.
[Et un Liroka d'or...just for fun ! ]
Opheliana- L’Idéaliste
- Messages : 94
Date d'inscription : 05/09/2014
Re: NoD Remaster
Ihephe a écrit:Excellent ! C'est beau , c'est ... je sais même pas comment expliquer a quel point je me suis régaler avec ce chapitre ! Continu de les faire aussi long et aussi bon, c'est le pied !
Sinon depuis le temps, il est où Ihephe ? parce que là de mémoire je saura pas dire où il est x')
Et pour Ryfus plus fort que Senabo, je dirais égalité, Senabo est quand même un anciens membre des force d'élites de Brâkmar
Il a pris une tourelle du Liberty pour tirer à vue avec Lenz, banana!
Albynn- Le Respectable
- Messages : 1259
Date d'inscription : 19/10/2014
Age : 32
Localisation : Devant mon ordi! T'as cru quoi?
Re: NoD Remaster
Wow. Juste wow. Magnifique. Liroka est juste trop marrant. Jack est badass. Wyatt est... <3 Les combat sont super bien écrits! Histoire magnifique, Chapitre magnifique. *applaudit* Désolé pour mes com court, moi et les commentaire... Je suis pas très doué ^^ Hâte de lire la suite! Et d'ailleurs, Alicia dans tout ça? Elle est morte? Karen elle participe pas normal, et Lashet "Combat" Toujours? Voilà voilà! (Ah et même question pour laxut )
Lashet- L’Activiste
- Messages : 165
Date d'inscription : 11/12/2014
Re: NoD Remaster
Ah oui c'est vrai ,en plus ça c'est passé dans le chap précedent , mais quel iop je fait moi xD
Ihephe- Les Fondateurs
- Messages : 360
Date d'inscription : 13/10/2013
Age : 30
Localisation : Problament ici dans la taverne, sinon dans une aventure
Re: NoD Remaster
Bien, à mon tour maintenant de commenter.
Déjà: bravo. Un magnifique texte, toujours aussi agréable à lire.
Parlons des différents personnages et des révélations, parce qu'Ô MON DIEU y'a beaucoup...BEAUCOUP...de révélations:
Wyatt: Comme tu avais marqué sur Skype, le quatrième révolutionnaire type. On ressent bien la haine suite à la mort d'Eddy, et c'est ainsi qui a déterminé sa manière de fonctionner. C'est un des personnages phare de la nouvelle, et il me tarde de voir quelle va être son évolution après ce chapitre.
Albynn: Ah! Enfin nous avons son rébellion! Une révolution même envers ses principes et ses valeurs! Et heureusement, si c'est pour sauver quelqu'un...
Lui imposer un choix cornélien est fort sympathique, et on découvre un peu mieux son psyché. Excellent passage, le chapitre mérite bien son titre. ^^
Shiki: Je cite Shiki juste parce que le fait de prendre son arc pour une batte de baseball, ça m'a fait rire. #BabeRuth
Liroka: Au même titre que le barbare qui dit "Merde", et qui parvient donc à résoudre l'énigme, ce passage avec notre fameux Iop est juste excellent. Comme quoi, n'importe qui et capable de n'importe quoi. xD
Les révélations sont au rendez-vous...
Premièrement....j'aurais jamais cru qu'Eddy soit mort...Clocktown est décidément encore plus effroyable...
Ce personnage mystère qui est lié au principe de révolution...et qui est apparu devant Wyatt, à la suite de la mort de Joms....ouh là, je sais pas qui c'est, mais il me tarde de le découvrir! Très intéressant!
"-Je refuse Stella, tu m’entends ?! Je ne partirais que quand les hommes de Get Free seront morts !"
....
.....
......
...........QUOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOI?!!!!!!
Là...LA JE VEUX DES EXPLICATIONS!
Mon dieu, ça a eu l'effet d'une énorme baffe dans la gueule...j'étais devant mon PC, les yeux écarquillées en pensant: "La saloooooooooooooooooope...."
Bref, du bon. Du très très bon, chef. Tu m'en ressers un verre?
Déjà: bravo. Un magnifique texte, toujours aussi agréable à lire.
Parlons des différents personnages et des révélations, parce qu'Ô MON DIEU y'a beaucoup...BEAUCOUP...de révélations:
Wyatt: Comme tu avais marqué sur Skype, le quatrième révolutionnaire type. On ressent bien la haine suite à la mort d'Eddy, et c'est ainsi qui a déterminé sa manière de fonctionner. C'est un des personnages phare de la nouvelle, et il me tarde de voir quelle va être son évolution après ce chapitre.
Albynn: Ah! Enfin nous avons son rébellion! Une révolution même envers ses principes et ses valeurs! Et heureusement, si c'est pour sauver quelqu'un...
Lui imposer un choix cornélien est fort sympathique, et on découvre un peu mieux son psyché. Excellent passage, le chapitre mérite bien son titre. ^^
Shiki: Je cite Shiki juste parce que le fait de prendre son arc pour une batte de baseball, ça m'a fait rire. #BabeRuth
Liroka: Au même titre que le barbare qui dit "Merde", et qui parvient donc à résoudre l'énigme, ce passage avec notre fameux Iop est juste excellent. Comme quoi, n'importe qui et capable de n'importe quoi. xD
Les révélations sont au rendez-vous...
Premièrement....j'aurais jamais cru qu'Eddy soit mort...Clocktown est décidément encore plus effroyable...
Ce personnage mystère qui est lié au principe de révolution...et qui est apparu devant Wyatt, à la suite de la mort de Joms....ouh là, je sais pas qui c'est, mais il me tarde de le découvrir! Très intéressant!
"-Je refuse Stella, tu m’entends ?! Je ne partirais que quand les hommes de Get Free seront morts !"
....
.....
......
...........QUOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOI?!!!!!!
Là...LA JE VEUX DES EXPLICATIONS!
Mon dieu, ça a eu l'effet d'une énorme baffe dans la gueule...j'étais devant mon PC, les yeux écarquillées en pensant: "La saloooooooooooooooooope...."
Bref, du bon. Du très très bon, chef. Tu m'en ressers un verre?
Bluefox82- L’Utopiste
- Messages : 296
Date d'inscription : 04/09/2014
Age : 28
Localisation : Dans mon humble demeure, ou dans une auberge quelconque, tant que je peux boire et écouter les bardes.
Re: NoD Remaster
La qualité est toujours au rendez vous que dire de plus! Ne connaissant pas ton univers étendu, le Cliffhanger ne me fait pas trop d'effet, mais même sans ça reste très sympa à lire! Même si j'ai pas eu droit à mon Guest dropping.
Continu tu envois du pâté.
Ps: Liroka = Perceval?
Continu tu envois du pâté.
Ps: Liroka = Perceval?
Mama Koi- L’Activiste
- Messages : 112
Date d'inscription : 07/09/2014
Age : 30
Localisation : Je sais pas ... ya de la lumière là bas...
Re: NoD Remaster
Et voilà ENFIN l'épisode 16 ! Encore plus long que les précédents...on atteint là un vrais record. Je ne pense pas refaire de texte aussi long de si tôt...car c'est assez épuisant. Autre particularité...il se fixe essentiellement sur des nouveaux persos (j'espère les avoir détaillés assez bien, croyez moi c'était dur). L'exercice était sympa...mais je ne pense pas le refaire de si tôt. Je préfère me focaliser sur des persos que je connais bien !
Dans tous les cas on se retrouve dans le prochain épisode pour le retour de nos persos plus connus !
Le point :
Albynn : Merci ! : Content que le Boune t'es plut, il a prit sa vie (et le gun wesh) à deux mains ! Stella est une grosse vilaine moui ~
Shiki : Merci ! : Super content, et bien content des retours. La surprise Stella semble avoir plut donc je suis heureux !
Ihephe : Merci ! : Beh Ihephe il est dans le Liberty ! Mais t'en fais pas...on va bientôt bien pârler de lui
Ophe : Merci ! : Owwwww encore un com' comme je les aime ! Même sous la torture je ne parlerais pas, mystèèèèèèèèèèèèère !
Lashet : Merci ! : Alicia j'ai aucune idée de ce qu'elle fait, Lashet et Laxut sont encore en combat oui ^^
Hark' : Merci ! : Encore un com' de ouf, vous me gatez merde ! Stella a fait vraiment des émules, mais sinon bien côté que le Liro t'ai fait marrer !
Mama : Merci ! : Heureux de voir que tu suis toujours, et du Guest t'en as eut avec Mama/Protocole/Et Ching ! :p
Sur ce...la suiiiiiiiiiiiiiiiiite !
« On doit les aider ! On ne peut pas rester cloitrés dans le Havre Monde en attendant que la guerre se finisse !
-Du calme Zack…tu as entendu les instructions de maman…on ne sort pas tant qu’ils ne sont pas revenus…
-Et puis quoi encore ! J’sais me battre, je pourrais être utile dans cette guerre !
-Mais oui…tu ne sais rien cracher et tu te la ramènes plus que nous.
-Rooh ça va Ciel ! J’suis peut être humain mais j’ai pas mal de coups en stock !
-Vous me fatiguez pendant que je mange…c’est pas cool les gars… »
Dans le hall de guilde de Get Free, le calme régnait. Les conflits semblaient loin, enfermés derrière les épaisses portes qui gardaient l’entrée de ce lieu. Peu de membres étaient restés, et pour l’heure la plus grande majorité des occupants se trouvait être…des adolescents.
Regroupés dans le grand réfectoire, ils se livraient depuis plusieurs heures déjà à une discussion des plus animée. La question était de savoir si ils devaient intervenir, ou non, dans la guerre qui faisait rage à la croisée des armes. Leur parents leur avaient bien évidement interdis de sortir, au grand dam de ces apprentis héros.
« Maman nous a dit de rester ici, et pour une fois je suis d’avis qu’on l’écoute…j’ai pas masse envie de me diriger dans un nid à emmerdes… »
La fille qui venait de parler, c’était Saya Dogaïl. Du haut de ses quinze ans elle était déjà plutôt grande pour son âge. Ses cheveux, d’un rose semblable à ceux de sa mère, étaient amassés en une sorte de grosse sphère capillaire. Elle cachait ses cornes, trouvant que c’était bien le seul défaut à être disciple d’Osamodas, derrière cette coiffure extravagante. Elle avait de grands yeux marrons, un nez assez fin et quelques grains de beauté sur le visage. Ses traits laissaient entrevoir une certaine beauté future, si elle acceptait toutefois d’abandonner ce style « garçon manqué » qu’elle affectionnait tant. Elle portait ainsi un grand chapeau de Saharach, un long manteau de cuir par-dessus un débardeur noir, un pantalon en cuir marron foncé et de grosses bottes à fourrure. Elle aimait élever toutes sortes de créatures, ne faisait rien pour mettre en avant sa beauté et jurait comme un Roublard. En pleine crise d’adolescence, elle n’avait de cesse de causer des problèmes à son ex-père, Lenz, et à sa mère…Rose. Elle se montrait bien plus terrible encore envers Shiki, qu’elle faisait tourner en bourrique à longueur de journée…
« Faîtes ce que vous voulez, moi j’ai aucune intention de rester là ! »
Ces paroles emplies de défi émanaient d’un jeune homme assis en tailleur sur une table. Zack Dogaïl, avec sa vingtaine atteinte depuis quelques mois déjà, tentait de convaincre ses amis de participer à la bataille. Légèrement plus petit que sa sœur, il disposait néanmoins déjà d’une fine musculature travaillée. Il s’entrainait aussi souvent qu’il le pouvait, cherchant à devenir aussi fort que sa mère. Ses yeux, d’un vert éclatant, étaient entourés de fines lunettes. Il avait quelques soucis de visions, mais c’était surtout pour une question de style qu’il les portait. Ses cheveux verts, d’un naturel désordonné, étaient en majeure partie dissimulés sous un bonnet noir, quelques mèches s’en échappant néanmoins. Il portait une chemise blanche débraillée surmontée d’un long manteau noir. Un pantalon vert venant compléter l’ensemble, des chaussures noires protégeant ses pieds. Il était d’un naturel assez arrogant, et tentait de se contrôler dans la mesure du possible avec ses amis. Ça ne l’empêchait en rien de clamer régulièrement qu’il deviendrait un jour un héros, faisant sourire les gens qui rapprochaient son attitude de celle qu’avait pu avoir Lenz dans sa jeunesse.
«Moi je demande juste du calme…que je puisse manger tranquille… »
Un ton las, une voix fatiguée…Vaas Van Sherzä venait de parler. Fils adoptif de Rose et Shiki, il était à coup sûr l’élément le plus calme du groupe. Ce jeune homme, disciple de Sram comme sa mère, allait sur ses vingt ans lui aussi. Son visage, constamment caché par la capuche de son long manteau gris, rendait sa description difficile pour toute personne ne le connaissant que peu. On pouvait discerner des yeux violets, dont les cernes semblaient toujours apparentes, ainsi que quelques mèches de ses longs cheveux noirs. Il portait un tee-shirt de la même couleur sous son long manteau, un pantalon noir venant finir cette tenue bien sombre. Des sandales blanches couvraient ses pieds, celles-ci semblant bien usées. Il était adossé à un mur et s’adonnait à son passe-temps favoris…le grignotage. Il passait ainsi le plus clair de son temps à manger toutes les sucreries lui tombant sous la main, sa morphologie n’en étant aucunement affectée. Il était plutôt maigre, et semblait bien peu musclé. D’un naturel discret, il surprenait toujours tout le monde sans le vouloir. Il était également des plus fainéants, ce qui ne manquait pas d’amuser, autant que de désespérer, ses mères et ses amis.
« Sérieusement, je pense qu’écouter Zack c’est une nouvelle fois se tirer une balle dans le pied ! Humpf ! »
La voix légèrement plus hautaine provenait d’une belle dragonne aux écailles dorées. La créature fantastique était allongée sur une table, levant ses beaux yeux jaunes au ciel à chaque remarque de son frère. Fille de Lenz et d’Ophe, cette dragonne répondant au doux nom de Ciel Rindaw n’avait pas sa langue dans sa poche. Comme ses sœurs du sang royal coulait dans ses veines, et elle l’affichait constamment. Ses treize ans ne l’empêchant en rien de s’exprimer librement en toute circonstance, la croissance étant plus accélérée chez les dragons. Elle ne ressentait ainsi aucun sentiment d’infériorité vis-à-vis des autres, bien au contraire. Elle savait néanmoins se montrer douce et agréables avec sa famille et ses proches, mais demandait bien souvent à être traitée comme une véritable princesse. Elle comptait bien reprendre le trône draconnique quand sa mère se retirerait, et elle se préparait chaque jour à cette idée.
« Du calme Ciel, il n’a pas forcément tort. Je ne veux pas retrouver papa et maman blessés, et je sais que nous avons les moyens de les aider. »
La dragonne qui venait de s’exprimer était la sœur de Ciel. Elle était légèrement plus grande qu’elle, et arborait de magnifiques écailles aux couleurs des plus beaux saphirs. Ses yeux d’un bleu très clair scrutaient la salle en permanence, du haut de la table qu’elle s’était choisie. Lenz et Ophe l’avaient baptisée Yunie Rindaw, et étaient plus que fiers d’elle. La dragonne ne leur avait en effet jamais posé le moindre problème, elle était le calme incarné. Elle veillait au mieux sur ses proches et faisait toujours tout son possible pour les apaiser et résoudre les conflits. Elle était très appréciée par la guilde, et ne manquait jamais de se faire féliciter. Studieuse, elle n’aspirait qu’à découvrir le monde et rencontrer ses habitants…même si sa mère lui avait déconseillée de se présenter sous cette forme. Son rêve était de voir un jour les dragons se promener librement dans le monde, sans contraintes ni préjugés. Elle faisait d’ores et déjà tout son possible pour que cette réalité puisse exister.
« Mais…mais c’est pas trop dangereux pour…pour nous… ? »
La petite voix hésitante, c’était celle d’Aeris Rindaw. Troisième et dernière fille de Lenz et d’Ophe, elle était également la plus petite…et la plus timide. Ses écailles étaient d’un rose assez pâle, et ses yeux d’un rose plus vif. Elle était cachée sous l’une des tables, regardant ses amis en tremblant légèrement. Aeris était une très grande demandeuse en affection, et se blottissait contre ceux qu’elle aimait dès qu’elle le pouvait. Elle adorait ses sœurs, qui se montraient toujours gentilles avec elle, et ses parents qui la couvraient d’amour en permanence. Elle était d’un naturel joyeux, mais avait assez peu confiance en elle. Son but à elle était de s’amuser le plus possible, de vivre une vie des plus heureuses. Toute la guilde se montrait toujours gentille avec elle, si bien qu’elle avait fait du havre monde son petit paradis. Elle était proche de Rose et de son dragon Bubble, qu’elle trouvait toujours emplis de compassion à son égard. Elle se démenait toujours pour rendre ses parents fiers d’elle, et sautait de joie au moindre compliment.
« Bah…on sait quand même se battre Aeris, je me fais pas trop de soucis de ce côté-là. C’est plus gêner les gardes qui m’embêterait »
L’Ecaflip qui venait de parler, au pelage d’un pelage roux plus foncé que celui de son père, était assise à califourchon sur une chaise. Sahana Nora avait en apparence la quinzaine, mais son âge était au cœur d’une manipulation temporelle des plus complexes. Enfant, elle avait été forcée à grandir par les manipulations temporelles d’un Xélor. Elle s’en accommodait néanmoins, jugeant que cela n’avait pas à influencer sa façon de mener sa vie. Elle possédait des yeux d’un bleu semblable à celui d’Harkane, et des cheveux blancs mi longs descendant jusqu’à sa nuque. Elle était vêtue d’un débardeur vert, surmonté d’un long manteau noir offert par Lenz bien des années auparavant. Elle portait également un pantalon noir, resserré par une ceinture maintenant une dague attachée sur le côté droit. Ses pieds étaient chaussés de deux longues bottes de cuir. Elle était d’un naturel assez calme, mais pouvait céder bien vite à l’énervement quand la situation ne lui plaisait guère. Elle préférait la réflexion à l’action, ce qui la plaçait en conflits fréquents avec Zack.
« On nous a ordonnés de rester ici, alors on suit cet ordre ! Un point c’est tout ! »
Une voix autoritaire, un ton sec et sans appel…Dimensa Laygarde venait de s’exprimer. Ses dix-sept ans ne faisaient pas d’elle la plus vieille du groupe, mais elle s’en fichait…elle se clamait régulièrement en être la cheftaine. Elle avait de longs cheveux roux, noués en queue de cheval, et des yeux d’un noir profond venant contraster avec sa peau blanche. Elle portait un débardeur blanc sous une petite veste sans manches rouge. Un petit short rouge et des sandales noires venaient compléter l’ensemble. Elle arborait de nombreux bijoux de toutes sortes, semblant en raffoler. Elle se montrait protectrice envers les siens, et sans pitié envers ses ennemis. Quand on la voyait, il était souvent difficile de faire le lien avec son père…Albynn. Elle était l’assurance, l’autorité et l’action quand lui était l’éternel incertain, le suiveur et la réflexion. Ça ne l’empêchait en rien d’aimer son père, sans vraiment savoir comment le lui montrer.
« Il nous faudrait un plan…avant de bêtement foncer dans la ville en priant les dieux pour que ça fonctionne… »
Si l’on devait décerner une médaille au plus réfléchit du groupe…elle reviendrait à coup sûr à Iale Sanplum. Unique fils biologique d’Albynn, cet Eniripsa pas bien grand passait sa vie le nez dans un livre. Quand on l’appelait on voyait généralement une main dépasser d’un épais ouvrage pour faire un signe, ainsi qu’un marmonnement incompréhensible. A seize ans bientôt, il ressemblait énormément à son père. Cheveux blancs partant en mèches à l’avant pour se révéler être court à l’arrière, yeux d’un rouge carmin…on aurait pu croire voir le soigneur d’Astrub quand il était plus jeune. Iale n’avait rien d’un sportif, et ne se destinait en rien au combat. Il brillerait par ses connaissances, et était persuadé que c’était bel et bien là-dessus que se livreraient les batailles futures. Il appréciait ses sœurs et amis pour la joie de vivre et l’énergie qu’il dégageait, mais ne l’exprimait que rarement. Un froncement de sourcil ou un léger sourire, un panel d’expression fortement réduit mais qui ne venait en rien diminuer toute l’affection qu’il pouvait porter à son entourage.
« Moi je dis on y va…et…on les mékasse ! »
Un éclat de rire retentis dans la salle, provenant d’une petite Eniripsa albinos. Rubis Sanplum, dernière fille d’Albynn, était visiblement fière de sa blague. Elle souriait à pleine dent, ses grands yeux rouges fermés. Ses cheveux blancs ondulés venaient encadrer son visage et cascadaient librement sur ses épaules et dans son dos. Elle avait le même âge que son frère jumeau, mais se montrait bien plus énergétique que lui. Elle portait une longue robe à froufrous roses et des petites sandales d’une couleur similaire. Postée juste à côté de Vaas, elle piochait dans son sachet de sucrerie de façon régulière. Le Sram la laissait faire, n’ayant pas la moindre envie de la voir lui répéter en boucle « Tu me trouves joliiiiiiiiie ? » pour le faire céder. Cette jeune fille était pleine de malice mais aussi, et surtout, de joie de vivre. Elle courait partout, riait et dansait aussi souvent qu’elle le pouvait, illuminant d’un sourire le visage de tout ceux qu’elle croisait.
Le groupe de jeunes se regarda longuement, cherchant visiblement des arguments pour faire pencher le débat d’un côté ou de l’autre. Zack soupira longuement et se releva, clamant :
« Bon ! Puisque vous ne semblez pas tous décidés…moi j’y vais ! J’en ai ma claque d’attendre, je vais finir par devenir vraiment fou là ! »
Il sauta au sol et se dirigea vers la sortie du réfectoire, attrapant le bras de Vaas au passage :
« Allez copain, tu viens avec moi ça te fera de l’exercice…pouffa Zack.
-Tu fais chier mec…maugréa la Sram en se laissant entrainer.
-Hey ! Hey Vaas attends c’est toi qui a les bonbons, s’écria Rubis en les suivant.
-Rubis, restes-là ! Mais reviens c’est un ordre, cria Dimensa en se lançant à la poursuite de sa sœur…embarquant son frère au passage. Toi je ne te lâche pas d’un œil, pas envie que tu te fourres dans de nouveaux ennuis !
-J’imagine que pour le plan…on oublie…soupira l’Eniripsa en se laissant trainer par sa sœur.
-Ne comptez pas filer sans moi ! Se serait indigne de ma condition, non mais ! Hurla Ciel en les poursuivants.
-Si je laisse cet abruti seul il va se faire tuer…j’aurais préféré un chienchien…ça demande plus d’affection mais ça pose moins de problèmes, maugréa Saya en se lançant à la poursuite de son frère.
-Bon beh…pas le choix faut croire. Pas de négociations aujourd’hui, soupira Sahana en se joignant à eux.
-Je ne vais pas les laisser seul…ils risquent de s’entretuer avant de neutraliser le moindre ennemi, s’exclama une Yunie visiblement amusée par la situation.
-Mais…mais…me laissez pas seeeeeeeeule ! S’écria Aeris en fonçant rejoindre ses amis. »
Le réfectoire était désormais vide, et le conflit allait une nouvelle fois changer...la jeunesse s’en mêlait.
A l’extérieur, non loin des imposantes portes du Havre Monde des hommes à la plume, une bataille faisait rage. Un groupe de Méka, probablement séparé du reste de leur bataillon, avait pris pour cible une famille d’Amaknéen. Le mari et sa femme étaient recroquevillés, maintenant leurs deux enfants contre eux. La peur les tiraillait, mais leurs yeux restaient rivés sur ce qui semblait être leur dernier espoir.
Un homme assez grand, portant l’armure officielle de la garde Amaknéenne, luttait contre les créatures de métal. Le casque de fer décoré par de la paille cachait le haut de son visage, ne laissant apparaitre d’une bouche et un menton dénués de barbe. Son équipement était en sale état, percé de toute part par des tirs et des coups de lame. Une large balafre lui entaillait le torse, laissant s’échapper un flot de sang. Il ne faiblissait néanmoins pas, se tenant toujours en posture défensive…la pointe de sa lance dirigée vers ses opposants.
A ses côtés, dans un état similaire, se tenait une jeune femme portant un équipement identique. Elle tenait entre ses mains une lourde arbalète qui semblait cibler les mékas. Les deux semblaient exténués par leur combat, ils ne tiendraient probablement plus très longtemps. En face d’eux, les cinq derniers monstres métalliques semblaient prêts à donner l’ultime assaut. D’un mouvement parfaitement synchronisé, ils se ruèrent vers leurs cibles…lames en avant.
Les deux gardes serrèrent plus fermement leurs armes, ils donneraient tout ce qu’ils avaient pour protéger les innocents. Alors que la femme s’apprêtait à tirer sur le méka le plus avancé, une boule de feu particulièrement claire vint frapper ce dernier. Le monstre crépita, ses circuits internes semblant fondre sous la chaleur, et s’affaissa lentement. Le garde se retourna, surpris, et aperçu une belle dragonne dorée le regardant. Sa gueule était toujours ouverte, un filet de fumée s’en échappant. Il aperçut également un groupe de jeunes se ruant sur eux pour visiblement leur prêter main forte.
Zack fut le premier à atteindre les mékas, il tenait entre ses mains un vieux sabre que les coups avaient rendus plus fragile. Il parât d’un geste plein d’assurance la lame de la créature, pivota sur son pied droit et repoussa le mékas d’un coup de paume. Finissant son tour, il se décala vivement pour atteindre le dos de son ennemi…qu’il embrocha d’un coup d’estoc précis. Un autre méka le prit pour cible, chargeant son bras mitrailleur dans un déclic. Une flèche enflammée le transperça, faisant exploser son bloc moteur. Le Féca se couvrit les yeux, remerciant mentalement la précision de Dimensa. Trois ennemis étaient tombés, deux restaient. Un méka s’éteignit silencieusement, sous les yeux ébahis des gardes, tandis qu’une silhouette apparaissait lentement à ses côté. Vaas gardait la tête baissée, mettant fin à son invisibilité provisoire, sa main droite enfonçant une dague dans les jointures reliant la tête du méka au reste de son corps. Il retira la dague, la rengaina, et vint reprendre son paquet de sucrerie.
Le garde serra sa lance plus fermement, oh non il était hors de question qu’il laisse des enfants se mettre en danger sans agir. Il hurla et se rua vers le derniers mékas, faisant tourner sa longue lance entre ses mains. Son tourbillon écarta la lame de son adversaire tandis qu’il saisissait son arme de manière offensive. Il planta, avec une rapidité et une précision remarquable, la pointe de son arme dans la tête de son adversaire, le désactivant pour de bon. Il soupira, satisfait, et vint poser un genou à terre…exténué. Sahana se précipita vers lui et vint lui porter assistance :
« Tout…tout va bien monsieur ?
-Ca va…soupira le garde en souriant, je vous remercie. Occupez-vous plutôt de la famille…on va s’en sortir vous en faîtes pas. »
Rubis et Iale étaient déjà auprès des civils, les rassurants au mieux. Zack rejoignit le garde, en même temps que la collègue de ce dernier.
« Vous devriez faire soigner vos blessure monsieur…si vous voulez notre Havre Monde est juste à côté, on a une Eniripsa pouvant vous soigner là-bas !
-Amenez-y la famille alors…nous on va repartir au combat…
-Il en est hors de question, clama une Dimensa qui venait d’arriver. Vous allez rejoindre notre QG sans faire d’histoire et vous faire soigner. C’est un ordre.
-Une jeune fille donnant un ordre à un garde, pouffa l’homme amusé, ce n’est pas banal…
-Elle dit ça pour votre bien ! Nous voyons bien que vous voulez faire votre possible pour aider la nation…mais par pitié reposez-vous avant !
-Bien…soupira le garde, je vais vous écouter. Mais au moment où je me sentirais mieux, je repars au front ! »
Dimensa esquissa un petit sourire, tandis que la garde aidait son ami à se relever :
« Je peux connaitre vos noms au moins, demanda la crâ.
-Adam…Adam Stone, murmura la garde en serrant les dents face aux efforts à faire pour se relever. Et cette jeune femme avec moi se nomme Shala…Shala Shaska…
-Stone ?! S’écria Zack, visiblement surpris. Vous…vous êtes un parent du fameux…Mylone Stone ?
-Nous sommes ses enfants…adoptifs…soupira le garde. Nous faisons de notre mieux pour aider comme il l’aurait fait.
-Raison de plus pour rejoindre notre Havre, cria le Féca. Mylone a été très important pour Get Free ! Nous lui devons beaucoup !
-Et bien…c’est un honneur dans ce cas…je compte sur vous pour protéger les civils comme nous l’avons fait. Vous m’avez l’air de graines de champion. »
Le garde sourit de nouveau, et se dirigea avec sa sœur vers la famille. Le mari vint l’aider à marcher, et le petit groupe partit en direction du Havre Monde. Les jeunes se regardèrent un instant, conscient qu’ils allaient devoir se montrer à la hauteur de la confiance que leur avait accordé un homme si important. Acquiesçant tous ensembles, ils se dirigèrent vers la Croisée des Armes.
Dans la ville, la guerre faisait toujours rage. Mékas et humains s’étant lancés dans une rixe ne semblant pas prête à se terminer. Le regain d’énergie par les gardes lors du discours de Lenz semblait s’en être allé, ne laissant que des êtres fatigués et semblant lâcher prise. Si la bataille se prolongeait, la défaite serait prononcée…si la tour de métal ne s’effondrait qu’après le mental des hommes et femmes de ces lieux, Amakna sombrerait.
Le conflit avait pris une ampleur considérable depuis qu’une multitude de personnes étrangères aux tenants et aboutissants de la situation avaient pris part au combat. Pirates, révolutionnaires…peintres et créatures divines...cette guerre était devenu totale. On aurait pu croire que le monde entier retenait son souffle en attendant son dénouement.
Parmi toutes ces personnes se battant désormais pour l’avenir d’une nation…et celui d’un monde entier…il en était une qui aurait pu se retrouver à la place de Lenz lors de l’arrivée de Get Free. Si les évènements passés avaient été différent, il aurait été sans nul doute la figure dominante de ce conflit. La plume n’aurait pas été acclamée, et la lame et le kama auraient été sans nul doute été sur chaque pavillon hissé à travers la ville. Si le résultat d’une précédente bataille avait été différent…Warchant serait encore…et un génie serait à la tête des forces de libérations de la ville….
Mais visiblement, Piotr Sonclir se fichait éperdument de tous ces facteurs. Assis sur un monticule de carcasse mékanique, son épée plantée à ses côtés et un cigare fiché entre ses lèvres, il contemplait la guerre d’un œil bienfaisant. Il était dans son élément, le conflit était sa demeure. Il se battait depuis plusieurs heures déjà, et ne semblait pas ressentir quelconque fatigue. On le surnommait « Le Génie », un titre que possédait en moyenne une personne par génération. Il était attribué à une personne possédant des dons uniques, et ce de façon inné. Piotr était un commandant incroyable, un simple balayement du regard lui suffisait pour mémoriser toute les spécificités d’un champ de bataille. Il devinait aisément les stratégies de ses adversaires et menait ses hommes dans la plus grande justesse. Ajoutez à cela une maîtrise des armes quasi-inhumaine…et vous obtenez le soldat parfait.
Du haut de ses cinquante-neuf ans, il se sentait vieillir peu à peu. Il se doutait que cette bataille serait l’une de ses dernière, mais il se devait de continuer tant qu’il n’avait pas trouvé celui ou celle qui serait à même de le remplacer. Il était fatigué de tout ça, mais comptait bien assumer son titre de Génie jusqu’au bout. Ses longs cheveux blonds pâle étaient secoués par les courants d’air qui s’engouffraient dans sa ruelle. Son œil gauche, l’unique encore en état…le droit ayant été rendu aveugle par un coup d’épée, fixait une femme se battant contre un méka. Il portait un long manteau bleu et or, ancien habit officiel de l’amirauté de Sufokia, et un pantalon blanc. Il était pied nu, mais portait des gants de velours blanc. Ses doigts massant sa barbe hirsute tandis qu’il semblait plongé dans ses pensées.
La femme acheva finalement le méka, se tourna vers Piotr, et hurla :
« T’aurais quand même pu m’aider, génie de mes deux ! Mais comment j’ai pu accepter d’être ton associée pendant toutes ces années !
-Du calme Krista…tu te débrouillais très bien sans moi, soupira le génie.
-Ouais...bah à l’avenir ait la gentillesse de me filer un coup de main, grommela la femme, sinon j’te garantis que tu regretteras le temps ou t’étais QUE borgne ! »
Le pelage blanc de la femme indiquait qu’elle était disciple d’Ecaflip. Elle avait un œil bleu clair, l’autre étant caché par un bandeau joliment décoré. Ses cheveux, d’un violet relativement foncé, étaient coiffés en une longue queue de cheval. Elle portait un long manteau de cuir bleu azur, et un pantalon d’un blanc immaculé. De petites sandales bleues foncées venaient protéger ses pieds, et des gants de cuir blanc couvraient ses mains. Elle dissimulait un nombre relativement ahurissant de lames dans ses vêtements, s’en servant depuis plusieurs heures déjà contre les créatures de fer.
Elle était marchande d’armes, depuis bien des années maintenant. Elle avait tentée plusieurs fois de changer de fonds de commerce…sans réel succès. Les ustensiles de guerre étaient ce qu’elle vendait de mieux, et c’était ces marchandages d’armes qui lui avaient permis de rencontrer Piotr bien des années auparavant.
Le génie sauta de son monticule, puis vint se placer aux côtés de l’Ecaflip :
« Bien…je resterais donc à tes côtés, railla-t-il amusé, il faut bien que je m’occupe de mes soldats…
-Je suis en rien ton soldat ! Warchant n’est plus et je suis indépendante désormais !
-Meuh oui…pouffa l’homme en s’éloignant peu à peu »
L’Ecaflip resta seule quelques instants, hérissant sa queue et feulant :
« Mais quel vieux chieur ! »
Zack gravit rapidement les marches menant au pont marchand, ses amis le suivant de prêt. Ils y étaient, la croisée des armes s’ouvrait enfin devant eux. Admirant l’artère principale, ils purent rapidement remarquer qu’elle était encombrée par des groupes de combattants en prise avec les mékas. Le jeune Féca soupira et déclara :
« Vaut mieux pas se lancer dans le cœur de la bataille…on n’est pas taillés pour ça…
-Et tu proposes quoi gros malin, railla Ciel en fixant son demi-frère.
-Je propose d’employer les méthodes de maman…on va user des manœuvres de guérilla. »
Le silence général marqua la fin de sa phrase, il était assez rare que Zack échafaude des plans au cours de ses combats, il était plutôt tourné vers l’instinct pur. Le fait qu’il se décide à réfléchir plus posément à leur situation indiquait qu’il comprenait toute la complexité qu’elle pouvait avoir. Saya s’avança pour venir se placer aux côtés du Féca, murmurant :
« Dans les détails…on fait quoi du coup… ?
-On se sépare en petits groupes et on s’engouffre dans les ruelles. On attaque les mékas rapidement et on les sème ensuite. On tente de garder le contrôle dans ces zones et on laisse les gardes se charger des avenues principales. »
Les jeunes acquiescèrent en silence, le plan de Zack semblait être le meilleur qu’ils pouvaient avoir. Ils se répartirent rapidement et partirent chacun dans le dédale de ruelles, bien décidés à en prendre possession.
Zack arpentait l’une des ruelles Est de la ville. Il avait décidé de faire cavalier seul, jugeant que d’autres groupes méritaient plus de monde et qu’il était parfaitement à même de se débrouiller ainsi. Son épée fermement tenue en main, il inspectait les dédales de rues d’un œil concentré…y cherchant des mékas à combattre. Il en avait déjà démantelé deux sur le chemin, comprenant de mieux en mieux leurs mouvements. Il était plutôt confiant, tout se passerait bien selon lui.
Débouchant sur une nouvelle ruelle, son sourcil se haussa en apercevant un groupe de méka amassé non loin. Les créatures de métal le prenaient d’ores et déjà pour cible, et il allait devoir agir vite. Esquissant un sourire, il se rua en avant.
Non loin de lui, adossé au mur d’une bâtisse, Piotr observait le jeune Féca d’un regard intrigué. Krista arriva vers lui en courant :
« T’en as pas marre de me laisser en plan !?
-Du calme Krista…regardes plutôt ça… »
L’homme désigna d’un petit mouvement de tête le combat de Zack, ne décrochant pas son regard de ce spectacle. Le Féca avait été blessé à quelques reprises, et de minces filets de sang s’échappaient de ses diverses plaies. Il combattait néanmoins avec une rage hors du commun, voltigeant dans tous les sens en maintenant une pression constante sur ses opposants. L’Ecaflip haussa un sourcil et siffla :
« Et beh…il est pas mauvais ce gamin. Il a de bons réflexes !
-Ce ne sont pas des réflexes…
-Tu te paies ma tête, grommela une Krista toujours en rogne contre son associé, il parvient à esquiver les coups de ses ennemis à chaque fois !
-Pourtant il a été blessé, indiqua l’ancien amiral.
-Bah des erreurs ça arrive à tout le monde ! Il n’y a rien de surprenant !
-Je l’observe depuis le début de son combat, il a pris ces coups au tout début…et depuis plus rien…
-Et donc, soupira l’Ecaflip agacée.
-Il anticipe les coups de ses ennemis, il observe leurs mouvements et les associe à ce qu’il a vu auparavant. Il a compris leur fonctionnement…
-Quoi ?! Hurla une Krista abasourdie. Tu te rends compte de ce que tu dis ? Il aurait assimilé tous les mouvements de ces monstres en quelques passes d’armes ? C’est impossible !
-Pour un humain normal…c’est en effet inconcevable, murmura Piotr d’un con calme, un tel don ne peut appartenir…qu’à un génie… »
Krista accueilli cette parole avec un silence religieux. Retenant son souffle elle murmura :
« Tu veux dire que ce gamin est…
-Oui, il est celui que je cherche depuis toutes ces années. Il est le génie de cette nouvelle génération… »
Krista reporta à nouveau son regard sur le jeune homme qui poursuivait ses acrobaties au milieu des rangs ennemis. Il esquivait, tranchait, repoussait…le tout sans subir la moindre blessure. On aurait dit une machine dont le calibrage aurait été bien supérieur à ceux de ces simples êtres de métal. Son visage était souriant, il s’amusait. Avait-il seulement conscience de l’effarant don qu’il possédait ? Pour lui, ce ne devait être qu’un simple jeu.
Lorsqu’il abattit sa lame sur le dernier méka, lui faisant finalement mordre la poussière, il expira longuement. Krista se tourna de nouveau vers Piotr, essayant de deviner sa prochaine action. Le génie applaudit lentement, fixant le Féca avec un petit sourire aux lèvres :
« Et bien…tu m’impressionnes gamin !
-Et à qui ai-je l’honneur, clama Zack en haussant un sourcil.
-Allons…mon nom n’a aucune importance. Approche, j’ai un cadeau à te faire ! »
Zack afficha un air suspicieux, et avança prudemment vers l’ancien amiral. Piotr sourit dans un air de défi, serra bien la garde de son épée et se rua sur le Féca. Il laissa la pointe de sa lame racler le sol en forçant dessus, se rapprochant vivement de son nouveau rival. Arrivé devant lui, il éjecta sa lame vers le haut, se servant de l’énergie générée par la perte du contact avec le sol. Le coup fut d’une rapidité incroyable, si bien que Zack ne put que reculer maladroitement…une longue plaie s’ouvrant sur son torse. Il cracha :
« Mais vous êtes malade ?!
-Allez, essayes de reproduire ce coup ! Il est assez technique et m’a demandé un certain temps de maitrise…impressionne moi ! Hurla un Piotr jubilant. »
Zack se concentra un instant, prenant la pose qu’avait eu l’homme avant de se lancer. Il se rua vers son opposant, reproduisant à l’identique le placement de sa lame contre le sol. Il relâcha la pression au même moment que son prédécesseur, et le coup partit à une vitesse similaire. Piotr para l’attaque sans grande difficulté, le choc violent de leur lame venant briser celle amochée du Féca. Zack pesta, lançant son sabre au loin et prenant une nouvelle posture de combat, poings serrés. L’ancien amiral le jaugea un instant, puis éclata de rire :
« C’est bon champion ! Le test est fini !
-Le…test… ? »
Piotr leva sa lame, posant la pointe contre la gorge du Féca. D’un habile mouvement il fit tourner son arme dans sa main, venant la tenir par la pointe et présentant la garde au jeune homme. Il clama d’une voix solennelle :
« Mon arme est tienne…Féca…tu es désormais mon successeur. Tu seras méprisé autant qu’adulé…les gens te jalouseront sans te comprendre et c’est une véritable vie de combat qui s’ouvre à toi. Sois digne des dons qui t’ont été attribués…tu es le génie de cette génération. »
Sans rien dire, Zack vint saisir l’arme…jetant un regard empli d’incompréhension à son homologue. Piotr acquiesça en silence, plongea ses mains dans ses poches et se retourna…s’éloignant de la rue. Krista, le voyant faire, hurla :
« Tu t’enfuis ?! Je te croyais moins lâche !
-Il ne peut y avoir qu’un génie par bataille Krista, ricanna l’ancien amiral, et je place de grands espoirs en ce jeune homme. Moi je prends enfin ma retraite, parait que la pêche est bonne en cette période de l’année…
-T’es sérieux ?! Tu arrêtes tout combat ?!
-A la revoyure belle revendeuse d’arme, que les vents te soient favorables ! »
Il disparut au détour d’une ruelle sous le flot des injures qu’hurlait l’Ecaflip. Zack, ne comprenant pas vraiment ce qu’il venait de se passer, murmura :
« Mais…c’était qui cet homme… ?
-Lui ? Soupira une Krista amusée, c’était le plus grand des vieux cons. »
Elle se retourna vers le Féca, attrapa son menton et vint placer un baiser sur son front. Elle susurra amusée :
« Bonne chance petit génie…cette ville risque d’avoir besoin de toi… »
Elle se retourna à son tour et disparut sous le regard à la fois gêné et troublé du Féca. Il n’avait pas vraiment comprit tout ce qui c’était passé…mais en lui il devinait que cette rencontre serait sans nul doute l’une des plus importante de sa vie…
Plus loin, à quelques ruelles de là, Sahana et Aeris avançaient plus prudemment. La jeune Ecaflip avait décidée de faire équipe avec la timide dragonne, afin de la protéger. Dague en main, elle ouvrait la marche…la créature rose la collant juste derrière :
« N’ai pas peur Aeris…je veille sur toi, déclara amusée la jeune femme.
-Mais…mais on est en territoire ennemi !
-C’est pour ça qu’on avance avec prudence si on fait attention tout ira bien… »
Un cliquetis provenant des hauteurs se fit entendre, et Sahana regarda immédiatement en direction de sa provenance. Avant qu’elle ne puisse esquisser le moindre geste, quatre mékas atterrirent autour des deux jeunes femmes…les menaçant de leurs bras mitrailleurs. La jeune dragonne rose hoqueta de surprise, et souffla une large bulle. Elle savait qu’elle ne crachait pas un élément bien dangereux, bien qu’étant persuadée qu’un jour elle ferait mieux, et tentait de le maitriser au possible. Une fois sa grosse bulle formée, elle entra dedans et regarda ses opposants d’un œil apeuré. Sahana serra les dents, elles étaient prises en tenaille et la situation s’avérait plus que préoccupante. Combien pouvait-elle s’en faire avant qu’ils n’ouvrent le feu…un, deux peut-être.
Plongée dans ses réflexions, elle ne vit l’ombre bleue atterrir à ses côtés qu’au tout dernier moment. Elle détailla la nouvelle arrivante d’un œil surprit. C’était une jeune femme à la peau bleue claire et aux cheveux d’un bleu bien plus foncé. Elle fixait les mékas de ses yeux jaunes malicieux, un sourire amusé aux lèvres. Elle devait avoir dans la quinzaine, et portait une longue robe blanche couverte de motifs floraux peint à la main. Elle tenait un large pot de peinture orange dans la main droite, sa main gauche venant vivement en retirer le couvercle :
« Vous êtes…moches ! Ria-t-elle en bondissant agilement dans les airs. »
Sous les regards médusés des deux femmes de Get Free, et des tirs des mékas, elle effectua une jolie pirouette et vint se réceptionner sur une première unité métallique. Elle plongea sa main libre dans le pot, la recouvrant de peinture, avant de venir la poser sur le capteur visuel de son nouveau perchoir. Elle badigeonna bien la zone, puis sauta sur un deuxième méka. Elle réitéra encore trois fois l’opération, recouvrant chaque ennemi de peinture orange, avant de repartir vers les hauteurs :
« Azura Prismart vient de faire une jolie œuvre, jubila-t-elle, je pense que les gens la nommeront…orange mécanique ! »
Partant dans un rire amusé, elle disparut sur les toits des bâtisses environnantes…partant rejoindre sa maman peintre et sa maman joueuse.
Sahana reporta son attention sur les mékas, elle savait qu’elle n’aurait pas droit à une deuxième chance. Elle se rua vers un premier adversaire, qui tentait en vain de dégager la peinture de son capteur, et vint planter sa dague directement dans son système moteur. Le méka crépita, puis s’éteignit presque instantanément. Elle retira sa dague, bien décidée à profiter du temps offert par cette mystérieuse jeune fille, et vint trancher les fils conducteurs d’un deuxième opposant. Elle ne remarqua qu’au dernier moment le troisième ennemi, étant parvenu à retirer la peinture le recouvrant, qui la prenait déjà pour cible. Elle pesta, voyant bien qu’elle ne pourrait esquiver une salve de tir à une distance aussi courte.
Se préparant au choc, elle serra les dents…avant d’écarquiller les yeux. Aeris venait de se ruer sur l’ennemi qui la tenait en joug, semblant rassembler tout son courage en une attaque. Elle bondit sur sa cible, faisant éclater la bulle l’entourant et venant ainsi perturber son adversaire, et planta ses crocs dans sa tête. Le méka se désactiva, et Sahana ne perdit pas d’autre temps. Elle repoussa d’un coup de pied l’unité qu’elle venait de désactiver, et lança sa dague directement dans le capteur oculaire du dernier. La dague se planta avec précision, traversant le verre pour venir transpercer les cellules « cérébrales » de sa cible. Le méka s’éteignit à son tour, laissant les deux jeunes femmes seules et victorieuses. Aeris leva son museau en l’air, et s’exclama tout en crachant des petites bulles :
« Tu as vue Sahana ?! J’en ai eu un ! J’en ai eu un à moi toute seule ! Maman serait tellement fière de moi ! »
Sahana partit dans un petit rire, puis indiqua via son commutateur que sa ruelle était dégagée.
« Mais comment j’ai pu me retrouver en duo avec toi sérieux…
-…
-Certes niveau choix il n’y avait pas énormément de chance que le sort me soit favorable…mais là...je crois que j’ai tirée la pire des cartes !
-…
-Mais dis quelque chose au moins ! Au lieu de t’empiffrer de bonbons ! »
Ciel marchait aux côté de Vaas, les deux jeunes arpentaient une longue ruelle débouchant sur une place à son extrémité. La jeune dragonne dorée semblait fortement contrariée de se retrouver avec le Sram, et ne manquait pas de le faire savoir. Elle fouettait l’air de sa queue, tandis que son comparse piochait dans son éternel paquet de sucreries.
« Et comment tu fais pour ne jamais grossir avec tout ce que tu manges, grommela la dragonne.
-…
-Mais réponds ! Te supporter c’est déjà dur mais si en plus tu ne parles jamais c’est même plus la peine de rester ensembles !
-Des ennemis droit devant…une dizaine je dirais…ils affrontent quelqu’un d’autre…une femme je pense…étrangement constituée. »
La dragonne s’arrêta, dévisageant le Sram immobile :
« Et comment tu peux savoir ça… ?
-Les ombres me le disent…
-Ok…donc en plus de ça t’es complètement fou…génial…
-… »
Sans un mot, Vaas se rua en avant…se dirigeant vers la place sous les contestations de Ciel. Il parvint bien vite à destination, observant la situation en silence. Une jeune femme, la vingtaine passée, était aux prises avec un groupe de méka. Elle avait de longs cheveux bleus foncés, des yeux violets aux pupilles rétractées et un tatouage sur le côté gauche de son visage. Elle portait une petite armure de cuir bleu et blanc, et une jupe blanche. Ses bras et ses jambes étaient recouverts d’une épaisse fourrure, et des pattes griffues remplaçaient ses mains et ses pieds. Elle usait d’agilité et de force pour se dégager de ses opposants mais semblait bien fatiguée. Les deux jeunes de Get Free l’avaient aperçus auparavant, elle se trouvait être la fille adoptive d’Illiana et de Séléna. Répondant au doux nom de Noctéa, la jeune femme était de l’espèce des Lycans…mi femme, mi bête. Ciel gronda à l’intention des unités métalliques, et se propulsa dans les airs. Elle survola rapidement la zone, et partit dans un long piqué vers ses cibles. Elle les rasa de prêt, crachant un torrent de flammes claires à leur attention. Ses ennemis se dispersèrent, laissant à la jeune Lycan le temps de plonger ses griffes dans le torse de deux d’entre eux. Elle battit ensuite en retraite vers Vass, tandis que Ciel hurlait à l’intention de celui-ci :
« Mais bouges toi un peu à la fin ! »
Le Sram soupira et tendit son paquet à Noctéa. Une fois certain que son bien était en sécurité, il s’avança d’un pas tranquille vers ses adversaires. Il arracha les manches de son manteau, déjà certain que Rose le lui reprocherait, et dévoila les étranges dispositifs attachés à ses avant-bras. Deux longs bracelets de cuir, auxquels étaient attachées deux petites arbalètes qui se déplièrent lentement, étaient en effet sanglés à ces endroits précis. Un ingénieux mécanisme permettait de faire tourner deux petits cercles de fer contenant les carreaux, favorisant ainsi une recharge rapide de ses armes. Le Sram empoigna les dagues attachées à sa ceinture, et patienta. Il clama d’une voix monotone :
« Ciel…rejoins Noctéa et protèges là…je me charge d’eux…
- Arrêtes ton char ! T’as pas d’ordres à me donner !
-Je vais me lâcher…je ne voudrais pas te blesser par inadvertance… »
Le Sram avait dit ces mots d’une voix menaçante, à tel point que Ciel en fut déboussolée. Elle vint atterrir auprès de la jeune Lycan, observant le combat qui allait commencer d’un œil intrigué.
Les mékas s’avançaient déjà en direction de Vaas, bien décidés à l’éliminer rapidement. Le Sram repéra le premier opposant à faire sonner le déclic de son arme à feu, et tendit ses deux bras vers lui. Sans un mot, il actionna ses arbalètes et laissa deux carreaux venir se planter dans le capteur oculaire de sa cible. Le méka se désactiva, tandis que ses confrères tiraient déjà sur celui qui avait osé les défier. Le jeune homme fit voler les pans de son long manteau d’un geste ample, et sa silhouette se noircit progressivement. Quand elle fut des plus sombre, il s’enfonça dans son ombre tandis quel les projectiles ne rencontraient que du vide. Il ressortit en s’éjectant de la grande ombre formée par le regroupement de mékas, plantant au passage ses deux dagues dans les jointures reliant la tête et le corps de deux de ses adversaires, et se dégagea rapidement en prenant appui sur eux pour se propulser dans les airs. Il avait laissé ses lames plantées dans ses victimes, aussi décida-t-il de se servir à nouveau de ses arbalètes. Il effectua une petite pirouette aérienne, inclinant sa tête vers le bas, et écarta ses bras. Visant avec précision deux nouvelles cibles, il tira ses carreaux et les désactiva sans autre forme de procès. Il atterrit un peu plus loin, ses arbalètes en cours de rechargement, et aperçu du coin de l’œil une unité lui foncer dessus. Elle gardait sa lame pointée en avant, semblant décidée à l’embrocher. Le Sram se prépara, prenant une légère posture de défense et comptant mentalement les secondes restantes avant son rechargement.
« 5… »
Le Sram inclina son corps en arrière, dans un exercice de souplesse pure, laissant la lame passer au-dessus de lui.
« 4… »
Il posa ensuite ses mains au sol et souleva ses jambes dans les airs, donnant un violent coup de pied dans le bras armé de la lame. L’arme du méka fut décalée vers le haut tandis que Vaas finissait sa roue pour reposer pied à terre.
« 3… »
Son opposant le visa de son bras mitrailleur, changeant visiblement de plan d’attaque. Le Sram fronça légèrement les sourcils et se concentra. Il avait entendu un bruit…un bruit ténu…celui du métal frôlant le sol. Sans se retourner il creusa son dos et balança ses bras en arrière.
« 2… »
Il posa ses mains sur la tête du méka qui avait tenté de l’attaquer par derrière au moment même où il sentit sa lame venir lui chatouille le dos. Il crispa ses doigts contre le métal, banda ses muscles, et envoya de nouveau ses jambes et le reste de son corps dans les airs. Il entendit le fracas des balles tirées, tandis qu’elles l’évitaient de peu pour venir s’écraser contre le méka lui servant actuellement d’appui.
« 1… »
Il se laissa tomber juste derrière lui, se protégeant du flot de balle en se plaquant contre la carcasse métallique. Il patienta légèrement, puis entendit le déclic lui indiquant que ses arbalètes étaient rechargées. Il esquissa un mince sourire et poussa violement son abris de fortune d’un coup de pied. Le méka qui lui tirait dessus se décala vivement pour l’arrêter, ne comprenant son tort qu’au dernier moment. Son capteur oculaire analysa le Sram qui se laissait tomber sur le côté, ses bras tendus vers lui. Les deux carreaux furent tirés presque immédiatement, et vinrent se ficher dans l’unité métallique dans un son de verre brisé.
Vaas laissa son corps percuter le sol dans un léger grognement. Il commença presque immédiatement à se relever, bien décidé à faire face au dernier méka restant. Il l’aperçut devant lui, déjà prêt à faire feu. Le Sram jura, maudissant son imprudence…avant de sourire amusé. Une vive lumière venait chasser les ombres autour de lui, et elle se déplaçait à grande vitesse. Il se plaqua au sol, tandis qu’une boule de feu venait s’écraser contre son opposant. Ce dernier explosa dans une grande gerbe de flamme, laissant s’échapper une colonne de fumée vers les cieux.
Le jeune homme se releva lentement, se tournant vers la dragonne qui venait de cracher ces flammes. Elle le regardait avec jubilation, clamant :
« Alors ! Qu’est-ce que tu ferais sans moi hein ?!
-… »
Le Sram soupira et se dirigea vers elle, ne cherchant qu’à récupérer son paquet de sucreries.
Dans une ruelle située plus à l’ouest, des mékas se ruaient vers une cible à abattre. Regroupés en une rangée bien compacte, il se faisait abattre un à un part des flèches de feu tirées avec vivacité et précision. Dimensa se tenait debout à l’extrémité de l’étroit passage. Concentrée, elle faisait pleuvoir une pluie de projectile sur ses ennemis. Son frère et sa sœur se trouvaient derrière elle, et elle comptait bien se battre jusqu’au bout pour les protéger :
« Restez bien derrière moi, hurla-t-elle d’une voix autoritaire, ils ne s’approcheront pas de vous ! »
Iale et Rubis se regardèrent, ils avaient confiance en leur grande sœur mais avait à cœur de l’aider au mieux. Elle les avait toujours protégée envers et contre tout, et pour eux il était de temps de rendre la pareille. Quand le jeune Eniripsa aperçut un petit groupe de deux mékas s’approchant plus ou moins discrètement dans leur dos, il chuchota ses instructions à sa sœur. Ils devaient s’en charger pour laisser à leur ainé la concentration requise pour arrêter la rangée fonçant sur eux. Tous deux acquiescèrent et s’éclipsèrent discrètement pour venir agripper les barreaux d’une échelle vissée à un bâtiment. Sans un mot ils escaladèrent la bâtisse et se retrouvèrent sur le toit. Rubis s’esclaffa :
« Je prends celui de droite, et toi celui de gauche ! On va aider grande sœur ! »
L’albinos acquiesça en silence et analysa la situation. Il avait un plan, mais devait attendre l’action de sa jeune sœur avant de passer à l’acte. La petite Eniripsa balaya le toit du regard, et repéra un large baril posé sur un rebord. Souriante elle hurla :
« Hey les grosses boites métalliques ! On est lààààààààààààààà ! »
Les deux mékas les repérèrent rapidement, tandis que Dimensa levait la tête en criant :
« Redescendez-vous deux ! Vous allez vous blesser !
-Meuh non t’en fais pas ! Regarde, je vais les surprendre en sautant ! »
Les pans de la robe à froufrou de Rubis furent agités tandis qu’elle descendait doucement, un Méka fonçant déjà sur elle pour l’embrocher de sa lame. Dimensa tenta de l’abattre, mais ne put se détourner de sa rangée d’ennemi sous peine de leur faire gagner du terrain. Elle poussa un cri déchirant quand elle aperçut la lame de la machine transpercer la robe…avant d’écarquiller les yeux. La robe était vide, et une Rubis hilare…en sous-vêtements amples, se tenait debout sur le toit. Elle pouffa :
« Manqué ! A moi ! »
Elle plaqua ses petits bras sur le baril, et poussa de toutes ses forces. Ses pieds patinèrent vivement contre le sol, tandis que la masse bougeait lentement. Le baril oscilla au bord du vide un instant…puis bascula. Il alla s’écraser avec fracas contre le méka, réduisant son crâne en miettes. Le deuxième opposant tenta de viser la petite, cherchant à l’abattre immédiatement, mais remarqua une ombre planant rapidement vers lui. Iale volait dans sa direction, et avant que le méka ne puisse esquisser le moindre geste…il fut sur lui. Il le contourna agilement et s’agrippa à son dos. Il ouvrit une sorte de petit capot, et plongea ses mains dans les câbles :
« Alors selon les livres si je débranche ça, murmura-t-il pensif, et si je le rebranche là. Ensuite je désactive ça, je branche ça et… »
Le méka fut secoué d’un soubresaut…puis se mit lentement en mouvement. Il s’arrêta aux côtés de Dimensa, tandis que Iale hurlait :
« Prépares toi à filer grande sœur ! »
Il donna un coup de pied dans les câbles et sauta en arrière, sous le regard incompréhensif de la Cra. Le méka vrombit un instant, et ouvrit le feu sur ses pairs…réduisant la colonne armée en véritables passoirs. Rubis retourna au sol pour remettre sa robe, pestant :
« Oh noooon…elle est trouée maintenant !
-Je t’en achèterais une autre si tu veux, murmura Dimensa en ébouriffants ses cheveux.
-Tu as vu comment on les a battus ! S’écria la petite Eniripsa en faisant de grands gestes.
-Oh que oui, pouffa la Crâ, et vous serez punis pour ça ! Vous m’avez désobéi !
-Mais…mais c’est pas juuuuuuuste ! Hurla Rubis en gonflant ses joues. »
Iala, adossé à son méka et le nez à nouveau plongé dans son livre, murmura amusé:
« J’m’en doutais tiens… »
Dans la plus grande avenue secondaire de la ville, un véritable raid avait été lancé. Les habitants pouvaient voir les mékas voler dans différentes directions, semblant propulsés par une force inarêtable. Des bruits de chocs sourds et de cavalcades résonnant entre les murs des bâtiments. Les badauds pensaient qu’un véritable monstre avait été relâché, sans se douter un seul instant que toute cette destruction était l’œuvre de deux femmes…et d’un Gaboju.
Le « Gaboju » en question était un imposant chef de guerre Bouftou, bardé de cicatrices et à la laine tressé. Ses deux cornes étaient finement taillées, signe que l’on s’occupait fort bien de lui. Sur son dos, aplatit le plus possible se cramponnant au mieux, se trouvait une Saya hilare. Elle adorait laisser charger son Bouftou en regardant le spectacle couchée dans sa laine, elle devait bien avouer que l’animal se lâchait complètement en cette journée. Les mékas ne parvenaient tout simplement pas à l’atteindre, et tentaient en vain d’échapper à cette masse en mouvement.
Ceux qui, par chance, parvenaient à échapper à la destruction…se faisaient alors percuter par un torrent d’eau à haute pression. Yunie volait en effet juste au-dessus de l’Osamodas, et crachait son élément naturel sur les quelques rescapés du massacre. Les deux jeunes filles progressaient ainsi à une vitesse folle, couvrant une large distance et gagnant haut la main la palme du plus grand nombre de mékas détruit.
Trop confiantes, elles ne virent le pétrin dans lequel elles s’étaient fourrées que bien trop tard. Ce fut Yunie qui aperçut les deux mékas en fin de route la première, elle trouva étrange que leur tête tourne rapidement. Elle tenta de le crier à son amie, quand une détonation assourdissante vint les surprendre toutes les deux. Les deux unités métalliques venaient de se faire exploser, faisant s’effondrer les murs des bâtiments environnant par la même occasion. Le passage était désormais barré, et Saya dut faire freiner Gaboju immédiatement. L’animal eut toutes les peines du monde à s’arrêter, mais parvint finalement à ne pas percuter le mur nouvellement formé au tout dernier moment.
Yunie resta en vol au-dessus de son amie, effectuant de petits cercles en analysant la zone. Une troupe de méka commençait déjà à débouler par une ruelle adjacente, et Gaboju n’aurait jamais le temps de se lancer dans une nouvelle charge avant le début de leur séquence de tir. Saya était prise au piège, et elle savait que ses chances de s’en sortir étaient bien minces. Elle murmura à l’intention de la dragonne :
« Allez…file…je ne veux pas que tu sois blessée…
-Non ! Je ne vais pas te laisser ! Je vais les maintenir à distance le temps que tu puisses lancer une charge !
-Non…tu n’en auras pas le temps…on a été trop confiantes…et on le paye…préviens les autres…j’essaierais de tenir en attendant…si à votre retour la situation est trop périlleuse…laissez-moi là…
-Je ne compte pas laisser ma demi-sœur en danger, piailla la dragonne.
-Moi non plus ! »
Les deux jeunes femmes levèrent les yeux en l’air, en direction de la voix qui venait de parler. Une majestueuse dragonne bleue, plus grande que Yunie, venait d’apparaitre dans les cieux. Elle les survolait à une vitesse folle et se dirigeait vers la troupe de mékas. Yunie hurla :
« Noc’ ?! Mais…mais qu’est-ce que tu fais là ?!
-J’allais pas laisser mes sœurs dans le pétrin quand même, rugit la dragonne avec amusement. »
Elle se posa sur le sol, faisant face aux mékas. Se redressant sur ses pattes arrière, elle déplia en grand ses ailes en grognant de colère. Les machines s’arrêtèrent, tentant d’évaluer la menace que représentait cette nouvelle arrivante. Leurs capteurs s’affolèrent, tandis que le loquet de leurs armes se déverrouillait. Ils avaient devant eux une menace des plus sérieuses, et devaient l’abattre rapidement. Nocturna reposa ses pattes au sol, et gonfla son ventre. Elle ouvrit en grand sa gueule, et cracha un épais nuage de gaz. Les mékas, aveuglés, commencèrent à ouvrir le feu. Leurs balles ne rencontrèrent que le vide, tandis que leur structure interne était en proie à de nombreux dysfonctionnement. Le gaz semblait affecter leur mécanisme, et leurs mouvements se firent plus saccadés. Nocturna était une dragonne caméléon, et crachait de véritables nuages de poisons. Elle s’abattit sur ses proies avec discrétion et efficacité, les démembrant et les réduisant en pièce en un rien de temps. Quand le nuage se dispersa, elle était seule au milieu d’un tas de carcasse de métal.
Yunie se précipita vers elle, ronronnante. Elle se frotta contre sa grande sœur, la remerciant par ce geste symbolique. Saya esquissa un sourire en les voyant faire. Son commutateur s’activa, rapportant les différentes victoires de ces amis dans les rues de la ville. La jeunesse était en train de changer le cours de la guerre au sol…et ils n’en étaient pas peu fiers.
Levant les yeux vers le ciel, pour observer le déroulement de la bataille céleste, elle fronça les sourcils et hurla :
« Et merde ! Le Liberty…il…il… »
Le Zeppelin de Get Free ne bougeait plus, une légère volute de fumée s’échappant de l’arrière de l’appareil. D’épais câbles d’aciers étaient plantés dans son flanc, tirant lentement le vaisseau vers leur origine…le Nova Sky de Clocktown.
Si au sol les troupes regagnaient du terrain, dans le ciel la victoire semblait désormais acquise à Clocktown.
Dans tous les cas on se retrouve dans le prochain épisode pour le retour de nos persos plus connus !
Le point :
Albynn : Merci ! : Content que le Boune t'es plut, il a prit sa vie (et le gun wesh) à deux mains ! Stella est une grosse vilaine moui ~
Shiki : Merci ! : Super content, et bien content des retours. La surprise Stella semble avoir plut donc je suis heureux !
Ihephe : Merci ! : Beh Ihephe il est dans le Liberty ! Mais t'en fais pas...on va bientôt bien pârler de lui
Ophe : Merci ! : Owwwww encore un com' comme je les aime ! Même sous la torture je ne parlerais pas, mystèèèèèèèèèèèèère !
Lashet : Merci ! : Alicia j'ai aucune idée de ce qu'elle fait, Lashet et Laxut sont encore en combat oui ^^
Hark' : Merci ! : Encore un com' de ouf, vous me gatez merde ! Stella a fait vraiment des émules, mais sinon bien côté que le Liro t'ai fait marrer !
Mama : Merci ! : Heureux de voir que tu suis toujours, et du Guest t'en as eut avec Mama/Protocole/Et Ching ! :p
Sur ce...la suiiiiiiiiiiiiiiiiite !
Episode 16 : Quand la jeunesse s’en mêle
« On doit les aider ! On ne peut pas rester cloitrés dans le Havre Monde en attendant que la guerre se finisse !
-Du calme Zack…tu as entendu les instructions de maman…on ne sort pas tant qu’ils ne sont pas revenus…
-Et puis quoi encore ! J’sais me battre, je pourrais être utile dans cette guerre !
-Mais oui…tu ne sais rien cracher et tu te la ramènes plus que nous.
-Rooh ça va Ciel ! J’suis peut être humain mais j’ai pas mal de coups en stock !
-Vous me fatiguez pendant que je mange…c’est pas cool les gars… »
Dans le hall de guilde de Get Free, le calme régnait. Les conflits semblaient loin, enfermés derrière les épaisses portes qui gardaient l’entrée de ce lieu. Peu de membres étaient restés, et pour l’heure la plus grande majorité des occupants se trouvait être…des adolescents.
Regroupés dans le grand réfectoire, ils se livraient depuis plusieurs heures déjà à une discussion des plus animée. La question était de savoir si ils devaient intervenir, ou non, dans la guerre qui faisait rage à la croisée des armes. Leur parents leur avaient bien évidement interdis de sortir, au grand dam de ces apprentis héros.
« Maman nous a dit de rester ici, et pour une fois je suis d’avis qu’on l’écoute…j’ai pas masse envie de me diriger dans un nid à emmerdes… »
La fille qui venait de parler, c’était Saya Dogaïl. Du haut de ses quinze ans elle était déjà plutôt grande pour son âge. Ses cheveux, d’un rose semblable à ceux de sa mère, étaient amassés en une sorte de grosse sphère capillaire. Elle cachait ses cornes, trouvant que c’était bien le seul défaut à être disciple d’Osamodas, derrière cette coiffure extravagante. Elle avait de grands yeux marrons, un nez assez fin et quelques grains de beauté sur le visage. Ses traits laissaient entrevoir une certaine beauté future, si elle acceptait toutefois d’abandonner ce style « garçon manqué » qu’elle affectionnait tant. Elle portait ainsi un grand chapeau de Saharach, un long manteau de cuir par-dessus un débardeur noir, un pantalon en cuir marron foncé et de grosses bottes à fourrure. Elle aimait élever toutes sortes de créatures, ne faisait rien pour mettre en avant sa beauté et jurait comme un Roublard. En pleine crise d’adolescence, elle n’avait de cesse de causer des problèmes à son ex-père, Lenz, et à sa mère…Rose. Elle se montrait bien plus terrible encore envers Shiki, qu’elle faisait tourner en bourrique à longueur de journée…
« Faîtes ce que vous voulez, moi j’ai aucune intention de rester là ! »
Ces paroles emplies de défi émanaient d’un jeune homme assis en tailleur sur une table. Zack Dogaïl, avec sa vingtaine atteinte depuis quelques mois déjà, tentait de convaincre ses amis de participer à la bataille. Légèrement plus petit que sa sœur, il disposait néanmoins déjà d’une fine musculature travaillée. Il s’entrainait aussi souvent qu’il le pouvait, cherchant à devenir aussi fort que sa mère. Ses yeux, d’un vert éclatant, étaient entourés de fines lunettes. Il avait quelques soucis de visions, mais c’était surtout pour une question de style qu’il les portait. Ses cheveux verts, d’un naturel désordonné, étaient en majeure partie dissimulés sous un bonnet noir, quelques mèches s’en échappant néanmoins. Il portait une chemise blanche débraillée surmontée d’un long manteau noir. Un pantalon vert venant compléter l’ensemble, des chaussures noires protégeant ses pieds. Il était d’un naturel assez arrogant, et tentait de se contrôler dans la mesure du possible avec ses amis. Ça ne l’empêchait en rien de clamer régulièrement qu’il deviendrait un jour un héros, faisant sourire les gens qui rapprochaient son attitude de celle qu’avait pu avoir Lenz dans sa jeunesse.
«Moi je demande juste du calme…que je puisse manger tranquille… »
Un ton las, une voix fatiguée…Vaas Van Sherzä venait de parler. Fils adoptif de Rose et Shiki, il était à coup sûr l’élément le plus calme du groupe. Ce jeune homme, disciple de Sram comme sa mère, allait sur ses vingt ans lui aussi. Son visage, constamment caché par la capuche de son long manteau gris, rendait sa description difficile pour toute personne ne le connaissant que peu. On pouvait discerner des yeux violets, dont les cernes semblaient toujours apparentes, ainsi que quelques mèches de ses longs cheveux noirs. Il portait un tee-shirt de la même couleur sous son long manteau, un pantalon noir venant finir cette tenue bien sombre. Des sandales blanches couvraient ses pieds, celles-ci semblant bien usées. Il était adossé à un mur et s’adonnait à son passe-temps favoris…le grignotage. Il passait ainsi le plus clair de son temps à manger toutes les sucreries lui tombant sous la main, sa morphologie n’en étant aucunement affectée. Il était plutôt maigre, et semblait bien peu musclé. D’un naturel discret, il surprenait toujours tout le monde sans le vouloir. Il était également des plus fainéants, ce qui ne manquait pas d’amuser, autant que de désespérer, ses mères et ses amis.
« Sérieusement, je pense qu’écouter Zack c’est une nouvelle fois se tirer une balle dans le pied ! Humpf ! »
La voix légèrement plus hautaine provenait d’une belle dragonne aux écailles dorées. La créature fantastique était allongée sur une table, levant ses beaux yeux jaunes au ciel à chaque remarque de son frère. Fille de Lenz et d’Ophe, cette dragonne répondant au doux nom de Ciel Rindaw n’avait pas sa langue dans sa poche. Comme ses sœurs du sang royal coulait dans ses veines, et elle l’affichait constamment. Ses treize ans ne l’empêchant en rien de s’exprimer librement en toute circonstance, la croissance étant plus accélérée chez les dragons. Elle ne ressentait ainsi aucun sentiment d’infériorité vis-à-vis des autres, bien au contraire. Elle savait néanmoins se montrer douce et agréables avec sa famille et ses proches, mais demandait bien souvent à être traitée comme une véritable princesse. Elle comptait bien reprendre le trône draconnique quand sa mère se retirerait, et elle se préparait chaque jour à cette idée.
« Du calme Ciel, il n’a pas forcément tort. Je ne veux pas retrouver papa et maman blessés, et je sais que nous avons les moyens de les aider. »
La dragonne qui venait de s’exprimer était la sœur de Ciel. Elle était légèrement plus grande qu’elle, et arborait de magnifiques écailles aux couleurs des plus beaux saphirs. Ses yeux d’un bleu très clair scrutaient la salle en permanence, du haut de la table qu’elle s’était choisie. Lenz et Ophe l’avaient baptisée Yunie Rindaw, et étaient plus que fiers d’elle. La dragonne ne leur avait en effet jamais posé le moindre problème, elle était le calme incarné. Elle veillait au mieux sur ses proches et faisait toujours tout son possible pour les apaiser et résoudre les conflits. Elle était très appréciée par la guilde, et ne manquait jamais de se faire féliciter. Studieuse, elle n’aspirait qu’à découvrir le monde et rencontrer ses habitants…même si sa mère lui avait déconseillée de se présenter sous cette forme. Son rêve était de voir un jour les dragons se promener librement dans le monde, sans contraintes ni préjugés. Elle faisait d’ores et déjà tout son possible pour que cette réalité puisse exister.
« Mais…mais c’est pas trop dangereux pour…pour nous… ? »
La petite voix hésitante, c’était celle d’Aeris Rindaw. Troisième et dernière fille de Lenz et d’Ophe, elle était également la plus petite…et la plus timide. Ses écailles étaient d’un rose assez pâle, et ses yeux d’un rose plus vif. Elle était cachée sous l’une des tables, regardant ses amis en tremblant légèrement. Aeris était une très grande demandeuse en affection, et se blottissait contre ceux qu’elle aimait dès qu’elle le pouvait. Elle adorait ses sœurs, qui se montraient toujours gentilles avec elle, et ses parents qui la couvraient d’amour en permanence. Elle était d’un naturel joyeux, mais avait assez peu confiance en elle. Son but à elle était de s’amuser le plus possible, de vivre une vie des plus heureuses. Toute la guilde se montrait toujours gentille avec elle, si bien qu’elle avait fait du havre monde son petit paradis. Elle était proche de Rose et de son dragon Bubble, qu’elle trouvait toujours emplis de compassion à son égard. Elle se démenait toujours pour rendre ses parents fiers d’elle, et sautait de joie au moindre compliment.
« Bah…on sait quand même se battre Aeris, je me fais pas trop de soucis de ce côté-là. C’est plus gêner les gardes qui m’embêterait »
L’Ecaflip qui venait de parler, au pelage d’un pelage roux plus foncé que celui de son père, était assise à califourchon sur une chaise. Sahana Nora avait en apparence la quinzaine, mais son âge était au cœur d’une manipulation temporelle des plus complexes. Enfant, elle avait été forcée à grandir par les manipulations temporelles d’un Xélor. Elle s’en accommodait néanmoins, jugeant que cela n’avait pas à influencer sa façon de mener sa vie. Elle possédait des yeux d’un bleu semblable à celui d’Harkane, et des cheveux blancs mi longs descendant jusqu’à sa nuque. Elle était vêtue d’un débardeur vert, surmonté d’un long manteau noir offert par Lenz bien des années auparavant. Elle portait également un pantalon noir, resserré par une ceinture maintenant une dague attachée sur le côté droit. Ses pieds étaient chaussés de deux longues bottes de cuir. Elle était d’un naturel assez calme, mais pouvait céder bien vite à l’énervement quand la situation ne lui plaisait guère. Elle préférait la réflexion à l’action, ce qui la plaçait en conflits fréquents avec Zack.
« On nous a ordonnés de rester ici, alors on suit cet ordre ! Un point c’est tout ! »
Une voix autoritaire, un ton sec et sans appel…Dimensa Laygarde venait de s’exprimer. Ses dix-sept ans ne faisaient pas d’elle la plus vieille du groupe, mais elle s’en fichait…elle se clamait régulièrement en être la cheftaine. Elle avait de longs cheveux roux, noués en queue de cheval, et des yeux d’un noir profond venant contraster avec sa peau blanche. Elle portait un débardeur blanc sous une petite veste sans manches rouge. Un petit short rouge et des sandales noires venaient compléter l’ensemble. Elle arborait de nombreux bijoux de toutes sortes, semblant en raffoler. Elle se montrait protectrice envers les siens, et sans pitié envers ses ennemis. Quand on la voyait, il était souvent difficile de faire le lien avec son père…Albynn. Elle était l’assurance, l’autorité et l’action quand lui était l’éternel incertain, le suiveur et la réflexion. Ça ne l’empêchait en rien d’aimer son père, sans vraiment savoir comment le lui montrer.
« Il nous faudrait un plan…avant de bêtement foncer dans la ville en priant les dieux pour que ça fonctionne… »
Si l’on devait décerner une médaille au plus réfléchit du groupe…elle reviendrait à coup sûr à Iale Sanplum. Unique fils biologique d’Albynn, cet Eniripsa pas bien grand passait sa vie le nez dans un livre. Quand on l’appelait on voyait généralement une main dépasser d’un épais ouvrage pour faire un signe, ainsi qu’un marmonnement incompréhensible. A seize ans bientôt, il ressemblait énormément à son père. Cheveux blancs partant en mèches à l’avant pour se révéler être court à l’arrière, yeux d’un rouge carmin…on aurait pu croire voir le soigneur d’Astrub quand il était plus jeune. Iale n’avait rien d’un sportif, et ne se destinait en rien au combat. Il brillerait par ses connaissances, et était persuadé que c’était bel et bien là-dessus que se livreraient les batailles futures. Il appréciait ses sœurs et amis pour la joie de vivre et l’énergie qu’il dégageait, mais ne l’exprimait que rarement. Un froncement de sourcil ou un léger sourire, un panel d’expression fortement réduit mais qui ne venait en rien diminuer toute l’affection qu’il pouvait porter à son entourage.
« Moi je dis on y va…et…on les mékasse ! »
Un éclat de rire retentis dans la salle, provenant d’une petite Eniripsa albinos. Rubis Sanplum, dernière fille d’Albynn, était visiblement fière de sa blague. Elle souriait à pleine dent, ses grands yeux rouges fermés. Ses cheveux blancs ondulés venaient encadrer son visage et cascadaient librement sur ses épaules et dans son dos. Elle avait le même âge que son frère jumeau, mais se montrait bien plus énergétique que lui. Elle portait une longue robe à froufrous roses et des petites sandales d’une couleur similaire. Postée juste à côté de Vaas, elle piochait dans son sachet de sucrerie de façon régulière. Le Sram la laissait faire, n’ayant pas la moindre envie de la voir lui répéter en boucle « Tu me trouves joliiiiiiiiie ? » pour le faire céder. Cette jeune fille était pleine de malice mais aussi, et surtout, de joie de vivre. Elle courait partout, riait et dansait aussi souvent qu’elle le pouvait, illuminant d’un sourire le visage de tout ceux qu’elle croisait.
Le groupe de jeunes se regarda longuement, cherchant visiblement des arguments pour faire pencher le débat d’un côté ou de l’autre. Zack soupira longuement et se releva, clamant :
« Bon ! Puisque vous ne semblez pas tous décidés…moi j’y vais ! J’en ai ma claque d’attendre, je vais finir par devenir vraiment fou là ! »
Il sauta au sol et se dirigea vers la sortie du réfectoire, attrapant le bras de Vaas au passage :
« Allez copain, tu viens avec moi ça te fera de l’exercice…pouffa Zack.
-Tu fais chier mec…maugréa la Sram en se laissant entrainer.
-Hey ! Hey Vaas attends c’est toi qui a les bonbons, s’écria Rubis en les suivant.
-Rubis, restes-là ! Mais reviens c’est un ordre, cria Dimensa en se lançant à la poursuite de sa sœur…embarquant son frère au passage. Toi je ne te lâche pas d’un œil, pas envie que tu te fourres dans de nouveaux ennuis !
-J’imagine que pour le plan…on oublie…soupira l’Eniripsa en se laissant trainer par sa sœur.
-Ne comptez pas filer sans moi ! Se serait indigne de ma condition, non mais ! Hurla Ciel en les poursuivants.
-Si je laisse cet abruti seul il va se faire tuer…j’aurais préféré un chienchien…ça demande plus d’affection mais ça pose moins de problèmes, maugréa Saya en se lançant à la poursuite de son frère.
-Bon beh…pas le choix faut croire. Pas de négociations aujourd’hui, soupira Sahana en se joignant à eux.
-Je ne vais pas les laisser seul…ils risquent de s’entretuer avant de neutraliser le moindre ennemi, s’exclama une Yunie visiblement amusée par la situation.
-Mais…mais…me laissez pas seeeeeeeeule ! S’écria Aeris en fonçant rejoindre ses amis. »
Le réfectoire était désormais vide, et le conflit allait une nouvelle fois changer...la jeunesse s’en mêlait.
***
A l’extérieur, non loin des imposantes portes du Havre Monde des hommes à la plume, une bataille faisait rage. Un groupe de Méka, probablement séparé du reste de leur bataillon, avait pris pour cible une famille d’Amaknéen. Le mari et sa femme étaient recroquevillés, maintenant leurs deux enfants contre eux. La peur les tiraillait, mais leurs yeux restaient rivés sur ce qui semblait être leur dernier espoir.
Un homme assez grand, portant l’armure officielle de la garde Amaknéenne, luttait contre les créatures de métal. Le casque de fer décoré par de la paille cachait le haut de son visage, ne laissant apparaitre d’une bouche et un menton dénués de barbe. Son équipement était en sale état, percé de toute part par des tirs et des coups de lame. Une large balafre lui entaillait le torse, laissant s’échapper un flot de sang. Il ne faiblissait néanmoins pas, se tenant toujours en posture défensive…la pointe de sa lance dirigée vers ses opposants.
A ses côtés, dans un état similaire, se tenait une jeune femme portant un équipement identique. Elle tenait entre ses mains une lourde arbalète qui semblait cibler les mékas. Les deux semblaient exténués par leur combat, ils ne tiendraient probablement plus très longtemps. En face d’eux, les cinq derniers monstres métalliques semblaient prêts à donner l’ultime assaut. D’un mouvement parfaitement synchronisé, ils se ruèrent vers leurs cibles…lames en avant.
Les deux gardes serrèrent plus fermement leurs armes, ils donneraient tout ce qu’ils avaient pour protéger les innocents. Alors que la femme s’apprêtait à tirer sur le méka le plus avancé, une boule de feu particulièrement claire vint frapper ce dernier. Le monstre crépita, ses circuits internes semblant fondre sous la chaleur, et s’affaissa lentement. Le garde se retourna, surpris, et aperçu une belle dragonne dorée le regardant. Sa gueule était toujours ouverte, un filet de fumée s’en échappant. Il aperçut également un groupe de jeunes se ruant sur eux pour visiblement leur prêter main forte.
Zack fut le premier à atteindre les mékas, il tenait entre ses mains un vieux sabre que les coups avaient rendus plus fragile. Il parât d’un geste plein d’assurance la lame de la créature, pivota sur son pied droit et repoussa le mékas d’un coup de paume. Finissant son tour, il se décala vivement pour atteindre le dos de son ennemi…qu’il embrocha d’un coup d’estoc précis. Un autre méka le prit pour cible, chargeant son bras mitrailleur dans un déclic. Une flèche enflammée le transperça, faisant exploser son bloc moteur. Le Féca se couvrit les yeux, remerciant mentalement la précision de Dimensa. Trois ennemis étaient tombés, deux restaient. Un méka s’éteignit silencieusement, sous les yeux ébahis des gardes, tandis qu’une silhouette apparaissait lentement à ses côté. Vaas gardait la tête baissée, mettant fin à son invisibilité provisoire, sa main droite enfonçant une dague dans les jointures reliant la tête du méka au reste de son corps. Il retira la dague, la rengaina, et vint reprendre son paquet de sucrerie.
Le garde serra sa lance plus fermement, oh non il était hors de question qu’il laisse des enfants se mettre en danger sans agir. Il hurla et se rua vers le derniers mékas, faisant tourner sa longue lance entre ses mains. Son tourbillon écarta la lame de son adversaire tandis qu’il saisissait son arme de manière offensive. Il planta, avec une rapidité et une précision remarquable, la pointe de son arme dans la tête de son adversaire, le désactivant pour de bon. Il soupira, satisfait, et vint poser un genou à terre…exténué. Sahana se précipita vers lui et vint lui porter assistance :
« Tout…tout va bien monsieur ?
-Ca va…soupira le garde en souriant, je vous remercie. Occupez-vous plutôt de la famille…on va s’en sortir vous en faîtes pas. »
Rubis et Iale étaient déjà auprès des civils, les rassurants au mieux. Zack rejoignit le garde, en même temps que la collègue de ce dernier.
« Vous devriez faire soigner vos blessure monsieur…si vous voulez notre Havre Monde est juste à côté, on a une Eniripsa pouvant vous soigner là-bas !
-Amenez-y la famille alors…nous on va repartir au combat…
-Il en est hors de question, clama une Dimensa qui venait d’arriver. Vous allez rejoindre notre QG sans faire d’histoire et vous faire soigner. C’est un ordre.
-Une jeune fille donnant un ordre à un garde, pouffa l’homme amusé, ce n’est pas banal…
-Elle dit ça pour votre bien ! Nous voyons bien que vous voulez faire votre possible pour aider la nation…mais par pitié reposez-vous avant !
-Bien…soupira le garde, je vais vous écouter. Mais au moment où je me sentirais mieux, je repars au front ! »
Dimensa esquissa un petit sourire, tandis que la garde aidait son ami à se relever :
« Je peux connaitre vos noms au moins, demanda la crâ.
-Adam…Adam Stone, murmura la garde en serrant les dents face aux efforts à faire pour se relever. Et cette jeune femme avec moi se nomme Shala…Shala Shaska…
-Stone ?! S’écria Zack, visiblement surpris. Vous…vous êtes un parent du fameux…Mylone Stone ?
-Nous sommes ses enfants…adoptifs…soupira le garde. Nous faisons de notre mieux pour aider comme il l’aurait fait.
-Raison de plus pour rejoindre notre Havre, cria le Féca. Mylone a été très important pour Get Free ! Nous lui devons beaucoup !
-Et bien…c’est un honneur dans ce cas…je compte sur vous pour protéger les civils comme nous l’avons fait. Vous m’avez l’air de graines de champion. »
Le garde sourit de nouveau, et se dirigea avec sa sœur vers la famille. Le mari vint l’aider à marcher, et le petit groupe partit en direction du Havre Monde. Les jeunes se regardèrent un instant, conscient qu’ils allaient devoir se montrer à la hauteur de la confiance que leur avait accordé un homme si important. Acquiesçant tous ensembles, ils se dirigèrent vers la Croisée des Armes.
***
Dans la ville, la guerre faisait toujours rage. Mékas et humains s’étant lancés dans une rixe ne semblant pas prête à se terminer. Le regain d’énergie par les gardes lors du discours de Lenz semblait s’en être allé, ne laissant que des êtres fatigués et semblant lâcher prise. Si la bataille se prolongeait, la défaite serait prononcée…si la tour de métal ne s’effondrait qu’après le mental des hommes et femmes de ces lieux, Amakna sombrerait.
Le conflit avait pris une ampleur considérable depuis qu’une multitude de personnes étrangères aux tenants et aboutissants de la situation avaient pris part au combat. Pirates, révolutionnaires…peintres et créatures divines...cette guerre était devenu totale. On aurait pu croire que le monde entier retenait son souffle en attendant son dénouement.
Parmi toutes ces personnes se battant désormais pour l’avenir d’une nation…et celui d’un monde entier…il en était une qui aurait pu se retrouver à la place de Lenz lors de l’arrivée de Get Free. Si les évènements passés avaient été différent, il aurait été sans nul doute la figure dominante de ce conflit. La plume n’aurait pas été acclamée, et la lame et le kama auraient été sans nul doute été sur chaque pavillon hissé à travers la ville. Si le résultat d’une précédente bataille avait été différent…Warchant serait encore…et un génie serait à la tête des forces de libérations de la ville….
Mais visiblement, Piotr Sonclir se fichait éperdument de tous ces facteurs. Assis sur un monticule de carcasse mékanique, son épée plantée à ses côtés et un cigare fiché entre ses lèvres, il contemplait la guerre d’un œil bienfaisant. Il était dans son élément, le conflit était sa demeure. Il se battait depuis plusieurs heures déjà, et ne semblait pas ressentir quelconque fatigue. On le surnommait « Le Génie », un titre que possédait en moyenne une personne par génération. Il était attribué à une personne possédant des dons uniques, et ce de façon inné. Piotr était un commandant incroyable, un simple balayement du regard lui suffisait pour mémoriser toute les spécificités d’un champ de bataille. Il devinait aisément les stratégies de ses adversaires et menait ses hommes dans la plus grande justesse. Ajoutez à cela une maîtrise des armes quasi-inhumaine…et vous obtenez le soldat parfait.
Du haut de ses cinquante-neuf ans, il se sentait vieillir peu à peu. Il se doutait que cette bataille serait l’une de ses dernière, mais il se devait de continuer tant qu’il n’avait pas trouvé celui ou celle qui serait à même de le remplacer. Il était fatigué de tout ça, mais comptait bien assumer son titre de Génie jusqu’au bout. Ses longs cheveux blonds pâle étaient secoués par les courants d’air qui s’engouffraient dans sa ruelle. Son œil gauche, l’unique encore en état…le droit ayant été rendu aveugle par un coup d’épée, fixait une femme se battant contre un méka. Il portait un long manteau bleu et or, ancien habit officiel de l’amirauté de Sufokia, et un pantalon blanc. Il était pied nu, mais portait des gants de velours blanc. Ses doigts massant sa barbe hirsute tandis qu’il semblait plongé dans ses pensées.
La femme acheva finalement le méka, se tourna vers Piotr, et hurla :
« T’aurais quand même pu m’aider, génie de mes deux ! Mais comment j’ai pu accepter d’être ton associée pendant toutes ces années !
-Du calme Krista…tu te débrouillais très bien sans moi, soupira le génie.
-Ouais...bah à l’avenir ait la gentillesse de me filer un coup de main, grommela la femme, sinon j’te garantis que tu regretteras le temps ou t’étais QUE borgne ! »
Le pelage blanc de la femme indiquait qu’elle était disciple d’Ecaflip. Elle avait un œil bleu clair, l’autre étant caché par un bandeau joliment décoré. Ses cheveux, d’un violet relativement foncé, étaient coiffés en une longue queue de cheval. Elle portait un long manteau de cuir bleu azur, et un pantalon d’un blanc immaculé. De petites sandales bleues foncées venaient protéger ses pieds, et des gants de cuir blanc couvraient ses mains. Elle dissimulait un nombre relativement ahurissant de lames dans ses vêtements, s’en servant depuis plusieurs heures déjà contre les créatures de fer.
Elle était marchande d’armes, depuis bien des années maintenant. Elle avait tentée plusieurs fois de changer de fonds de commerce…sans réel succès. Les ustensiles de guerre étaient ce qu’elle vendait de mieux, et c’était ces marchandages d’armes qui lui avaient permis de rencontrer Piotr bien des années auparavant.
Le génie sauta de son monticule, puis vint se placer aux côtés de l’Ecaflip :
« Bien…je resterais donc à tes côtés, railla-t-il amusé, il faut bien que je m’occupe de mes soldats…
-Je suis en rien ton soldat ! Warchant n’est plus et je suis indépendante désormais !
-Meuh oui…pouffa l’homme en s’éloignant peu à peu »
L’Ecaflip resta seule quelques instants, hérissant sa queue et feulant :
« Mais quel vieux chieur ! »
***
Zack gravit rapidement les marches menant au pont marchand, ses amis le suivant de prêt. Ils y étaient, la croisée des armes s’ouvrait enfin devant eux. Admirant l’artère principale, ils purent rapidement remarquer qu’elle était encombrée par des groupes de combattants en prise avec les mékas. Le jeune Féca soupira et déclara :
« Vaut mieux pas se lancer dans le cœur de la bataille…on n’est pas taillés pour ça…
-Et tu proposes quoi gros malin, railla Ciel en fixant son demi-frère.
-Je propose d’employer les méthodes de maman…on va user des manœuvres de guérilla. »
Le silence général marqua la fin de sa phrase, il était assez rare que Zack échafaude des plans au cours de ses combats, il était plutôt tourné vers l’instinct pur. Le fait qu’il se décide à réfléchir plus posément à leur situation indiquait qu’il comprenait toute la complexité qu’elle pouvait avoir. Saya s’avança pour venir se placer aux côtés du Féca, murmurant :
« Dans les détails…on fait quoi du coup… ?
-On se sépare en petits groupes et on s’engouffre dans les ruelles. On attaque les mékas rapidement et on les sème ensuite. On tente de garder le contrôle dans ces zones et on laisse les gardes se charger des avenues principales. »
Les jeunes acquiescèrent en silence, le plan de Zack semblait être le meilleur qu’ils pouvaient avoir. Ils se répartirent rapidement et partirent chacun dans le dédale de ruelles, bien décidés à en prendre possession.
***
Zack arpentait l’une des ruelles Est de la ville. Il avait décidé de faire cavalier seul, jugeant que d’autres groupes méritaient plus de monde et qu’il était parfaitement à même de se débrouiller ainsi. Son épée fermement tenue en main, il inspectait les dédales de rues d’un œil concentré…y cherchant des mékas à combattre. Il en avait déjà démantelé deux sur le chemin, comprenant de mieux en mieux leurs mouvements. Il était plutôt confiant, tout se passerait bien selon lui.
Débouchant sur une nouvelle ruelle, son sourcil se haussa en apercevant un groupe de méka amassé non loin. Les créatures de métal le prenaient d’ores et déjà pour cible, et il allait devoir agir vite. Esquissant un sourire, il se rua en avant.
***
Non loin de lui, adossé au mur d’une bâtisse, Piotr observait le jeune Féca d’un regard intrigué. Krista arriva vers lui en courant :
« T’en as pas marre de me laisser en plan !?
-Du calme Krista…regardes plutôt ça… »
L’homme désigna d’un petit mouvement de tête le combat de Zack, ne décrochant pas son regard de ce spectacle. Le Féca avait été blessé à quelques reprises, et de minces filets de sang s’échappaient de ses diverses plaies. Il combattait néanmoins avec une rage hors du commun, voltigeant dans tous les sens en maintenant une pression constante sur ses opposants. L’Ecaflip haussa un sourcil et siffla :
« Et beh…il est pas mauvais ce gamin. Il a de bons réflexes !
-Ce ne sont pas des réflexes…
-Tu te paies ma tête, grommela une Krista toujours en rogne contre son associé, il parvient à esquiver les coups de ses ennemis à chaque fois !
-Pourtant il a été blessé, indiqua l’ancien amiral.
-Bah des erreurs ça arrive à tout le monde ! Il n’y a rien de surprenant !
-Je l’observe depuis le début de son combat, il a pris ces coups au tout début…et depuis plus rien…
-Et donc, soupira l’Ecaflip agacée.
-Il anticipe les coups de ses ennemis, il observe leurs mouvements et les associe à ce qu’il a vu auparavant. Il a compris leur fonctionnement…
-Quoi ?! Hurla une Krista abasourdie. Tu te rends compte de ce que tu dis ? Il aurait assimilé tous les mouvements de ces monstres en quelques passes d’armes ? C’est impossible !
-Pour un humain normal…c’est en effet inconcevable, murmura Piotr d’un con calme, un tel don ne peut appartenir…qu’à un génie… »
Krista accueilli cette parole avec un silence religieux. Retenant son souffle elle murmura :
« Tu veux dire que ce gamin est…
-Oui, il est celui que je cherche depuis toutes ces années. Il est le génie de cette nouvelle génération… »
Krista reporta à nouveau son regard sur le jeune homme qui poursuivait ses acrobaties au milieu des rangs ennemis. Il esquivait, tranchait, repoussait…le tout sans subir la moindre blessure. On aurait dit une machine dont le calibrage aurait été bien supérieur à ceux de ces simples êtres de métal. Son visage était souriant, il s’amusait. Avait-il seulement conscience de l’effarant don qu’il possédait ? Pour lui, ce ne devait être qu’un simple jeu.
Lorsqu’il abattit sa lame sur le dernier méka, lui faisant finalement mordre la poussière, il expira longuement. Krista se tourna de nouveau vers Piotr, essayant de deviner sa prochaine action. Le génie applaudit lentement, fixant le Féca avec un petit sourire aux lèvres :
« Et bien…tu m’impressionnes gamin !
-Et à qui ai-je l’honneur, clama Zack en haussant un sourcil.
-Allons…mon nom n’a aucune importance. Approche, j’ai un cadeau à te faire ! »
Zack afficha un air suspicieux, et avança prudemment vers l’ancien amiral. Piotr sourit dans un air de défi, serra bien la garde de son épée et se rua sur le Féca. Il laissa la pointe de sa lame racler le sol en forçant dessus, se rapprochant vivement de son nouveau rival. Arrivé devant lui, il éjecta sa lame vers le haut, se servant de l’énergie générée par la perte du contact avec le sol. Le coup fut d’une rapidité incroyable, si bien que Zack ne put que reculer maladroitement…une longue plaie s’ouvrant sur son torse. Il cracha :
« Mais vous êtes malade ?!
-Allez, essayes de reproduire ce coup ! Il est assez technique et m’a demandé un certain temps de maitrise…impressionne moi ! Hurla un Piotr jubilant. »
Zack se concentra un instant, prenant la pose qu’avait eu l’homme avant de se lancer. Il se rua vers son opposant, reproduisant à l’identique le placement de sa lame contre le sol. Il relâcha la pression au même moment que son prédécesseur, et le coup partit à une vitesse similaire. Piotr para l’attaque sans grande difficulté, le choc violent de leur lame venant briser celle amochée du Féca. Zack pesta, lançant son sabre au loin et prenant une nouvelle posture de combat, poings serrés. L’ancien amiral le jaugea un instant, puis éclata de rire :
« C’est bon champion ! Le test est fini !
-Le…test… ? »
Piotr leva sa lame, posant la pointe contre la gorge du Féca. D’un habile mouvement il fit tourner son arme dans sa main, venant la tenir par la pointe et présentant la garde au jeune homme. Il clama d’une voix solennelle :
« Mon arme est tienne…Féca…tu es désormais mon successeur. Tu seras méprisé autant qu’adulé…les gens te jalouseront sans te comprendre et c’est une véritable vie de combat qui s’ouvre à toi. Sois digne des dons qui t’ont été attribués…tu es le génie de cette génération. »
Sans rien dire, Zack vint saisir l’arme…jetant un regard empli d’incompréhension à son homologue. Piotr acquiesça en silence, plongea ses mains dans ses poches et se retourna…s’éloignant de la rue. Krista, le voyant faire, hurla :
« Tu t’enfuis ?! Je te croyais moins lâche !
-Il ne peut y avoir qu’un génie par bataille Krista, ricanna l’ancien amiral, et je place de grands espoirs en ce jeune homme. Moi je prends enfin ma retraite, parait que la pêche est bonne en cette période de l’année…
-T’es sérieux ?! Tu arrêtes tout combat ?!
-A la revoyure belle revendeuse d’arme, que les vents te soient favorables ! »
Il disparut au détour d’une ruelle sous le flot des injures qu’hurlait l’Ecaflip. Zack, ne comprenant pas vraiment ce qu’il venait de se passer, murmura :
« Mais…c’était qui cet homme… ?
-Lui ? Soupira une Krista amusée, c’était le plus grand des vieux cons. »
Elle se retourna vers le Féca, attrapa son menton et vint placer un baiser sur son front. Elle susurra amusée :
« Bonne chance petit génie…cette ville risque d’avoir besoin de toi… »
Elle se retourna à son tour et disparut sous le regard à la fois gêné et troublé du Féca. Il n’avait pas vraiment comprit tout ce qui c’était passé…mais en lui il devinait que cette rencontre serait sans nul doute l’une des plus importante de sa vie…
***
Plus loin, à quelques ruelles de là, Sahana et Aeris avançaient plus prudemment. La jeune Ecaflip avait décidée de faire équipe avec la timide dragonne, afin de la protéger. Dague en main, elle ouvrait la marche…la créature rose la collant juste derrière :
« N’ai pas peur Aeris…je veille sur toi, déclara amusée la jeune femme.
-Mais…mais on est en territoire ennemi !
-C’est pour ça qu’on avance avec prudence si on fait attention tout ira bien… »
Un cliquetis provenant des hauteurs se fit entendre, et Sahana regarda immédiatement en direction de sa provenance. Avant qu’elle ne puisse esquisser le moindre geste, quatre mékas atterrirent autour des deux jeunes femmes…les menaçant de leurs bras mitrailleurs. La jeune dragonne rose hoqueta de surprise, et souffla une large bulle. Elle savait qu’elle ne crachait pas un élément bien dangereux, bien qu’étant persuadée qu’un jour elle ferait mieux, et tentait de le maitriser au possible. Une fois sa grosse bulle formée, elle entra dedans et regarda ses opposants d’un œil apeuré. Sahana serra les dents, elles étaient prises en tenaille et la situation s’avérait plus que préoccupante. Combien pouvait-elle s’en faire avant qu’ils n’ouvrent le feu…un, deux peut-être.
Plongée dans ses réflexions, elle ne vit l’ombre bleue atterrir à ses côtés qu’au tout dernier moment. Elle détailla la nouvelle arrivante d’un œil surprit. C’était une jeune femme à la peau bleue claire et aux cheveux d’un bleu bien plus foncé. Elle fixait les mékas de ses yeux jaunes malicieux, un sourire amusé aux lèvres. Elle devait avoir dans la quinzaine, et portait une longue robe blanche couverte de motifs floraux peint à la main. Elle tenait un large pot de peinture orange dans la main droite, sa main gauche venant vivement en retirer le couvercle :
« Vous êtes…moches ! Ria-t-elle en bondissant agilement dans les airs. »
Sous les regards médusés des deux femmes de Get Free, et des tirs des mékas, elle effectua une jolie pirouette et vint se réceptionner sur une première unité métallique. Elle plongea sa main libre dans le pot, la recouvrant de peinture, avant de venir la poser sur le capteur visuel de son nouveau perchoir. Elle badigeonna bien la zone, puis sauta sur un deuxième méka. Elle réitéra encore trois fois l’opération, recouvrant chaque ennemi de peinture orange, avant de repartir vers les hauteurs :
« Azura Prismart vient de faire une jolie œuvre, jubila-t-elle, je pense que les gens la nommeront…orange mécanique ! »
Partant dans un rire amusé, elle disparut sur les toits des bâtisses environnantes…partant rejoindre sa maman peintre et sa maman joueuse.
Sahana reporta son attention sur les mékas, elle savait qu’elle n’aurait pas droit à une deuxième chance. Elle se rua vers un premier adversaire, qui tentait en vain de dégager la peinture de son capteur, et vint planter sa dague directement dans son système moteur. Le méka crépita, puis s’éteignit presque instantanément. Elle retira sa dague, bien décidée à profiter du temps offert par cette mystérieuse jeune fille, et vint trancher les fils conducteurs d’un deuxième opposant. Elle ne remarqua qu’au dernier moment le troisième ennemi, étant parvenu à retirer la peinture le recouvrant, qui la prenait déjà pour cible. Elle pesta, voyant bien qu’elle ne pourrait esquiver une salve de tir à une distance aussi courte.
Se préparant au choc, elle serra les dents…avant d’écarquiller les yeux. Aeris venait de se ruer sur l’ennemi qui la tenait en joug, semblant rassembler tout son courage en une attaque. Elle bondit sur sa cible, faisant éclater la bulle l’entourant et venant ainsi perturber son adversaire, et planta ses crocs dans sa tête. Le méka se désactiva, et Sahana ne perdit pas d’autre temps. Elle repoussa d’un coup de pied l’unité qu’elle venait de désactiver, et lança sa dague directement dans le capteur oculaire du dernier. La dague se planta avec précision, traversant le verre pour venir transpercer les cellules « cérébrales » de sa cible. Le méka s’éteignit à son tour, laissant les deux jeunes femmes seules et victorieuses. Aeris leva son museau en l’air, et s’exclama tout en crachant des petites bulles :
« Tu as vue Sahana ?! J’en ai eu un ! J’en ai eu un à moi toute seule ! Maman serait tellement fière de moi ! »
Sahana partit dans un petit rire, puis indiqua via son commutateur que sa ruelle était dégagée.
***
« Mais comment j’ai pu me retrouver en duo avec toi sérieux…
-…
-Certes niveau choix il n’y avait pas énormément de chance que le sort me soit favorable…mais là...je crois que j’ai tirée la pire des cartes !
-…
-Mais dis quelque chose au moins ! Au lieu de t’empiffrer de bonbons ! »
Ciel marchait aux côté de Vaas, les deux jeunes arpentaient une longue ruelle débouchant sur une place à son extrémité. La jeune dragonne dorée semblait fortement contrariée de se retrouver avec le Sram, et ne manquait pas de le faire savoir. Elle fouettait l’air de sa queue, tandis que son comparse piochait dans son éternel paquet de sucreries.
« Et comment tu fais pour ne jamais grossir avec tout ce que tu manges, grommela la dragonne.
-…
-Mais réponds ! Te supporter c’est déjà dur mais si en plus tu ne parles jamais c’est même plus la peine de rester ensembles !
-Des ennemis droit devant…une dizaine je dirais…ils affrontent quelqu’un d’autre…une femme je pense…étrangement constituée. »
La dragonne s’arrêta, dévisageant le Sram immobile :
« Et comment tu peux savoir ça… ?
-Les ombres me le disent…
-Ok…donc en plus de ça t’es complètement fou…génial…
-… »
Sans un mot, Vaas se rua en avant…se dirigeant vers la place sous les contestations de Ciel. Il parvint bien vite à destination, observant la situation en silence. Une jeune femme, la vingtaine passée, était aux prises avec un groupe de méka. Elle avait de longs cheveux bleus foncés, des yeux violets aux pupilles rétractées et un tatouage sur le côté gauche de son visage. Elle portait une petite armure de cuir bleu et blanc, et une jupe blanche. Ses bras et ses jambes étaient recouverts d’une épaisse fourrure, et des pattes griffues remplaçaient ses mains et ses pieds. Elle usait d’agilité et de force pour se dégager de ses opposants mais semblait bien fatiguée. Les deux jeunes de Get Free l’avaient aperçus auparavant, elle se trouvait être la fille adoptive d’Illiana et de Séléna. Répondant au doux nom de Noctéa, la jeune femme était de l’espèce des Lycans…mi femme, mi bête. Ciel gronda à l’intention des unités métalliques, et se propulsa dans les airs. Elle survola rapidement la zone, et partit dans un long piqué vers ses cibles. Elle les rasa de prêt, crachant un torrent de flammes claires à leur attention. Ses ennemis se dispersèrent, laissant à la jeune Lycan le temps de plonger ses griffes dans le torse de deux d’entre eux. Elle battit ensuite en retraite vers Vass, tandis que Ciel hurlait à l’intention de celui-ci :
« Mais bouges toi un peu à la fin ! »
Le Sram soupira et tendit son paquet à Noctéa. Une fois certain que son bien était en sécurité, il s’avança d’un pas tranquille vers ses adversaires. Il arracha les manches de son manteau, déjà certain que Rose le lui reprocherait, et dévoila les étranges dispositifs attachés à ses avant-bras. Deux longs bracelets de cuir, auxquels étaient attachées deux petites arbalètes qui se déplièrent lentement, étaient en effet sanglés à ces endroits précis. Un ingénieux mécanisme permettait de faire tourner deux petits cercles de fer contenant les carreaux, favorisant ainsi une recharge rapide de ses armes. Le Sram empoigna les dagues attachées à sa ceinture, et patienta. Il clama d’une voix monotone :
« Ciel…rejoins Noctéa et protèges là…je me charge d’eux…
- Arrêtes ton char ! T’as pas d’ordres à me donner !
-Je vais me lâcher…je ne voudrais pas te blesser par inadvertance… »
Le Sram avait dit ces mots d’une voix menaçante, à tel point que Ciel en fut déboussolée. Elle vint atterrir auprès de la jeune Lycan, observant le combat qui allait commencer d’un œil intrigué.
Les mékas s’avançaient déjà en direction de Vaas, bien décidés à l’éliminer rapidement. Le Sram repéra le premier opposant à faire sonner le déclic de son arme à feu, et tendit ses deux bras vers lui. Sans un mot, il actionna ses arbalètes et laissa deux carreaux venir se planter dans le capteur oculaire de sa cible. Le méka se désactiva, tandis que ses confrères tiraient déjà sur celui qui avait osé les défier. Le jeune homme fit voler les pans de son long manteau d’un geste ample, et sa silhouette se noircit progressivement. Quand elle fut des plus sombre, il s’enfonça dans son ombre tandis quel les projectiles ne rencontraient que du vide. Il ressortit en s’éjectant de la grande ombre formée par le regroupement de mékas, plantant au passage ses deux dagues dans les jointures reliant la tête et le corps de deux de ses adversaires, et se dégagea rapidement en prenant appui sur eux pour se propulser dans les airs. Il avait laissé ses lames plantées dans ses victimes, aussi décida-t-il de se servir à nouveau de ses arbalètes. Il effectua une petite pirouette aérienne, inclinant sa tête vers le bas, et écarta ses bras. Visant avec précision deux nouvelles cibles, il tira ses carreaux et les désactiva sans autre forme de procès. Il atterrit un peu plus loin, ses arbalètes en cours de rechargement, et aperçu du coin de l’œil une unité lui foncer dessus. Elle gardait sa lame pointée en avant, semblant décidée à l’embrocher. Le Sram se prépara, prenant une légère posture de défense et comptant mentalement les secondes restantes avant son rechargement.
« 5… »
Le Sram inclina son corps en arrière, dans un exercice de souplesse pure, laissant la lame passer au-dessus de lui.
« 4… »
Il posa ensuite ses mains au sol et souleva ses jambes dans les airs, donnant un violent coup de pied dans le bras armé de la lame. L’arme du méka fut décalée vers le haut tandis que Vaas finissait sa roue pour reposer pied à terre.
« 3… »
Son opposant le visa de son bras mitrailleur, changeant visiblement de plan d’attaque. Le Sram fronça légèrement les sourcils et se concentra. Il avait entendu un bruit…un bruit ténu…celui du métal frôlant le sol. Sans se retourner il creusa son dos et balança ses bras en arrière.
« 2… »
Il posa ses mains sur la tête du méka qui avait tenté de l’attaquer par derrière au moment même où il sentit sa lame venir lui chatouille le dos. Il crispa ses doigts contre le métal, banda ses muscles, et envoya de nouveau ses jambes et le reste de son corps dans les airs. Il entendit le fracas des balles tirées, tandis qu’elles l’évitaient de peu pour venir s’écraser contre le méka lui servant actuellement d’appui.
« 1… »
Il se laissa tomber juste derrière lui, se protégeant du flot de balle en se plaquant contre la carcasse métallique. Il patienta légèrement, puis entendit le déclic lui indiquant que ses arbalètes étaient rechargées. Il esquissa un mince sourire et poussa violement son abris de fortune d’un coup de pied. Le méka qui lui tirait dessus se décala vivement pour l’arrêter, ne comprenant son tort qu’au dernier moment. Son capteur oculaire analysa le Sram qui se laissait tomber sur le côté, ses bras tendus vers lui. Les deux carreaux furent tirés presque immédiatement, et vinrent se ficher dans l’unité métallique dans un son de verre brisé.
Vaas laissa son corps percuter le sol dans un léger grognement. Il commença presque immédiatement à se relever, bien décidé à faire face au dernier méka restant. Il l’aperçut devant lui, déjà prêt à faire feu. Le Sram jura, maudissant son imprudence…avant de sourire amusé. Une vive lumière venait chasser les ombres autour de lui, et elle se déplaçait à grande vitesse. Il se plaqua au sol, tandis qu’une boule de feu venait s’écraser contre son opposant. Ce dernier explosa dans une grande gerbe de flamme, laissant s’échapper une colonne de fumée vers les cieux.
Le jeune homme se releva lentement, se tournant vers la dragonne qui venait de cracher ces flammes. Elle le regardait avec jubilation, clamant :
« Alors ! Qu’est-ce que tu ferais sans moi hein ?!
-… »
Le Sram soupira et se dirigea vers elle, ne cherchant qu’à récupérer son paquet de sucreries.
***
Dans une ruelle située plus à l’ouest, des mékas se ruaient vers une cible à abattre. Regroupés en une rangée bien compacte, il se faisait abattre un à un part des flèches de feu tirées avec vivacité et précision. Dimensa se tenait debout à l’extrémité de l’étroit passage. Concentrée, elle faisait pleuvoir une pluie de projectile sur ses ennemis. Son frère et sa sœur se trouvaient derrière elle, et elle comptait bien se battre jusqu’au bout pour les protéger :
« Restez bien derrière moi, hurla-t-elle d’une voix autoritaire, ils ne s’approcheront pas de vous ! »
Iale et Rubis se regardèrent, ils avaient confiance en leur grande sœur mais avait à cœur de l’aider au mieux. Elle les avait toujours protégée envers et contre tout, et pour eux il était de temps de rendre la pareille. Quand le jeune Eniripsa aperçut un petit groupe de deux mékas s’approchant plus ou moins discrètement dans leur dos, il chuchota ses instructions à sa sœur. Ils devaient s’en charger pour laisser à leur ainé la concentration requise pour arrêter la rangée fonçant sur eux. Tous deux acquiescèrent et s’éclipsèrent discrètement pour venir agripper les barreaux d’une échelle vissée à un bâtiment. Sans un mot ils escaladèrent la bâtisse et se retrouvèrent sur le toit. Rubis s’esclaffa :
« Je prends celui de droite, et toi celui de gauche ! On va aider grande sœur ! »
L’albinos acquiesça en silence et analysa la situation. Il avait un plan, mais devait attendre l’action de sa jeune sœur avant de passer à l’acte. La petite Eniripsa balaya le toit du regard, et repéra un large baril posé sur un rebord. Souriante elle hurla :
« Hey les grosses boites métalliques ! On est lààààààààààààààà ! »
Les deux mékas les repérèrent rapidement, tandis que Dimensa levait la tête en criant :
« Redescendez-vous deux ! Vous allez vous blesser !
-Meuh non t’en fais pas ! Regarde, je vais les surprendre en sautant ! »
Les pans de la robe à froufrou de Rubis furent agités tandis qu’elle descendait doucement, un Méka fonçant déjà sur elle pour l’embrocher de sa lame. Dimensa tenta de l’abattre, mais ne put se détourner de sa rangée d’ennemi sous peine de leur faire gagner du terrain. Elle poussa un cri déchirant quand elle aperçut la lame de la machine transpercer la robe…avant d’écarquiller les yeux. La robe était vide, et une Rubis hilare…en sous-vêtements amples, se tenait debout sur le toit. Elle pouffa :
« Manqué ! A moi ! »
Elle plaqua ses petits bras sur le baril, et poussa de toutes ses forces. Ses pieds patinèrent vivement contre le sol, tandis que la masse bougeait lentement. Le baril oscilla au bord du vide un instant…puis bascula. Il alla s’écraser avec fracas contre le méka, réduisant son crâne en miettes. Le deuxième opposant tenta de viser la petite, cherchant à l’abattre immédiatement, mais remarqua une ombre planant rapidement vers lui. Iale volait dans sa direction, et avant que le méka ne puisse esquisser le moindre geste…il fut sur lui. Il le contourna agilement et s’agrippa à son dos. Il ouvrit une sorte de petit capot, et plongea ses mains dans les câbles :
« Alors selon les livres si je débranche ça, murmura-t-il pensif, et si je le rebranche là. Ensuite je désactive ça, je branche ça et… »
Le méka fut secoué d’un soubresaut…puis se mit lentement en mouvement. Il s’arrêta aux côtés de Dimensa, tandis que Iale hurlait :
« Prépares toi à filer grande sœur ! »
Il donna un coup de pied dans les câbles et sauta en arrière, sous le regard incompréhensif de la Cra. Le méka vrombit un instant, et ouvrit le feu sur ses pairs…réduisant la colonne armée en véritables passoirs. Rubis retourna au sol pour remettre sa robe, pestant :
« Oh noooon…elle est trouée maintenant !
-Je t’en achèterais une autre si tu veux, murmura Dimensa en ébouriffants ses cheveux.
-Tu as vu comment on les a battus ! S’écria la petite Eniripsa en faisant de grands gestes.
-Oh que oui, pouffa la Crâ, et vous serez punis pour ça ! Vous m’avez désobéi !
-Mais…mais c’est pas juuuuuuuste ! Hurla Rubis en gonflant ses joues. »
Iala, adossé à son méka et le nez à nouveau plongé dans son livre, murmura amusé:
« J’m’en doutais tiens… »
***
Dans la plus grande avenue secondaire de la ville, un véritable raid avait été lancé. Les habitants pouvaient voir les mékas voler dans différentes directions, semblant propulsés par une force inarêtable. Des bruits de chocs sourds et de cavalcades résonnant entre les murs des bâtiments. Les badauds pensaient qu’un véritable monstre avait été relâché, sans se douter un seul instant que toute cette destruction était l’œuvre de deux femmes…et d’un Gaboju.
Le « Gaboju » en question était un imposant chef de guerre Bouftou, bardé de cicatrices et à la laine tressé. Ses deux cornes étaient finement taillées, signe que l’on s’occupait fort bien de lui. Sur son dos, aplatit le plus possible se cramponnant au mieux, se trouvait une Saya hilare. Elle adorait laisser charger son Bouftou en regardant le spectacle couchée dans sa laine, elle devait bien avouer que l’animal se lâchait complètement en cette journée. Les mékas ne parvenaient tout simplement pas à l’atteindre, et tentaient en vain d’échapper à cette masse en mouvement.
Ceux qui, par chance, parvenaient à échapper à la destruction…se faisaient alors percuter par un torrent d’eau à haute pression. Yunie volait en effet juste au-dessus de l’Osamodas, et crachait son élément naturel sur les quelques rescapés du massacre. Les deux jeunes filles progressaient ainsi à une vitesse folle, couvrant une large distance et gagnant haut la main la palme du plus grand nombre de mékas détruit.
Trop confiantes, elles ne virent le pétrin dans lequel elles s’étaient fourrées que bien trop tard. Ce fut Yunie qui aperçut les deux mékas en fin de route la première, elle trouva étrange que leur tête tourne rapidement. Elle tenta de le crier à son amie, quand une détonation assourdissante vint les surprendre toutes les deux. Les deux unités métalliques venaient de se faire exploser, faisant s’effondrer les murs des bâtiments environnant par la même occasion. Le passage était désormais barré, et Saya dut faire freiner Gaboju immédiatement. L’animal eut toutes les peines du monde à s’arrêter, mais parvint finalement à ne pas percuter le mur nouvellement formé au tout dernier moment.
Yunie resta en vol au-dessus de son amie, effectuant de petits cercles en analysant la zone. Une troupe de méka commençait déjà à débouler par une ruelle adjacente, et Gaboju n’aurait jamais le temps de se lancer dans une nouvelle charge avant le début de leur séquence de tir. Saya était prise au piège, et elle savait que ses chances de s’en sortir étaient bien minces. Elle murmura à l’intention de la dragonne :
« Allez…file…je ne veux pas que tu sois blessée…
-Non ! Je ne vais pas te laisser ! Je vais les maintenir à distance le temps que tu puisses lancer une charge !
-Non…tu n’en auras pas le temps…on a été trop confiantes…et on le paye…préviens les autres…j’essaierais de tenir en attendant…si à votre retour la situation est trop périlleuse…laissez-moi là…
-Je ne compte pas laisser ma demi-sœur en danger, piailla la dragonne.
-Moi non plus ! »
Les deux jeunes femmes levèrent les yeux en l’air, en direction de la voix qui venait de parler. Une majestueuse dragonne bleue, plus grande que Yunie, venait d’apparaitre dans les cieux. Elle les survolait à une vitesse folle et se dirigeait vers la troupe de mékas. Yunie hurla :
« Noc’ ?! Mais…mais qu’est-ce que tu fais là ?!
-J’allais pas laisser mes sœurs dans le pétrin quand même, rugit la dragonne avec amusement. »
Elle se posa sur le sol, faisant face aux mékas. Se redressant sur ses pattes arrière, elle déplia en grand ses ailes en grognant de colère. Les machines s’arrêtèrent, tentant d’évaluer la menace que représentait cette nouvelle arrivante. Leurs capteurs s’affolèrent, tandis que le loquet de leurs armes se déverrouillait. Ils avaient devant eux une menace des plus sérieuses, et devaient l’abattre rapidement. Nocturna reposa ses pattes au sol, et gonfla son ventre. Elle ouvrit en grand sa gueule, et cracha un épais nuage de gaz. Les mékas, aveuglés, commencèrent à ouvrir le feu. Leurs balles ne rencontrèrent que le vide, tandis que leur structure interne était en proie à de nombreux dysfonctionnement. Le gaz semblait affecter leur mécanisme, et leurs mouvements se firent plus saccadés. Nocturna était une dragonne caméléon, et crachait de véritables nuages de poisons. Elle s’abattit sur ses proies avec discrétion et efficacité, les démembrant et les réduisant en pièce en un rien de temps. Quand le nuage se dispersa, elle était seule au milieu d’un tas de carcasse de métal.
Yunie se précipita vers elle, ronronnante. Elle se frotta contre sa grande sœur, la remerciant par ce geste symbolique. Saya esquissa un sourire en les voyant faire. Son commutateur s’activa, rapportant les différentes victoires de ces amis dans les rues de la ville. La jeunesse était en train de changer le cours de la guerre au sol…et ils n’en étaient pas peu fiers.
Levant les yeux vers le ciel, pour observer le déroulement de la bataille céleste, elle fronça les sourcils et hurla :
« Et merde ! Le Liberty…il…il… »
Le Zeppelin de Get Free ne bougeait plus, une légère volute de fumée s’échappant de l’arrière de l’appareil. D’épais câbles d’aciers étaient plantés dans son flanc, tirant lentement le vaisseau vers leur origine…le Nova Sky de Clocktown.
Si au sol les troupes regagnaient du terrain, dans le ciel la victoire semblait désormais acquise à Clocktown.
Re: NoD Remaster
Et bien ma foi, une excellente partie! La New Get Free promets, chaque membre est génial.
Les combats sont bien orchestrés, bref du tout bon sur ce point. ^^
Mention spéciale à:
-Vaas, qui est certainement mon perso préféré de ce chapitre. C'est un L le mec, son attitude est vraiment tordante xD Et à côté de ça, c'est un putain de bon combattant (très bien joué le coup du décompte pour le rechargement des arbalètes!)
-Krista, qui m'a fait mourir de rire aussi avec ses insultes adressées à Piotr: "Mais quel vieux chieur!" xD
-La majorité des groupes qui s'entraident et se complètent: c'est très bien fait.
Des personnages hauts en couleur, et tous ayant un caractère différent.
Il me tarde de voir la suite! Continue comme ça! ^^
Les combats sont bien orchestrés, bref du tout bon sur ce point. ^^
Mention spéciale à:
-Vaas, qui est certainement mon perso préféré de ce chapitre. C'est un L le mec, son attitude est vraiment tordante xD Et à côté de ça, c'est un putain de bon combattant (très bien joué le coup du décompte pour le rechargement des arbalètes!)
-Krista, qui m'a fait mourir de rire aussi avec ses insultes adressées à Piotr: "Mais quel vieux chieur!" xD
-La majorité des groupes qui s'entraident et se complètent: c'est très bien fait.
Des personnages hauts en couleur, et tous ayant un caractère différent.
Il me tarde de voir la suite! Continue comme ça! ^^
Bluefox82- L’Utopiste
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Age : 28
Localisation : Dans mon humble demeure, ou dans une auberge quelconque, tant que je peux boire et écouter les bardes.
Re: NoD Remaster
Wow! C'est épique tout ça! tu coooombat! Plus sérieusement, super texte. On découvre des personnages encore inconnu, et ça fait plaisir! Et personnellement, j'ai aussi un coup de cœur pour vaas! Il est... épic. Et d'ailleurs, Kolo, elle n'est pas en bataille du coup? Et j'imagine que Docera doit de toute façon être avec elle? (Oui, je sais tu veux pas le mettre, c'est juste pour savoir :p) Hâte de lire la suite! Continue comme ça!
Lashet- L’Activiste
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Re: NoD Remaster
Gaaaaa....boooo....JU !
Voilà, ça je me devais de le faire, et maintenant, on va recommencer par...le teaser, puis la relecture !
*Mise en place de la cassette, lancement de la radio, écoute tranquille* (https://www.youtube.com/watch?v=PDJLvF1dUek, désoler mais j'était tenté :p)
Bon, on va commencer par...le début sous cette joyeuse atmosphère : La discutions entre tout les jeunes est tout simplement magique, et m'a fait rire sur son dénouement pour le moins autant attendu qu-inattendue ! ^^
Bon après l'arrivé plus qu'efficace de nos jeune héros et le sauvetage du couple de garde ainsi que de la famille, du Get Free tout craché ça, mais ça fait plaisir !
Bon après pas de commentaire particulier à faire si ce n'est...Piotr...t'as toujours été un connard <3
Après la mise en place du plan, bah franchement...oui, rapide et concis comme il faut faire !
La rencontre des deux génies...breeeeef ! XD
Krista je t'offre la palme d'or des insultes de ce passage avec ton "c'est le plus grand des vieux cons" !
Bon après on passe au groupe Aeris/Sahana qui...ma foi fail magnifiquement leur discrétion (20...échec critique !).
Après l'apparition d'Azura on passe de surprise en surprise avec le coup de la peinture (pourquoi orange ? XD) et surtout de l'attaque plus que désespéré d'Aeris (courage ma grande un jour tu apprendra à combattre !)
Après...Vaas et Ciel...juste...non ! Il vont pas ensemble ça c'est sûr, entre la dragonne bien trop fière et le Sram silencieux et dévoreur de bonbons, y a de quoi s'arracher les cheveux. Par contre Vaas...en combat...est digne d'un Crâ croisé d'un Sram...oh wait !
Petit clin d’œil sur le passage de Noctéa au passage, ça fait plaisir !
Après je passe sur de l'inconnu, avec Dimensa, Iale et Rubis, que je ne connais pas, mais qui sont eux aussi haut en couleur. La technique de combat des deux jeune est juste incroyable et la reprogrammation du méka m'a juste fait marré ! :p
Bon après je vais pas le refaire...si ?
GABOJU ! Toujours haute en couleur, digne de ses parents, petite récompense pour notre Saya ! Perso le plus kawaii de cette épisode ! En compagnie d'une Yunie des plus aquatique, sans oublier un bouftou magnifiquement efficace ! Enfin bref tout pour plaire ! :p
Petit clin d’œil à Nocachou également, dragonne de mon cœur ! *^*
Et on fini sur l'abordage, enfin le début de se qui semblerait être l'abordage du Liberty...Mais que va t'il se passer ?! Oo
Brefouille, après cette tonne de résumé/impression/commentaire, je vais conclure !
Ce passage m'a encore faire vibré de joie, et d'impatience, chaque seconde de lecture est vraiment magnifique avec toi et je regrette même de ne pas l'avoir fait hier, continue comme ça et...
LA SUIIIIIIITE !!! <3
Voilà, ça je me devais de le faire, et maintenant, on va recommencer par...le teaser, puis la relecture !
*Mise en place de la cassette, lancement de la radio, écoute tranquille* (https://www.youtube.com/watch?v=PDJLvF1dUek, désoler mais j'était tenté :p)
Bon, on va commencer par...le début sous cette joyeuse atmosphère : La discutions entre tout les jeunes est tout simplement magique, et m'a fait rire sur son dénouement pour le moins autant attendu qu-inattendue ! ^^
Bon après l'arrivé plus qu'efficace de nos jeune héros et le sauvetage du couple de garde ainsi que de la famille, du Get Free tout craché ça, mais ça fait plaisir !
Bon après pas de commentaire particulier à faire si ce n'est...Piotr...t'as toujours été un connard <3
Après la mise en place du plan, bah franchement...oui, rapide et concis comme il faut faire !
La rencontre des deux génies...breeeeef ! XD
Krista je t'offre la palme d'or des insultes de ce passage avec ton "c'est le plus grand des vieux cons" !
Bon après on passe au groupe Aeris/Sahana qui...ma foi fail magnifiquement leur discrétion (20...échec critique !).
Après l'apparition d'Azura on passe de surprise en surprise avec le coup de la peinture (pourquoi orange ? XD) et surtout de l'attaque plus que désespéré d'Aeris (courage ma grande un jour tu apprendra à combattre !)
Après...Vaas et Ciel...juste...non ! Il vont pas ensemble ça c'est sûr, entre la dragonne bien trop fière et le Sram silencieux et dévoreur de bonbons, y a de quoi s'arracher les cheveux. Par contre Vaas...en combat...est digne d'un Crâ croisé d'un Sram...oh wait !
Petit clin d’œil sur le passage de Noctéa au passage, ça fait plaisir !
Après je passe sur de l'inconnu, avec Dimensa, Iale et Rubis, que je ne connais pas, mais qui sont eux aussi haut en couleur. La technique de combat des deux jeune est juste incroyable et la reprogrammation du méka m'a juste fait marré ! :p
Bon après je vais pas le refaire...si ?
GABOJU ! Toujours haute en couleur, digne de ses parents, petite récompense pour notre Saya ! Perso le plus kawaii de cette épisode ! En compagnie d'une Yunie des plus aquatique, sans oublier un bouftou magnifiquement efficace ! Enfin bref tout pour plaire ! :p
Petit clin d’œil à Nocachou également, dragonne de mon cœur ! *^*
Et on fini sur l'abordage, enfin le début de se qui semblerait être l'abordage du Liberty...Mais que va t'il se passer ?! Oo
Brefouille, après cette tonne de résumé/impression/commentaire, je vais conclure !
Ce passage m'a encore faire vibré de joie, et d'impatience, chaque seconde de lecture est vraiment magnifique avec toi et je regrette même de ne pas l'avoir fait hier, continue comme ça et...
LA SUIIIIIIITE !!! <3
Opheliana- L’Idéaliste
- Messages : 94
Date d'inscription : 05/09/2014
Re: NoD Remaster
Les jeunes, ils assurent ! C'est la première chose qui me vient à l'esprit une fois ce chapitre finit. Comme l'a dit Harkane, les combats sont très bien orchestré, et très agréable à lire, j'aime bien voir les différentes manières qu'on de se battre chaque enfant de la guilde et la manière dont ils se complètent entre eux, dans chaque groupe. ^^
J'allais aussi dire que Vaas est le personnage que je préfère, mais... J'ai l'impression que c'est le cas de tout le monde à force ! xD
Mais en tout cas oui, ça reste le personnage que j'ai le plus adoré dans ce passage. J'en vient même à me demander comment Rose et Shiki l'on élever, ce qu'il a apprit... Et de même pour Saya au final, je suis curieux de savoir ce qu'elle fait subir à la pauvre Shiki ! xD
Le duo Piotr/Krista était comique à voir, et mon dieu... Mais Krista a un de ses sales caractères, c'est pas possible ! Le nombre d'insultes qu'elle balance à Piotr, c'est fou. x)
Aeris est troooop mignonne ! La pauvre quand même, de se retrouver au milieu des combats comme ça... Même si au final, elle se débrouille bien. ^^
Et merci encore pour la fin, hein ! C'est ce qui s'appelle donner envie pour la suite ça ! Même si c'est plus ou moins la même situation que dans la premier NoD, hâte de voir comment tu va tourner ça cette fois ! ^^
Sinon, pas grand chose à redire pour la forme, mis à part deux trois fautes par ci par là, mais rien de bien grave. ^^
Continue comme ça en tout cas, encore un très bon chapitre. ^^
Et il me tarde de voir la suite ! ^^
J'allais aussi dire que Vaas est le personnage que je préfère, mais... J'ai l'impression que c'est le cas de tout le monde à force ! xD
Mais en tout cas oui, ça reste le personnage que j'ai le plus adoré dans ce passage. J'en vient même à me demander comment Rose et Shiki l'on élever, ce qu'il a apprit... Et de même pour Saya au final, je suis curieux de savoir ce qu'elle fait subir à la pauvre Shiki ! xD
Le duo Piotr/Krista était comique à voir, et mon dieu... Mais Krista a un de ses sales caractères, c'est pas possible ! Le nombre d'insultes qu'elle balance à Piotr, c'est fou. x)
Aeris est troooop mignonne ! La pauvre quand même, de se retrouver au milieu des combats comme ça... Même si au final, elle se débrouille bien. ^^
Et merci encore pour la fin, hein ! C'est ce qui s'appelle donner envie pour la suite ça ! Même si c'est plus ou moins la même situation que dans la premier NoD, hâte de voir comment tu va tourner ça cette fois ! ^^
Sinon, pas grand chose à redire pour la forme, mis à part deux trois fautes par ci par là, mais rien de bien grave. ^^
Continue comme ça en tout cas, encore un très bon chapitre. ^^
Et il me tarde de voir la suite ! ^^
Shiki Van Shërza- Les Fondateurs
- Messages : 473
Date d'inscription : 13/10/2013
Age : 30
Localisation : Sufokia
Re: NoD Remaster
Ca c'est de la jeunesse! Têtue, explosive, dispersée...
Je vais pas rabacher ce que miss dragon a dis plus loin, chaque perso est géééénial, encore merci d'avoir mis les jumeaux et Dim' en scène, ça fait vraiment plaisir!
Aller, j'aime bien causer de ce qu'on cause pas!
Moi je dis, c'est le Liberty qui se tracte vers le vaisseau et qui vas aller à l'abordage!
REVOLUTIOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOON!
Et si c'est pas ce qu'écrit Birth, bah il a tord, j'ai toujours raison, d'abord! \o/
*se fait kick pour prétention*
Je vais pas rabacher ce que miss dragon a dis plus loin, chaque perso est géééénial, encore merci d'avoir mis les jumeaux et Dim' en scène, ça fait vraiment plaisir!
Aller, j'aime bien causer de ce qu'on cause pas!
Moi je dis, c'est le Liberty qui se tracte vers le vaisseau et qui vas aller à l'abordage!
REVOLUTIOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOON!
Et si c'est pas ce qu'écrit Birth, bah il a tord, j'ai toujours raison, d'abord! \o/
*se fait kick pour prétention*
Albynn- Le Respectable
- Messages : 1259
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Age : 32
Localisation : Devant mon ordi! T'as cru quoi?
Re: NoD Remaster
Du très bon au niveau des jeunes (Surtout Vaas qui est très drôle de mon point de vue, il me fait penser à Jo' dans Prison School.). Et un délicieux futur retraité aussi!
Bon pas grand chose à ajouter de plus vu que la majorité à été dit. Bonne continuation espèce de margoulin!
Bon pas grand chose à ajouter de plus vu que la majorité à été dit. Bonne continuation espèce de margoulin!
Mama Koi- L’Activiste
- Messages : 112
Date d'inscription : 07/09/2014
Age : 30
Localisation : Je sais pas ... ya de la lumière là bas...
Re: NoD Remaster
*Cherche quelque chose de nouveaux a dire *
Semblerait que tout ait déjà été dit mais bon ...
Super chap comme d'hab, de l'action à en pleuvoir, et y'a pas à dire, les jeunes ils assurent !
La suite !
Semblerait que tout ait déjà été dit mais bon ...
Super chap comme d'hab, de l'action à en pleuvoir, et y'a pas à dire, les jeunes ils assurent !
La suite !
Ihephe- Les Fondateurs
- Messages : 360
Date d'inscription : 13/10/2013
Age : 30
Localisation : Problament ici dans la taverne, sinon dans une aventure
Re: NoD Remaster
Et nous y voilà ! Episode 17 qui continue dans ce que fut NoD premier du nom. Pas mal de changements cela dit, et j'espère que vous les apprécierez. On approche peu à peu de la fin et j'avoue que j'en suis pas mécontent...en attendant un énorme MERCI pour tous vos retours ! 150 pages d'écrit c'est énorme et vous me motivez à ne plus les regarder que par fierté ! Bref...trêve de bavardage...
Le point :
Harkane : Merci ! : Bah Vaas est vraiment un perso que j'adore ça a du se voir, huereux que le duo Krista/Piotr t'es plut...il m'a bien fait rire !
Lashet : Merci ! : Kolo est avec Ecly mais ans Docéra (épisode 13 si je me goure pas ^^)
Ophe : Gros gros merci ! : Ils sont énormes tes coms, ils me font carburer à balle. Pas mal de persos de nos couples donc heureux qu'ils t'aient tous plut ! Continues comme ça t'es au top !
Shiki : Merci ! : Oui on arrive sur le coeur de NoD...et il me faut trouver des changements. C'est pas forcément des plus simple mais c'est kiffant de revisiter cette histoire !
Boune : Merci ! : Et nan tu as tord il va se passer *SPOIL*
Mama : Merci ! : Heureux que ça te plaise en tout cas !
Ihephe : Merci ! : T'es toujours à la bourre...mais cet épisode à venir te concernes '3'
Sur ce ! Bonne lecture !
Les moteurs vrombissaient paisiblement, maintenant un véritable miracle technologique en place. Le Nova Sky, fierté de Clocktown et pilier de cette guerre adressée à un monde entier, semblait défier les cieux…illustrant bien l’arrogance de son capitaine. Le soleil avait amorcé sa lente descente vers le crépuscule depuis plusieurs heures déjà, la fin de journée ne tarderait bientôt plus à poindre.
Dans un bruit strident, mêlé au son étrange des treuils en marche, les longs câbles d’acier tendus ramenaient le Zeppelin des hommes à la plume vers leur ennemi. L’appareil avait effectué plusieurs manœuvres pour tenter de se dégager, mais ses attaches étaient bien trop solides…et le moindre faut mouvement pouvait mettre en péril la structure de ce qui était devenu le dernier espoir d’une nation entière.
A bord de l’imposant Zeppelin des machinistes, Heldegast regardait la bannière de Get Free d’un regard fatigué. Rien ne s’était passé comme il l’avait espéré, et il tenait cette fichue guilde responsable de tous ces tords. Ils avaient redonnés de l’espoir, avaient abattus plusieurs appareils de Clocktown…et n’avaient jamais été aussi proche de l’antenne. Le Féca avait dû se résoudre à user d’une tactique risquée, attirer son ennemi à lui pour le détruire de l’intérieur. Il aurait préféré les abattre, les voir sombrer à travers les cieux dans un déluge de fumée. Mais l’appareil semblait intouchable…innarêtable. Seul un assaut brutal parviendrait à les stopper.
L’ingénieur se massa doucement les paupières, cette guerre l’épuisait…et il était temps d’y mettre un terme. Il appuya sur le bouton de l’appareil de communication du Zeppelin, et clama d’une voix autoritaire :
« A tout le personnel du Nova Sky, activez les mékas de la soute et dirigez les vers la passerelle extérieure tribord. Nous les laisserons entrer dans le Zeppelin ennemi, et ils nous accorderont la victoire finale. »
Plusieurs approbations retentirent, et Heldegast coupa la communication. Il reposa ses mains sur le gouvernail, soupirant avec lassitude. Ces bouseux lui opposaient bien trop de résistance, eux qui auraient dû l’accueillir à bras ouverts. Il leur apportait quand même savoir et protection…en plus d’un véritable plan pour un avenir radieux. Et tout ce que trouvait à faire cette véritable bande d’inculte…c’était de le repousser avec violence.
Mais il s’y était attendu, et avait donc planifié toute cette opération. Elle porterait ses fruits, malgré les quelques revers qu’ils avaient déjà essuyés. Amakna ne faisait que survivre depuis plusieurs heures, et le Féca était persuadé que le vent finirait par tourner. Il fallait juste être patient, jouer la prudence et attendre que la fatigue fasse son œuvre.
C’est avec un petit sourire victorieux aux lèvres qu’il se tourna vers l’opérateur de communication qui s’approchait de lui. Le jeune homme tremblait légèrement et était bien pâle, ce qui ne manqua pas d’étonner le capitaine du Nova Sky. Il s’exclama :
« Et bien…on dirait que quelque chose t’as choqué opérateur…
-Je…je…j’ai rétablis la communication avec Clocktown Monsieur, bégaya le pauvre homme qui ne se doutait pas un seul instant du pétrin dans lequel il s’était fourré, je…je vous les passe… »
Il tendit un large casque équipé d’un micro, détournant le regard…honteux. Heldegast haussa un sourcil, peu rassuré à la vue des réactions du jeune homme. Il se saisit de l’appareil de communication et le plaqua contre ses oreilles. Il clama ensuite d’une voix forte :
« Ici Heldegast ! Quelle est la situation à Clocktown ?! »
Un éclat de de rire lui répondit, puis le silence revint. Le Féca serra machinalement les dents, quelque chose clochait. Il s’apprêtait à parler de nouveau, quand les haut-parleurs crachotèrent :
« Ici Wyatt…et je vais te la donner moi la situation. Joms est mort. Russel est mort. Jack a disparu. Le manoir a amorcé sa descente en vue d’un atterrissage. La ville est aux mains de tous ces rebus que tu détestes tant Heldegast…
-Ecoutes moi bien le bouseux…commença un Heldegast retenant avec difficulté sa haine, sa voix tremblotant sous la fureur l’animant.
-Non ! Toi écoutes moi sombre élitiste de merde, hurla Wyatt, la ville est à nous ! Plus personne ne te soutiens là-bas ! Quoi que tu fasses maintenant, tu ne nous empêcheras pas d’être libre et d’atteindre le sol. Tu es tout seul ! Aucun de nous ne te soutiens…et si tu as le malheur de survivre à cette bataille…crois bien que je me démerderais pour te tuer de mes mains. Clocktown ne t’appartiens plus…alors j’espère pour toi que tu gagneras cette guerre…sinon tu perdras tout. »
Le grésillement ne retentit plus, la communication ayant visiblement été coupée. Heldegast retira lentement son casque, le serrant dans sa main. Son visage se crispa et il projeta avec violence le casque vers le sol. Il fulminait, la situation lui échappait donc belle et bien. Il devait réagir, reprendre le contrôle et mener toute son opération à son terme. Il actionna à nouveau le bouton des communications du zeppelin, et hurla d’une voix autoritaire :
« J’accompagne les mékas dans le Zeppelin de ces enfoirés de révolutionnaires ! Attendez mon arrivé ! »
Un silence de mort lui répondit, sa rage ayant visiblement effrayée ses interlocuteurs. Il inspira longuement, vérifia que son pistolet se trouvait toujours dans la poche interne de sa veste…et s’éloigna d’un pas déterminé du poste de pilotage.
A l’intérieur du Liberty désormais entravé, un silence lourd de sens régnait. La déception se lisait sur chaque visage présent, les têtes étaient baissées…les mines graves. Ihephe était adossé à un mur, regardant la tourelle qu’il venait de quitter. Il se demandait ce qu’il aurait pu faire pour éviter cette maudite situation, mais rien ne lui venait à l’esprit. Cyd gardait ses mains posée sur un gouvernail devenu inutile. A quoi bon changer de cap quand on ne peut s’éloigner de son ennemi, les manœuvres brillantes qu’il avait menés jusque-là lui étant désormais interdites. Harkane gardait la tête basse, son corps courbé et ses bras ballants. Du sang s’échappait de ses lèvres, le drain d’énergie du Liberty l’épuisait. Il faisait son possible pour tenir bon, mais la situation devenait de plus en plus préoccupante. Lenz, enfin, ne parvenait à détacher son regard de l’antenne de communication crevant les feuillages de la Futaie Trouée. Si proche…ils étaient si proches. Pourtant ils le savaient tous, en cet instant ils n’en avaient jamais été aussi éloignés. Le capitaine ferma les yeux, et maugréa :
« Ils nous ont abordés…nul doute qu’ils vont envoyer leurs troupes à l’intérieur du Liberty pour nous arrêter définitivement. On fait quoi maintenant… ?
-Moi de toute façon je ne risque pas de bouger, soupira difficilement l’Ecaflip, si je lâche les câbles on aura définitivement perdus…
-Il va falloir se battre… »
C’était Ihephe qui avait lâché cette évidence, le combat semblait en effet inévitable. Tous acquiescèrent en silence, ils devaient se préparer. Pourtant quelque chose clochait, un fait dérangeant rendait cette situation bien plus dramatique encore. Ce fut Cyd qui osa l’énoncer à haute voix :
« On ne peut pas tous rester. Cette salle n’a jamais été conçue pour servir de lieu de combat…les installations sont trop resserrées, on manque de place. Le combat ne pourra se dérouler ailleurs, on doit protéger Harkane pour maintenir le Liberty en vol…
-Combien…souffla Lenz entre ses dents serrées, combien peuvent rester… ?
-Si on ne veut pas que les combats s’éparpillent dans tout le Zeppelin, ce qui nous serait plus problématique qu’autre chose vu la taille de leur armée…je dirais un seul. Un seul d’entre nous peut rester en plus d’Harkane pour ce combat. L’avantage étant qu’avec un seul lieu de combat à bord…tous les mékas déboucheront de la porte du poste de pilotage. Ils ne pourront tous entrer en même temps…ça laissera à celui qui reste un moyen de se défendre efficacement. »
Le silence retomba une nouvelle fois entre les hommes présents, ils savaient que celui qui resterait avait de grandes chances d’y laisser la vie. Mais à côté de ça, l’évidente défaite que provoquerait leur abandon ne pouvait être tolérée. Cyd soupira à nouveau et murmura :
« Bien…procédons par élimination. Harkane doit forcément rester, c’est un fait tout simplement indiscutable. Moi…je ne pense pas être un combattant suffisamment aguerri pour pouvoir vaincre tous les mékas qui franchiront cette porte. Enfin…ça ne peut être Ophéliana…qui aura la charge de ramener ceux qui quitteront le Zeppelin vers la terre ferme. Et inutile de songer à tenter d’assister celui qui se trouvera dans le Liberty à dos de dragon…on ne risque que de gêner le conflit et mettre inutilement des vies en danger. Avec tous ces paramètres il ne reste que…
-Lenz et moi, soupira Ihephe en venant poser son regard sur sa meilleure amie.
-Je reste, vous filez…clama Lenz en relevant doucement la tête, défiant le Iop du regard.
-C’est hors de question Lenz, hurla Ihephe en s’avançant vers elle, tu as une famille…tu es notre chef ! Ta perte serait trop lourde…la mienne…beaucoup moins !
-Je vous ai promis qu’aujourd’hui personne ne mourrait ! Je tiens toujours mes promesses, et en tant que chef j’ai justement le devoir de tout faire pour protéger mes hommes !
-Ouvres les yeux bordel…personne ne m’attend au sol. Je suis seul, et couvre tes arrières depuis plus de quinze ans ! Alors fais-moi le plaisir de monter sur le dos de celle que tu aimes et de te tirer d’ici !
-Je refuse simplement, je ne te laisserais p… »
Ihephe s’était avancé, un dernier pas en avant pour faire taire son amie. Il avait porté un coup direct dans l’une des jointures protégeant le ventre de la belle, le choc avait été violent…et la pauvre Sacrieuse n’y avait pas résistée. Elle posa ses mains sur le bras de celui qu’elle considérait comme étant son meilleur ami, et jeta un regard reflétant son incompréhension à son encontre. Elle s’affaissa en avant, sombrant dans l’inconscience tandis qu’il la rattrapait. Cyd le fixa et soupira :
« Tu es sur que c’est ce que tu veux… ?
- Certain, je ne laisserais pas cette idiote mourir comme ça. Je veille sur elle…et je ne me pardonnerais jamais sa mort. Elle va probablement me détester pour ce que je viens de faire, mais c’est pour le bien de tous…
-C’est d’accord…murmura le Féca en fermant les yeux. »
Il activa son commutateur et ordonna à la dragonne ravageant les cieux de revenir. Ihephe avait pris une décision, et il était prêt à en assumer toute ses conséquences.
Au sol, au centre d’une place jonchée de carcasses mékaniques, Tyra et ses compagnons se reposaient. La libération de cette zone avait été complexe, et ils étaient désormais exténués. Poppy pansait les blessures de Waddle, Mama reprenait ses forces allongée par terre, Oxo tentait de déterminer le prix des pièces détachées çà et là et Protocole Hit…préparait le thé. Nul doute qu’ils comptaient repartir au combat au plus vite, la ville étant toujours le théâtre d’un conflit massif. Le son des affrontements parvenaient jusqu’à eux dans un flot ininterrompu de fracas de lame, de tirs et d’explosions. La guerre semblait bien loin de se terminer, et la vision du Liberty désormais captif semblait peser lourd sur la conscience de chacun. Les heures à venir seraient cruciales, et les hommes au sol allaient devoir redoubler d’effort si ils voulaient sortir victorieux de cette crise.
La Crâ rousse se redressa, récupérant son arc posé à ses côtés. Ils devaient y retourner, assister les gardes était impératif pour maintenir un semblant de confiance parmi les troupes. Elle s’apprêtait à sonner le départ au combat, quand elle aperçut une masse blanche filer à travers les cieux. Elle écarquilla les yeux en reconnaissant la majestueuse dragonne de Get Free, et agita ses bras pour lui signaler sa position. Opheliana sembla l’apercevoir, car elle décrocha en un instant de sa trajectoire initiale pour se diriger à vive allure vers le petit groupe. Elle se posa brutalement au sol, faisant légèrement trembler le sol et soulevant un épais nuage de poussière. Le petit groupe se protégea les yeux, puis détailla la nouvelle arrivante. La dragonne semblait fatiguée, ses assauts aériens et ses esquives avaient bien entamés ses forces. Sur son dos se tenait Cyd, le Féca la chevauchant en grimaçant. Il tenait une Lenz inconsciente contre lui, la Sacrieuse gardait la tête basse et les yeux fermés. Il sauta à terre, traina le corps inanimée de sa chef sur le sol, et l’adossa à un muret. Tyra le fixa affolée et cria :
« Mais qu’est-ce que vous foutez ?! Vous devriez être là-haut !
-C’est plus complexe que ça…soupira Cyd en fixant les cieux, pour résumer…c’est à Ihephe de jouer maintenant.
-Et on est sensés rester là à prier pour qu’il parvienne, seul, là où vous avez échoués depuis plusieurs heures ?!
-C’est un peu l’idée ouais…maugréa le Féca, on ne peut se battre à plusieurs là-haut. Cette idiote de Lenz a voulu rester…tu peux voir où ça l’a menée. »
Tyra soupira en se massant la nuque, elle n’aimait pas vraiment l’évolution de la situation. Cyd gardait quant à lui les yeux rivés vers le ciel, fixant le Nova Sky. Il se tourna soudainement vers la Cra en clamant :
« Il y a peut-être quelque chose qu’on peut tenter pour aider Ihephe !
-Ah ? Je técoute…
-Si nous réussissions à nous introduire dans le bâtiment ennemi…on pourrait tenter de le décrocher du Liberty et ainsi permettre à Ihephe de reprendre l’avantage ! Ca stoppera l’afflux de Méka en plus de lui laisser à nouveau le champ libre pour les manœuvres !
-T’es sur de ton coup là…ça parait quand même assez risqué…
-Je suis sûr de rien…pour une fois…mais va savoir, peut être que l’attitude « Rentre dedans » de notre chère chef commence à déteindre sur moi. Pouffa le Féca.
-Je ne pourrais transporter que deux personnes dans mon état, soupira la Dragonne, alors…qui vient ?
-Déjà je prends une place, je ne pense pas me tromper en affirmant que je suis le seul à savoir manœuvrer un Zeppelin…ricana Cyd.
-Je viens aussi, s’exclama Tyra en serrant un peu plus son arc, j’ai besoin de me sentir un peu plus utile que sur ce sol de conflit permanent !
-Bien, murmura la dragonne en s’aplatissant au sol, alors grimpez vite…on règle ça le plus rapidement possible. Mama…veilles sur Lenz, je ne veux pas qu’il lui arrive quoi que ce soit...
L’Eniripsa acquiesça tandis que le Féca et la Cra montaient sur le dos d’Opheliana. Elle porta un dernier regard à la Sacrieuse assoupie, lui promettant silencieusement de la retrouver le plus vite possible. Ca la dérangeait de la laisser…mais elle se devait de tout faire pour arrêter ce conflit. C’est ce que sa bien-aimée aurait voulu. Elle ramena son regard amusé vers le ciel, songeant que Lenz était décidément bien mignonne quand elle dormait, et elle décolla dans un puissant battement d’ailes.
Tandis qu’elle filait vers le ciel, la Sacrieuse s’éveillait doucement. Entre-ouvrant ses yeux elle tendit faiblement sa main vers sa dragonne…tentant de l’appeler, en vain.
Heldegast avait quitté le poste de pilotage, laissant à ses hommes le contrôle de l’appareil. Ceux-ci s’agitaient désormais dans tous les sens, faisant leur possible pour ne pas décevoir leur chef devenu si énervé. Le second du Nova Sky avait repris la barre, et maintenait le zeppelin droit. Deux autres officiers s’occupaient du contrôle de l’altitude de l’appareil, et deux autres encore vérifiaient inlassablement les divers instruments de bord pour s’assurer que tout était en ordre. Dans un brouhaha cacophonique, les hommes et femmes criant leurs diverses instructions, une voix plus alarmée se fit entendre. Il s’agissait du responsable des radars de l’appareil, et celui-ci hurla :
« Cible en mouvement à cinq heure ! Elle fonce sur nous ! »
La réaction ne se fit pas attendre, le second tendit son bras vers un groupe de cinq hommes et ordonna :
« Artilleurs, ne laissez pas cette chose s’approcher ! Pilonnez moi cette cible ! »
Sans se faire prier, le groupe actionna diverses manettes et enclenchèrent un feu nourri sur cette menace en approche. Une véritable pluie de stasis déchira les cieux, tandis que la cible en question dévoilait une nouvelle fois tous ses talents aériens.
Opheliana filait à travers les cieux, redoublant d’agilité et usant de toutes les acrobaties qu’elle avait en réserve pour esquiver les rayons de stasis qui cherchaient à l’abattre. La tâche était ardue, la belle devant également amener ses passagers à bon port. Elle s’efforçait donc de maintenir sa trajectoire, ne s’autorisant à en dévier qu’en tout dernier recours et s’interdisant toute pirouette susceptible de faire chuter Tyra et Cyd. Elle luttait férocement pour empêcher les projectiles de l’atteindre. Un tir qu’elle n’aperçut qu’au tout dernier moment vint transpercer son aile gauche, et la dragonne poussa un grognement de douleur :
« On décroche Ophe, hurla Cyd en posant son regard sur l’aile blessée, on a essayé…mais c’était sans doute trop dur pour nous…
-Non…on continue, hurla la Dragonne en serrant les dents et en maintenant son vol, ce n’est pas une abomination métallique qui viendra me vaincre dans mon ciel ! »
La reine draconnique gonfla son ventre et recula légèrement sa tête. Elle se concentra sur les tirs filant vers elle, se focalisant sur le contraste qu’ils opposaient à son ciel dont les couleurs lui étaient plus que familières. Elle put ainsi déterminer un passage entre les tirs, qu’elle emprunta en zigzagant à une vitesse folle dans les airs. Elle laissait le vent l’aider dans ses manœuvres, le laissant glisser contre ses flancs ou se servant se sa résistance pour amorcer un virage serré. Elle se rapprocha du Nova Sky peu à peu, son ventre toujours gonflé…de minces filets de fumée s’échappant de ses naseaux. Quand elle estima être suffisamment proche, elle ouvrit grand sa gueule et cracha un nouveau torrent de flammes. Mais cette fois-ci elle ne laissa pas le feu filer droit vers l’ennemi…elle s’efforça, à la place, de laisser les flammes s’étaler devant elle. Un véritable mur de feu vint la séparer du zeppelin ennemi, tandis que les tirs continuaient de déchirer les cieux, passant au travers des flammes de la dragonne. Le manque de visibilité n’arrêtait en rien l’action des artilleurs, mais ce n’était pas là ce que souhaitait la dragonne. Elle ne voulait que boucher leur ligne de vue, et ainsi pouvoir tenter une manœuvre plus risquée. Elle fila droit vers le ciel, son corps désormais complètement à la verticale. Les tourelles du Nova Sky tentèrent de cibler la créature fantastique, leurs canons suivant son ascension…en vain. La dragonne les avait surpris et bien vite les limites permises par les mécaniques de leur armement se firent sentir. La dragonne était hors d’atteinte, elle exécuta un long looping pour repartir à toute vitesse en piqué :
« Je vais frôler leur passerelle extérieur, hurla la dragonne en plissant les yeux pour se protéger des rafales cinglantes du vent, vous n’aurez qu’une seule chance alors ne vous loupez pas ! »
La dragonne continua son piqué, repliant ses ailes contre son corps en se concentrant exclusivement sur sa manœuvre. Elle entra de nouveau dans le champ de vision des tourelles, qui crachèrent un flot de stasis dans sa direction. Elle maintint sa trajectoire, laissant les tirs la frôler et ne se décalant que très légèrement quand ceux-ci se montraient trop précis, et arriva en vue de la passerelle. Des mékas étaient déjà positionnés dessus, la ciblant de leurs bras mitrailleur :
« Maintenant ! Hurla-t-elle en frôlant à toute vitesse la passerelle »
Cyd et Tyra sautèrent du dos de la dragonne, et le temps sembla se suspendre l’espace d’un instant. Sous les tirs des mékas, ils atterrirent brutalement sur la passerelle…tandis que la dragonne poursuivait sa descente folle.
Tyra se redressa, elle devait agir vite…les unités ennemis commençaient déjà à réagir à cette nouvelle situation. Elle visa le plus proche instinctivement, et lui décocha une flèche venteuse. Le méka fut transpercé et se désactiva instantanément, tandis que ses confrères ouvraient déjà le feu sur les intrus. Cyd plongea sa main dans son manteau et en sortit un glyphe qu’il apposa immédiatement au sol. Il l’activa sans perdre de temps, et une bulle protectrice se forma autour des deux membres de Get Free. Les tirs ricochèrent contre la barrière, pendant que Tyra abattait ses cibles l’une après l’autre…faisant preuve d’une précision et d’une rapidité hors du commun. La passerelle fut dégagée en un rien de temps, laissant les deux comparses seuls sur cette zone.
Cyd se tourna vers la porte menant vers l’intérieur de l’appareil, et posa sa main sur la poignée. D’un simple signe de tête, il fit comprendre à son acolyte qu’il allait l’ouvrir. Elle acquiesça en silence, préparant une flèche bien plus puissante que les précédentes. Le Féca ouvrit brutalement la porte, et se jeta à plat ventre. Devant lui s’alignaient cinq mékas parés à faire feu, les loquets de leurs armes sautant dans de petits cliquetis. Tyra relâcha sa flèche et se décala de l’encadrement de la porte pour éviter une possible salve. Sa flèche transperça quatre unités avant de se dissiper, laissant un méka désormais isolé viser le Féca :
« Oh non tas de ferraille…ne crois pas que tu vas pouvoir me faire la peau ! »
Cyd se redressa rapidement et laissa sa main glisser contre le bouclier attaché à son bras. A l’image de celui d’Heldegast, ce dispositif avait été amélioré par ses soins afin de lui correspondre le plus possible. Une petite bulle d’eau se forma à la surface du bouclier, et Cyd l’envoya d’un geste brusque vers le Méka. Celui-ci se la prit de plein fouet, et grésilla en se saccadant. Il s’immobilisa finalement, laissant le champ libre aux deux révoltés pour poursuivre leur route.
Au sein du poste du pilotage du Nova Sky, la panique commençait à s’emparer des opérateurs. De nombreux capteurs s’activaient sur leurs divers tableaux de bord, indiquant la progression des intrus au sein de leur appareil. Le second hurlait ses ordres, et envoyait des groupes de mékas dans les coursives du Nova Sky pour endiguer leur avancée. Chaque combat qui s’engageait leur donnait ainsi l’espoir de voir cette menace réduite à néant, avant que la peur ne vienne de nouveau les serrer quand la réception des signaux des mékas s’arrêtait brusquement.
Les hommes présents avaient commencés à se saisir des armes à disposition, fusils et pistolets se trouvant désormais dans chaque main. Ils étaient prêts à se battre pour défendre leur plate-forme de commandement…mais l’expérience et l’assurance semblait leur manquer. Une voix s’éleva, celle du responsable des capteurs internes de l’appareil :
« Ils…ils sont devant la porte… »
Les mains se refermèrent un peu plus sur les armes, ils allaient devoir se battre. Avec la plus mauvaise des coordinations, ils levèrent leurs fusils pour braquer les canons en direction de la porte. Ils n’avaient jamais appris à se battre, laissant cette basse besogne à leur méka…mais dans cet instant fatidique, ils se trouvaient seuls.
Un léger bruit se fit entendre derrière la porte, comme-ci quelqu’un avait posé un objet dessus, et un interminable silence suivit. Les opérateurs se regardèrent un instant, cherchant à comprendre ce qu’il se passait, puis le chaos se déchaina.
Une violente explosion retentie tandis que la porte était éjectée en avant. Les hommes présents poussèrent des cris de surprise en ouvrant le feu, tentant d’abattre la menace. Leurs balles rencontrèrent une sorte de barrière de protection, la fumée s’agglutinant autour dans une sorte de petit dôme. Des flèches venteuses en sortirent, filant à travers la salle pour venir transpercer les épaules des opérateurs et leur faire lâcher leurs armes. Le second hurla, dans une tentative d’autorité :
« Tenez la position, ne vous laissez pas impressionner ! Leur bouclier finira par céder, ce n’est qu’une question de… »
Une flèche vint mettre fin à son discours…et à la motivation des opérateurs présents. Le second bascula en arrière, le front arborant désormais un trou ensanglanté, tandis que les autres hommes lâchaient leurs armes en hurlant :
« On…on se rend !
-Alors calez-vous en fond de salle, et gardez vos mains sur la tête ! Hurla une voix féminine hautement autoritaire »
La fumée se dissipa enfin, laissant entrevoir une Cra et un Féca amochés. Tous deux avaient subis de nombreuses blessures, et la fatigue pouvait se lire sur leur visage. Parvenir jusqu’au poste de pilotage n’avait pas été une mince affaire…mais ils pouvaient désormais mettre fin à l’entrave du Liberty. Cyd s’approcha des tableaux de bords, les inspectant d’un regard fatigué, pendant que la Crâ gardait en joug les opérateurs. Une voix résonna dans l’appareil, provenant des communications entre les Zeppelins :
« Ici Sky sept ! Monsieur…le Nova Sky est apparemment tombé aux mains de l’ennemi ! Que fait-on ?
-Nous ne pouvons pas nous permettre de leur laisser cet appareil, gronda la voix d’Heldegast, abattez le Zeppelin ! Sky un, cinq et trois vous l’assisterez dans la destruction du Nova Sky. Heldegast, terminé »
Le silence revint dans la salle, tandis que le visage des opérateurs se décomposait. Leur chef venait de les abandonner, ils allaient mourir avec l’ennemi. Cyd se tourna vers eux, hurlant :
« Vous tenez tant que ça à crever ici ?! Aidez-moi plutôt à manœuvrer ce tas de ferraille pour qu’on puisse sauver nos miches ! »
Les opérateurs se recroquevillèrent d’avantage, ayant visiblement peurs des réactions de leur chef si jamais ils venaient à le trahir. Cyd grommela un « Laissez tomber » plein de rage, et alla se positionner face aux tableaux de bord. Un des hommes, le voyant faire, cria :
« Vous ne parviendrez pas à manœuvrer le Nova Sky seul ! Il faut être au moins cinq pour le contrôler efficacement !
-Ta gueule… »
L’ingénieur plongea son bras mékanique dans le tableau de bord, reliant le câblage de sa main avec celui de l’appareil. Il détacha ensuite son bouclier à l’aide de ses dents, et le plaça sur un autre tableau. Il inspira longuement, fermant les yeux pour réunir toute la concentration nécessaire à sa prochaine action. Le monde n’avait de cesse de ne le prendre que pour une simple boîte à outils, le rabaissant à ce rôle en toute occasion. Il était de surcroit injustement mésestimé de ses pairs, et personne ne lui accordait le moindre crédit. Une fois de plus il comptait réaliser un véritable exploit, et savait d’ores et déjà que personne ne s’en souviendrait.
Avec un hurlement plein de rage il fit bouger ses doigts et retira les crochets plantés dans le Liberty. Les câbles se rétractèrent, libérant totalement le Zeppelin des hommes à la plume. Il actionna ensuite les moteurs du Nova Sky en pianotant sur son bouclier, et fit avancer l’imposant vaisseau vers les autres appareils de Clocktown. Il devait dégager la voie pour ses compagnons, une fois de plus. Relevant la tête, il enclencha les communications des autres Zeppelins et hurla :
« Vous voulez vous battre ?! Vous voulez essayer d’abattre un vrai capitaine ?! Alors amenez-vous ! Vous qui avez osés attaquer MON appareil ! Mon putain de Salbatroce qui a déjà été perdu une fois ! Je suis le capitaine des Kwaks bande de gros noc ! Et croyez bien que vous allez voir la différence que ça peut faire dans une bataille aérienne ! »
Il coupa les communications, poussa la puissance des moteurs à leur maximum, et fila à travers le ciel. D’un geste de l’index, il déverrouilla toutes les tourelles et s’assura d’en avoir le contrôle le plus total. Un Zeppelin fonçait droit sur lui, ouvrant d’ores et déjà le feu pour l’abattre. Le Féca afficha un rictus amusé et, d’un geste ample de la main, fit dévier le Nova Sky vers la droite. Il esquiva ainsi les projectiles, tandis qu’il pianotait sur son bouclier pour diriger les canons de ses tourelles vers son ennemi. Il fit cracher une salve de Stasis, et vint perforer le flan de l’autre appareil. De la fumée s’en échappa tandis que son contrôle semblait être devenu incertain. Le Féca en profita, se déportant un peu plus sur le côté tout en fonçant vers lui. Le Nova Sky frôla le Zeppelin adverse, tous les canons dirigés vers son flanc, et ouvrit le feu. L’appareil fut transpercé de tirs de Stasis, et commença une longue descente vers le sol. Cyd lâcha un petit rire victorieux…puis fronça les sourcils en fixant les instruments de bord. Un autre appareil semblait tenter une attaque par derrière. Il avait dû le contourner pendant qu’il était aux prises avec son premier opposant. Il n’y avait pas de canons à l’arrière du Nova Sky, et le Féca savait qu’il n’aurait pas le temps de tourner l’appareil. Il devait s’y prendre autrement. Levant les yeux pour regarder par-delà le cockpit, il fixa longuement le large canon posé sur le pont avant de l’appareil. Il esquissa un large sourire, repliant ses doigts, et hurla :
« Que tout le monde se baisse, on va accueillir un copain dans cette salle ! »
L’imposant canon du Nova Sky se tourna avec lenteur, se rapprochant de plus en plus du cockpit. Tyra se jeta à plat ventre tandis que le Féca se baissait, continuant la rotation de la tourelle. Le tube métallique fracassa le verre, et continua sa route…entrant complètement dans le poste de pilotage. Cyd pianota sur son bouclier et l’intérieur du canon s’illumina d’une lueur violette. Un rayon de Stasis transperça le Nova Sky, engendrant une véritable colonne de fumée à son bord, et alla percuter avec violence le cockpit de l’appareil situé juste derrière. Le Zeppelin ennemi explosa dans une véritable gerbe de flamme, filant à toute vitesse vers le sol.
Le Nova Sky était désormais dysfonctionnel, semblant avoir du mal à maintenir un vol stationnaire. La salle de pilotage était partiellement détruite, le vent s’engouffrant avec force dans l’appareil. Cyd se redressa en éclatant de rire, et fixa de nouveau les capteurs clignotant. Les deux derniers appareils de Clocktown avaient profités de toute la situation pour se positionner au-dessus et en dessous du Nova Sky…se servant des angles morts qu’avait exploités la dragonne. Le capitaine allait de nouveau devoir usé d’une manœuvre risquée, et il savait que l’appareil avait peu de chance d’y résister. Il devait agir vite, aussi il hurla :
« Tyra ! Préviens Opheliana pour qu’elle nous récupère au plus vite…et accroche-toi ! Je tente un truc dont je suis moyen sur ! »
Il pianota ensuite sur son bouclier et amorça une surchauffe du moteur droit de l’appareil, tandis que de ses doigts mékaniques il maintenait les tourelles bâbords et tribords le plus droit possible. Le moteur explosa dans une gerbe de feu, et le Nova Sky perdit toute stabilité. Sous les yeux ébahis de tous les spectateurs de ce combat aérien…le Zeppelin se mit à tourner sur lui-même. Tous s’accrochèrent à son bord, et bien vite le cockpit se retrouva sur le côté droit de l’appareil. Les tourelles pointaient désormais vers le haut et vers le bas…visant des appareils ennemis qui ne semblaient pas croire ce qui se déroulait sous leurs yeux. Cyd cria dans un éclat de rire :
« De la part de la boîte à outils d’Astrub ! Prenez ça dans vos gueules ! »
Il écrasa son poing sur le bouclier et les tourelles crachèrent une salve ininterrompue de Stasis, pilonnant les deux derniers appareils de la cité des ingénieurs. De nombreuses explosions retentirent à la surface des Zeppelins, et dans de grandes gerbes de flammes ils chutèrent à leur tour rejoindre leurs camarades.
Le Nova Sky continua de tourner un temps, puis le deuxième moteur explosa à son tour…laissant ses passagers la tête en bas. La fierté de Clocktown chutait inexorablement vers le sol, venant mettre un terme à la suprématie de la cité des ingénieurs dans le ciel. Cyd et Tyra promenèrent leur regard dans les cieux, cherchant la dragonne qui les avait amenés là. Ils l’aperçurent enfin, filant vers eux à toute vitesse. La belle semblait avoir toutes les peines du monde à maintenir une telle allure, son aile blessée l’entravant au plus haut point. Elle se plaça finalement sous le Zeppelin en perdition, et Tyra sauta sur son dos. Cyd regarda les opérateurs en adoptant un air rancunier, et cria :
« Et ça c’est pour mon Salbatroce ! »
Il donna une tape sur son bras mékanique, et celui-ci se sépara de son épaule. Le Féca atterrit sur le dos de la dragonne, et cette dernière s’éloigna vivement de l’appareil. Dans le tableau de bord, le bras toujours planté trembla légèrement. Tous les doigts à l’exception du majeur se replièrent…et la prothèse explosa, détruisant les dernières commandes du Zeppelin et le condamnant au crash.
Dans le ciel de la Croisée des Armes, seul demeurait le Liberty. Désormais Get Free n’avait plus qu’à détruire l’antenne
Au sol, au centre de la place occupée par Get Free, Lenz fixait le ciel. Un air inquiet éclairait son visage, Clocktown avait perdu le contrôle des cieux, mais la bataille pour la domination du Liberty n’avait pas encore débutée. Ihephe était resté, la forçant à quitter l’appareil pour livrer son combat. Elle comprenait cette décision…mais ne pouvait décemment pas l’accepter.
La Sacrieuse avait toujours détestée devoir dépendre de quelqu’un, en général si une personne devait se mettre en danger elle était la première à se proposer. C’était dans sa nature…elle qui ne rêvait que d’être une héroïne. Elle avait commis de nombreuses erreurs, la plupart à cause de ses hésitations, de ses peurs et de son flagrant manque de jugement. Flamiya s’était sacrifiée là où elle aurait dû le faire, son maître était mort suite à ses mauvaises décisions…elle ne parvenait plus à accepter de telles choses. Désormais celui qu’elle considérait comme son meilleur ami était seul face à un grand danger. Il la protégeait, mais elle le refusait. Elle était la chef de Get Free, c’était à elle de prendre ses responsabilités. C’était à elle de protéger ses membres coute que coute et c’était à elle de rester dans le Liberty. Elle pesta, fermant les yeux et s’éloignant en courant de la place.
Elle entendit les cris de Mama dans son dos, lui demandant de revenir. Mais elle ne voulait pas, elle ne pouvait pas…elle ne demandait qu’à rester seule pour laisser éclater toute sa frustration et sa rage. Il n’y avait plus rien qu’elle puisse faire, le Liberty était hors d’atteinte. Toute cette situation la révoltait au plus haut point, mais elle devait s’y résoudre.
Elle s’engouffra dans une ruelle au hasard, et tomba nez à nez sur un étrange individu. Un homme était assis sur une caisse de bois, ses cheveux blancs s’agitant au grès du vent. L’homme portait un costume noir, tandis qu’un chapeau relativement chic était posé sur sa tête. Il souriait derrière sa barbe bien taillée, et ses yeux demeuraient fermés. Lenz grommela, pensant qu’il s’agissait d’un habitant perdu, et passa devant lui sans lui porter un regard. L’homme entre-ouvrit ses yeux aux iris blanc, et clama d’une voix posée.
« Tu devrais être là-haut. »
Lenz s’arrêta instantanément, se tournant avec lenteur vers l’homme mystérieux. Elle murmura d’une voix intriguée :
« Qui es-tu ? On se connait ?
-Mais pourquoi les gens ne se focalisent que sur qui je suis, soupira de façon amusé l’homme en posant sa main sur son chapeau, je ne suis là que pour parler un peu.
-Et bien parlons alors…comment sais-tu que je devrais être en haut ?
-Cela se voit très chère…tu as tout d’une héroïne en devenir. Et c’est là-haut que se trouve le point le plus important de cette bien étrange bataille…
-Il est vrais, soupira la Sacrieuse, mais comme tu le vois je ne peux pas vraiment m’y rendre…
-Tu pourrais…t’y transposer non ? »
Lenz éclata d’un rire sarcastique avant de baisser la tête d’un air abattu, maugréant :
« Je maitrise quasiment pas mes pouvoirs…et même le meilleur des disciples de Martyr ne pourrait réaliser un tel exploit…
-Je peux t’y aider, s’exclama l’homme en sautant de sa caisse pour se placer devant la femme, je peux te donner les moyen d’y parvenir. »
Lenz dévisagea cet homme de plus en plus étrange, elle maugréa :
« Et pourquoi tu ferais ça ? Quand bien même ce que tu me dises soit effectivement vrais… ?
-Pour te ramener à ta place…pour t’aider à accomplir ton destin Lenz Dogaïl… »
L’homme tendit sa main vers la Sacrieuse, et celle-ci le dévisagea. Elle n’avait pas confiance en lui…et pourtant elle avait cette terrible impression de le connaitre et de l’avoir longtemps cherché. Pour l’heure ses possibilités étaient limitées, et il semblait bien être le seul à pouvoir l’aider à rétablir les choses à sa façon. Elle lui attrapa la main en silence tandis qu’il murmurait :
« Maintenant concentres toi sur ton ami dans le Zeppelin, visualises le et tentes de l’atteindre… »
Lenz ferma les yeux et s’exécuta. Elle entra dans une grande concentration tandis qu’un cercle de lumière blanche se dessinait autour d’elle. Ses cheveux s’agitaient sous l’énergie parcourant son être, l’homme à qui elle tenait la main était puissant…bien plus puissant que tout ce qu’elle avait pu rencontrer. Elle visualisa Ihephe à travers le brouillard, son ami devenant de plus en plus net à mesure que le temps passait. Elle se rapprochait peu à peu de lui, s’avançant dans les ténèbres pour rejoindre cet homme qui avait tant compté pour elle. Elle tendit sa main, effleurant son visage…
Et dans un flash lumineux elle disparut de la croisée des armes. L’homme esquissa un léger sourire en s’éloignant de la ruelle devenu déserte, murmurant d’une voix amusée :
« Tu veux faire des sacrifices, tu veux devenir un symbole ? Je veux que ta mort serve à rien…je veux que tu exploses en plein vol… »
Dans le poste de pilotage du Liberty, seul le calme régnait. Depuis que le Zeppelin avait été libéré, Harkane le faisait avancer inlassablement vers l’antenne. Mais l’Ecaflip était épuisé, et l’appareil volait désormais à une vitesse fortement réduite.
Ihephe n’avait que faire de tout ça, ils avançaient…c’était tout ce qui comptait. Il se tenait au centre de la pièce, gardant une posture droite et fixant la porte. Les Mékas avaient du avancer dans le vaisseau, et ils ne tarderaient pas à débarquer. Le Iop patientait en aiguisant son imposante épée, se préparant pour l’important combat qui l’attendait. Il savait que tout reposait sur lui, mais n’était en rien habitué à ça. Il était le protecteur de Lenz, c’était elle qui brillait pendant qu’il protégeait son ombre des opposants à ses idéaux. Depuis que la Sacrieuse avait donné un sens à sa vie, il la suivait sans relâche. A ses côtés il se sentait vivant, important…humain. Lui qui avait tout perdu alors qu’il allait enfin connaitre le bonheur, lui qui s’était vu arracher l’une des seules personnes qu’il avait aimé des mains de celui qu’il aurait pu considérer comme un frère. Il en avait bavé, sans doute plus que quiconque.
Il n’était taillé que pour la guerre, et pourtant aux côtés de Lenz il se découvrait d’autres qualités. Il pouvait être drôle, il pouvait accorder sa confiance et pouvait tout donner pour cette idéaliste devant l’éternel. Alors il n’était pas question qu’il la laisse mourir bêtement loin des siens, ce n’était pas là sa place. Elle se devait de diriger Get Free, de guider cette véritable famille à travers les conflits…et de continuer à tant donner pour eux.
Le Iop se tourna vers Harkane, lui souriant en clamant :
« Tu verras, personne ne pourra ne serait-ce que t’effleurer !
-Ouais…je me fais…pas de bile là-dessus, murmura l’Ecaflip à bout de forces
-Et après on rentrera chez nous, et tu nous feras le meilleur des repas pour fêter dignement notre victoire !
-C’est promis vieux...pouffa le cuistot avant d’écarquiller les yeux de stupeur en criant. Ihephe ! C’est quoi ce cercle ?! »
Ihephe regarda à ses pieds, et aperçu l’étrange cercle de lumière qui venait d’apparaitre. Il sentit une douce énergie l’envahir tandis qu’il comprenait peu à peu. Il hurla :
« Non ! Non tu n’as pas le droit Lenz ! Bordel tu as une famille…tu as une femme et des gosses ! Putain penses à eux ! Penses à toute la guilde ! Laisses moi faire, c’est trop risqué ! »
Le cercle se fit plus lumineux, et le Iop tenta de s’en extraire. Ce fut vain, ses jambes ne répondaient plus et il se sentait happé ailleurs. Il hurla une dernière fois en fixant le ciel :
« Je t’en prie arrêtes ! »
Dans un grand flash lumineux, il disparut. Harkane ferma les yeux pour se protéger du vif rayonnement. Quand il les rouvrit…Lenz se tenait devant lui. Ses cheveux s’agitaient encore légèrement, tandis que son armure dorée brillait comme jamais. Son épée était toujours à sa ceinture, et son fusil était fermement callé entre ses mains. La Sacrieuse semblait déterminée.
Les cartes venaient d’être changées…et le dénouement de la bataille semblait désormais plus qu’incertain.
Le point :
Harkane : Merci ! : Bah Vaas est vraiment un perso que j'adore ça a du se voir, huereux que le duo Krista/Piotr t'es plut...il m'a bien fait rire !
Lashet : Merci ! : Kolo est avec Ecly mais ans Docéra (épisode 13 si je me goure pas ^^)
Ophe : Gros gros merci ! : Ils sont énormes tes coms, ils me font carburer à balle. Pas mal de persos de nos couples donc heureux qu'ils t'aient tous plut ! Continues comme ça t'es au top !
Shiki : Merci ! : Oui on arrive sur le coeur de NoD...et il me faut trouver des changements. C'est pas forcément des plus simple mais c'est kiffant de revisiter cette histoire !
Boune : Merci ! : Et nan tu as tord il va se passer *SPOIL*
Mama : Merci ! : Heureux que ça te plaise en tout cas !
Ihephe : Merci ! : T'es toujours à la bourre...mais cet épisode à venir te concernes '3'
Sur ce ! Bonne lecture !
Episode 17 : Le choix de la liberté
Les moteurs vrombissaient paisiblement, maintenant un véritable miracle technologique en place. Le Nova Sky, fierté de Clocktown et pilier de cette guerre adressée à un monde entier, semblait défier les cieux…illustrant bien l’arrogance de son capitaine. Le soleil avait amorcé sa lente descente vers le crépuscule depuis plusieurs heures déjà, la fin de journée ne tarderait bientôt plus à poindre.
Dans un bruit strident, mêlé au son étrange des treuils en marche, les longs câbles d’acier tendus ramenaient le Zeppelin des hommes à la plume vers leur ennemi. L’appareil avait effectué plusieurs manœuvres pour tenter de se dégager, mais ses attaches étaient bien trop solides…et le moindre faut mouvement pouvait mettre en péril la structure de ce qui était devenu le dernier espoir d’une nation entière.
A bord de l’imposant Zeppelin des machinistes, Heldegast regardait la bannière de Get Free d’un regard fatigué. Rien ne s’était passé comme il l’avait espéré, et il tenait cette fichue guilde responsable de tous ces tords. Ils avaient redonnés de l’espoir, avaient abattus plusieurs appareils de Clocktown…et n’avaient jamais été aussi proche de l’antenne. Le Féca avait dû se résoudre à user d’une tactique risquée, attirer son ennemi à lui pour le détruire de l’intérieur. Il aurait préféré les abattre, les voir sombrer à travers les cieux dans un déluge de fumée. Mais l’appareil semblait intouchable…innarêtable. Seul un assaut brutal parviendrait à les stopper.
L’ingénieur se massa doucement les paupières, cette guerre l’épuisait…et il était temps d’y mettre un terme. Il appuya sur le bouton de l’appareil de communication du Zeppelin, et clama d’une voix autoritaire :
« A tout le personnel du Nova Sky, activez les mékas de la soute et dirigez les vers la passerelle extérieure tribord. Nous les laisserons entrer dans le Zeppelin ennemi, et ils nous accorderont la victoire finale. »
Plusieurs approbations retentirent, et Heldegast coupa la communication. Il reposa ses mains sur le gouvernail, soupirant avec lassitude. Ces bouseux lui opposaient bien trop de résistance, eux qui auraient dû l’accueillir à bras ouverts. Il leur apportait quand même savoir et protection…en plus d’un véritable plan pour un avenir radieux. Et tout ce que trouvait à faire cette véritable bande d’inculte…c’était de le repousser avec violence.
Mais il s’y était attendu, et avait donc planifié toute cette opération. Elle porterait ses fruits, malgré les quelques revers qu’ils avaient déjà essuyés. Amakna ne faisait que survivre depuis plusieurs heures, et le Féca était persuadé que le vent finirait par tourner. Il fallait juste être patient, jouer la prudence et attendre que la fatigue fasse son œuvre.
C’est avec un petit sourire victorieux aux lèvres qu’il se tourna vers l’opérateur de communication qui s’approchait de lui. Le jeune homme tremblait légèrement et était bien pâle, ce qui ne manqua pas d’étonner le capitaine du Nova Sky. Il s’exclama :
« Et bien…on dirait que quelque chose t’as choqué opérateur…
-Je…je…j’ai rétablis la communication avec Clocktown Monsieur, bégaya le pauvre homme qui ne se doutait pas un seul instant du pétrin dans lequel il s’était fourré, je…je vous les passe… »
Il tendit un large casque équipé d’un micro, détournant le regard…honteux. Heldegast haussa un sourcil, peu rassuré à la vue des réactions du jeune homme. Il se saisit de l’appareil de communication et le plaqua contre ses oreilles. Il clama ensuite d’une voix forte :
« Ici Heldegast ! Quelle est la situation à Clocktown ?! »
Un éclat de de rire lui répondit, puis le silence revint. Le Féca serra machinalement les dents, quelque chose clochait. Il s’apprêtait à parler de nouveau, quand les haut-parleurs crachotèrent :
« Ici Wyatt…et je vais te la donner moi la situation. Joms est mort. Russel est mort. Jack a disparu. Le manoir a amorcé sa descente en vue d’un atterrissage. La ville est aux mains de tous ces rebus que tu détestes tant Heldegast…
-Ecoutes moi bien le bouseux…commença un Heldegast retenant avec difficulté sa haine, sa voix tremblotant sous la fureur l’animant.
-Non ! Toi écoutes moi sombre élitiste de merde, hurla Wyatt, la ville est à nous ! Plus personne ne te soutiens là-bas ! Quoi que tu fasses maintenant, tu ne nous empêcheras pas d’être libre et d’atteindre le sol. Tu es tout seul ! Aucun de nous ne te soutiens…et si tu as le malheur de survivre à cette bataille…crois bien que je me démerderais pour te tuer de mes mains. Clocktown ne t’appartiens plus…alors j’espère pour toi que tu gagneras cette guerre…sinon tu perdras tout. »
Le grésillement ne retentit plus, la communication ayant visiblement été coupée. Heldegast retira lentement son casque, le serrant dans sa main. Son visage se crispa et il projeta avec violence le casque vers le sol. Il fulminait, la situation lui échappait donc belle et bien. Il devait réagir, reprendre le contrôle et mener toute son opération à son terme. Il actionna à nouveau le bouton des communications du zeppelin, et hurla d’une voix autoritaire :
« J’accompagne les mékas dans le Zeppelin de ces enfoirés de révolutionnaires ! Attendez mon arrivé ! »
Un silence de mort lui répondit, sa rage ayant visiblement effrayée ses interlocuteurs. Il inspira longuement, vérifia que son pistolet se trouvait toujours dans la poche interne de sa veste…et s’éloigna d’un pas déterminé du poste de pilotage.
***
A l’intérieur du Liberty désormais entravé, un silence lourd de sens régnait. La déception se lisait sur chaque visage présent, les têtes étaient baissées…les mines graves. Ihephe était adossé à un mur, regardant la tourelle qu’il venait de quitter. Il se demandait ce qu’il aurait pu faire pour éviter cette maudite situation, mais rien ne lui venait à l’esprit. Cyd gardait ses mains posée sur un gouvernail devenu inutile. A quoi bon changer de cap quand on ne peut s’éloigner de son ennemi, les manœuvres brillantes qu’il avait menés jusque-là lui étant désormais interdites. Harkane gardait la tête basse, son corps courbé et ses bras ballants. Du sang s’échappait de ses lèvres, le drain d’énergie du Liberty l’épuisait. Il faisait son possible pour tenir bon, mais la situation devenait de plus en plus préoccupante. Lenz, enfin, ne parvenait à détacher son regard de l’antenne de communication crevant les feuillages de la Futaie Trouée. Si proche…ils étaient si proches. Pourtant ils le savaient tous, en cet instant ils n’en avaient jamais été aussi éloignés. Le capitaine ferma les yeux, et maugréa :
« Ils nous ont abordés…nul doute qu’ils vont envoyer leurs troupes à l’intérieur du Liberty pour nous arrêter définitivement. On fait quoi maintenant… ?
-Moi de toute façon je ne risque pas de bouger, soupira difficilement l’Ecaflip, si je lâche les câbles on aura définitivement perdus…
-Il va falloir se battre… »
C’était Ihephe qui avait lâché cette évidence, le combat semblait en effet inévitable. Tous acquiescèrent en silence, ils devaient se préparer. Pourtant quelque chose clochait, un fait dérangeant rendait cette situation bien plus dramatique encore. Ce fut Cyd qui osa l’énoncer à haute voix :
« On ne peut pas tous rester. Cette salle n’a jamais été conçue pour servir de lieu de combat…les installations sont trop resserrées, on manque de place. Le combat ne pourra se dérouler ailleurs, on doit protéger Harkane pour maintenir le Liberty en vol…
-Combien…souffla Lenz entre ses dents serrées, combien peuvent rester… ?
-Si on ne veut pas que les combats s’éparpillent dans tout le Zeppelin, ce qui nous serait plus problématique qu’autre chose vu la taille de leur armée…je dirais un seul. Un seul d’entre nous peut rester en plus d’Harkane pour ce combat. L’avantage étant qu’avec un seul lieu de combat à bord…tous les mékas déboucheront de la porte du poste de pilotage. Ils ne pourront tous entrer en même temps…ça laissera à celui qui reste un moyen de se défendre efficacement. »
Le silence retomba une nouvelle fois entre les hommes présents, ils savaient que celui qui resterait avait de grandes chances d’y laisser la vie. Mais à côté de ça, l’évidente défaite que provoquerait leur abandon ne pouvait être tolérée. Cyd soupira à nouveau et murmura :
« Bien…procédons par élimination. Harkane doit forcément rester, c’est un fait tout simplement indiscutable. Moi…je ne pense pas être un combattant suffisamment aguerri pour pouvoir vaincre tous les mékas qui franchiront cette porte. Enfin…ça ne peut être Ophéliana…qui aura la charge de ramener ceux qui quitteront le Zeppelin vers la terre ferme. Et inutile de songer à tenter d’assister celui qui se trouvera dans le Liberty à dos de dragon…on ne risque que de gêner le conflit et mettre inutilement des vies en danger. Avec tous ces paramètres il ne reste que…
-Lenz et moi, soupira Ihephe en venant poser son regard sur sa meilleure amie.
-Je reste, vous filez…clama Lenz en relevant doucement la tête, défiant le Iop du regard.
-C’est hors de question Lenz, hurla Ihephe en s’avançant vers elle, tu as une famille…tu es notre chef ! Ta perte serait trop lourde…la mienne…beaucoup moins !
-Je vous ai promis qu’aujourd’hui personne ne mourrait ! Je tiens toujours mes promesses, et en tant que chef j’ai justement le devoir de tout faire pour protéger mes hommes !
-Ouvres les yeux bordel…personne ne m’attend au sol. Je suis seul, et couvre tes arrières depuis plus de quinze ans ! Alors fais-moi le plaisir de monter sur le dos de celle que tu aimes et de te tirer d’ici !
-Je refuse simplement, je ne te laisserais p… »
Ihephe s’était avancé, un dernier pas en avant pour faire taire son amie. Il avait porté un coup direct dans l’une des jointures protégeant le ventre de la belle, le choc avait été violent…et la pauvre Sacrieuse n’y avait pas résistée. Elle posa ses mains sur le bras de celui qu’elle considérait comme étant son meilleur ami, et jeta un regard reflétant son incompréhension à son encontre. Elle s’affaissa en avant, sombrant dans l’inconscience tandis qu’il la rattrapait. Cyd le fixa et soupira :
« Tu es sur que c’est ce que tu veux… ?
- Certain, je ne laisserais pas cette idiote mourir comme ça. Je veille sur elle…et je ne me pardonnerais jamais sa mort. Elle va probablement me détester pour ce que je viens de faire, mais c’est pour le bien de tous…
-C’est d’accord…murmura le Féca en fermant les yeux. »
Il activa son commutateur et ordonna à la dragonne ravageant les cieux de revenir. Ihephe avait pris une décision, et il était prêt à en assumer toute ses conséquences.
***
Au sol, au centre d’une place jonchée de carcasses mékaniques, Tyra et ses compagnons se reposaient. La libération de cette zone avait été complexe, et ils étaient désormais exténués. Poppy pansait les blessures de Waddle, Mama reprenait ses forces allongée par terre, Oxo tentait de déterminer le prix des pièces détachées çà et là et Protocole Hit…préparait le thé. Nul doute qu’ils comptaient repartir au combat au plus vite, la ville étant toujours le théâtre d’un conflit massif. Le son des affrontements parvenaient jusqu’à eux dans un flot ininterrompu de fracas de lame, de tirs et d’explosions. La guerre semblait bien loin de se terminer, et la vision du Liberty désormais captif semblait peser lourd sur la conscience de chacun. Les heures à venir seraient cruciales, et les hommes au sol allaient devoir redoubler d’effort si ils voulaient sortir victorieux de cette crise.
La Crâ rousse se redressa, récupérant son arc posé à ses côtés. Ils devaient y retourner, assister les gardes était impératif pour maintenir un semblant de confiance parmi les troupes. Elle s’apprêtait à sonner le départ au combat, quand elle aperçut une masse blanche filer à travers les cieux. Elle écarquilla les yeux en reconnaissant la majestueuse dragonne de Get Free, et agita ses bras pour lui signaler sa position. Opheliana sembla l’apercevoir, car elle décrocha en un instant de sa trajectoire initiale pour se diriger à vive allure vers le petit groupe. Elle se posa brutalement au sol, faisant légèrement trembler le sol et soulevant un épais nuage de poussière. Le petit groupe se protégea les yeux, puis détailla la nouvelle arrivante. La dragonne semblait fatiguée, ses assauts aériens et ses esquives avaient bien entamés ses forces. Sur son dos se tenait Cyd, le Féca la chevauchant en grimaçant. Il tenait une Lenz inconsciente contre lui, la Sacrieuse gardait la tête basse et les yeux fermés. Il sauta à terre, traina le corps inanimée de sa chef sur le sol, et l’adossa à un muret. Tyra le fixa affolée et cria :
« Mais qu’est-ce que vous foutez ?! Vous devriez être là-haut !
-C’est plus complexe que ça…soupira Cyd en fixant les cieux, pour résumer…c’est à Ihephe de jouer maintenant.
-Et on est sensés rester là à prier pour qu’il parvienne, seul, là où vous avez échoués depuis plusieurs heures ?!
-C’est un peu l’idée ouais…maugréa le Féca, on ne peut se battre à plusieurs là-haut. Cette idiote de Lenz a voulu rester…tu peux voir où ça l’a menée. »
Tyra soupira en se massant la nuque, elle n’aimait pas vraiment l’évolution de la situation. Cyd gardait quant à lui les yeux rivés vers le ciel, fixant le Nova Sky. Il se tourna soudainement vers la Cra en clamant :
« Il y a peut-être quelque chose qu’on peut tenter pour aider Ihephe !
-Ah ? Je técoute…
-Si nous réussissions à nous introduire dans le bâtiment ennemi…on pourrait tenter de le décrocher du Liberty et ainsi permettre à Ihephe de reprendre l’avantage ! Ca stoppera l’afflux de Méka en plus de lui laisser à nouveau le champ libre pour les manœuvres !
-T’es sur de ton coup là…ça parait quand même assez risqué…
-Je suis sûr de rien…pour une fois…mais va savoir, peut être que l’attitude « Rentre dedans » de notre chère chef commence à déteindre sur moi. Pouffa le Féca.
-Je ne pourrais transporter que deux personnes dans mon état, soupira la Dragonne, alors…qui vient ?
-Déjà je prends une place, je ne pense pas me tromper en affirmant que je suis le seul à savoir manœuvrer un Zeppelin…ricana Cyd.
-Je viens aussi, s’exclama Tyra en serrant un peu plus son arc, j’ai besoin de me sentir un peu plus utile que sur ce sol de conflit permanent !
-Bien, murmura la dragonne en s’aplatissant au sol, alors grimpez vite…on règle ça le plus rapidement possible. Mama…veilles sur Lenz, je ne veux pas qu’il lui arrive quoi que ce soit...
L’Eniripsa acquiesça tandis que le Féca et la Cra montaient sur le dos d’Opheliana. Elle porta un dernier regard à la Sacrieuse assoupie, lui promettant silencieusement de la retrouver le plus vite possible. Ca la dérangeait de la laisser…mais elle se devait de tout faire pour arrêter ce conflit. C’est ce que sa bien-aimée aurait voulu. Elle ramena son regard amusé vers le ciel, songeant que Lenz était décidément bien mignonne quand elle dormait, et elle décolla dans un puissant battement d’ailes.
Tandis qu’elle filait vers le ciel, la Sacrieuse s’éveillait doucement. Entre-ouvrant ses yeux elle tendit faiblement sa main vers sa dragonne…tentant de l’appeler, en vain.
***
Heldegast avait quitté le poste de pilotage, laissant à ses hommes le contrôle de l’appareil. Ceux-ci s’agitaient désormais dans tous les sens, faisant leur possible pour ne pas décevoir leur chef devenu si énervé. Le second du Nova Sky avait repris la barre, et maintenait le zeppelin droit. Deux autres officiers s’occupaient du contrôle de l’altitude de l’appareil, et deux autres encore vérifiaient inlassablement les divers instruments de bord pour s’assurer que tout était en ordre. Dans un brouhaha cacophonique, les hommes et femmes criant leurs diverses instructions, une voix plus alarmée se fit entendre. Il s’agissait du responsable des radars de l’appareil, et celui-ci hurla :
« Cible en mouvement à cinq heure ! Elle fonce sur nous ! »
La réaction ne se fit pas attendre, le second tendit son bras vers un groupe de cinq hommes et ordonna :
« Artilleurs, ne laissez pas cette chose s’approcher ! Pilonnez moi cette cible ! »
Sans se faire prier, le groupe actionna diverses manettes et enclenchèrent un feu nourri sur cette menace en approche. Une véritable pluie de stasis déchira les cieux, tandis que la cible en question dévoilait une nouvelle fois tous ses talents aériens.
***
Opheliana filait à travers les cieux, redoublant d’agilité et usant de toutes les acrobaties qu’elle avait en réserve pour esquiver les rayons de stasis qui cherchaient à l’abattre. La tâche était ardue, la belle devant également amener ses passagers à bon port. Elle s’efforçait donc de maintenir sa trajectoire, ne s’autorisant à en dévier qu’en tout dernier recours et s’interdisant toute pirouette susceptible de faire chuter Tyra et Cyd. Elle luttait férocement pour empêcher les projectiles de l’atteindre. Un tir qu’elle n’aperçut qu’au tout dernier moment vint transpercer son aile gauche, et la dragonne poussa un grognement de douleur :
« On décroche Ophe, hurla Cyd en posant son regard sur l’aile blessée, on a essayé…mais c’était sans doute trop dur pour nous…
-Non…on continue, hurla la Dragonne en serrant les dents et en maintenant son vol, ce n’est pas une abomination métallique qui viendra me vaincre dans mon ciel ! »
La reine draconnique gonfla son ventre et recula légèrement sa tête. Elle se concentra sur les tirs filant vers elle, se focalisant sur le contraste qu’ils opposaient à son ciel dont les couleurs lui étaient plus que familières. Elle put ainsi déterminer un passage entre les tirs, qu’elle emprunta en zigzagant à une vitesse folle dans les airs. Elle laissait le vent l’aider dans ses manœuvres, le laissant glisser contre ses flancs ou se servant se sa résistance pour amorcer un virage serré. Elle se rapprocha du Nova Sky peu à peu, son ventre toujours gonflé…de minces filets de fumée s’échappant de ses naseaux. Quand elle estima être suffisamment proche, elle ouvrit grand sa gueule et cracha un nouveau torrent de flammes. Mais cette fois-ci elle ne laissa pas le feu filer droit vers l’ennemi…elle s’efforça, à la place, de laisser les flammes s’étaler devant elle. Un véritable mur de feu vint la séparer du zeppelin ennemi, tandis que les tirs continuaient de déchirer les cieux, passant au travers des flammes de la dragonne. Le manque de visibilité n’arrêtait en rien l’action des artilleurs, mais ce n’était pas là ce que souhaitait la dragonne. Elle ne voulait que boucher leur ligne de vue, et ainsi pouvoir tenter une manœuvre plus risquée. Elle fila droit vers le ciel, son corps désormais complètement à la verticale. Les tourelles du Nova Sky tentèrent de cibler la créature fantastique, leurs canons suivant son ascension…en vain. La dragonne les avait surpris et bien vite les limites permises par les mécaniques de leur armement se firent sentir. La dragonne était hors d’atteinte, elle exécuta un long looping pour repartir à toute vitesse en piqué :
« Je vais frôler leur passerelle extérieur, hurla la dragonne en plissant les yeux pour se protéger des rafales cinglantes du vent, vous n’aurez qu’une seule chance alors ne vous loupez pas ! »
La dragonne continua son piqué, repliant ses ailes contre son corps en se concentrant exclusivement sur sa manœuvre. Elle entra de nouveau dans le champ de vision des tourelles, qui crachèrent un flot de stasis dans sa direction. Elle maintint sa trajectoire, laissant les tirs la frôler et ne se décalant que très légèrement quand ceux-ci se montraient trop précis, et arriva en vue de la passerelle. Des mékas étaient déjà positionnés dessus, la ciblant de leurs bras mitrailleur :
« Maintenant ! Hurla-t-elle en frôlant à toute vitesse la passerelle »
Cyd et Tyra sautèrent du dos de la dragonne, et le temps sembla se suspendre l’espace d’un instant. Sous les tirs des mékas, ils atterrirent brutalement sur la passerelle…tandis que la dragonne poursuivait sa descente folle.
Tyra se redressa, elle devait agir vite…les unités ennemis commençaient déjà à réagir à cette nouvelle situation. Elle visa le plus proche instinctivement, et lui décocha une flèche venteuse. Le méka fut transpercé et se désactiva instantanément, tandis que ses confrères ouvraient déjà le feu sur les intrus. Cyd plongea sa main dans son manteau et en sortit un glyphe qu’il apposa immédiatement au sol. Il l’activa sans perdre de temps, et une bulle protectrice se forma autour des deux membres de Get Free. Les tirs ricochèrent contre la barrière, pendant que Tyra abattait ses cibles l’une après l’autre…faisant preuve d’une précision et d’une rapidité hors du commun. La passerelle fut dégagée en un rien de temps, laissant les deux comparses seuls sur cette zone.
Cyd se tourna vers la porte menant vers l’intérieur de l’appareil, et posa sa main sur la poignée. D’un simple signe de tête, il fit comprendre à son acolyte qu’il allait l’ouvrir. Elle acquiesça en silence, préparant une flèche bien plus puissante que les précédentes. Le Féca ouvrit brutalement la porte, et se jeta à plat ventre. Devant lui s’alignaient cinq mékas parés à faire feu, les loquets de leurs armes sautant dans de petits cliquetis. Tyra relâcha sa flèche et se décala de l’encadrement de la porte pour éviter une possible salve. Sa flèche transperça quatre unités avant de se dissiper, laissant un méka désormais isolé viser le Féca :
« Oh non tas de ferraille…ne crois pas que tu vas pouvoir me faire la peau ! »
Cyd se redressa rapidement et laissa sa main glisser contre le bouclier attaché à son bras. A l’image de celui d’Heldegast, ce dispositif avait été amélioré par ses soins afin de lui correspondre le plus possible. Une petite bulle d’eau se forma à la surface du bouclier, et Cyd l’envoya d’un geste brusque vers le Méka. Celui-ci se la prit de plein fouet, et grésilla en se saccadant. Il s’immobilisa finalement, laissant le champ libre aux deux révoltés pour poursuivre leur route.
***
Au sein du poste du pilotage du Nova Sky, la panique commençait à s’emparer des opérateurs. De nombreux capteurs s’activaient sur leurs divers tableaux de bord, indiquant la progression des intrus au sein de leur appareil. Le second hurlait ses ordres, et envoyait des groupes de mékas dans les coursives du Nova Sky pour endiguer leur avancée. Chaque combat qui s’engageait leur donnait ainsi l’espoir de voir cette menace réduite à néant, avant que la peur ne vienne de nouveau les serrer quand la réception des signaux des mékas s’arrêtait brusquement.
Les hommes présents avaient commencés à se saisir des armes à disposition, fusils et pistolets se trouvant désormais dans chaque main. Ils étaient prêts à se battre pour défendre leur plate-forme de commandement…mais l’expérience et l’assurance semblait leur manquer. Une voix s’éleva, celle du responsable des capteurs internes de l’appareil :
« Ils…ils sont devant la porte… »
Les mains se refermèrent un peu plus sur les armes, ils allaient devoir se battre. Avec la plus mauvaise des coordinations, ils levèrent leurs fusils pour braquer les canons en direction de la porte. Ils n’avaient jamais appris à se battre, laissant cette basse besogne à leur méka…mais dans cet instant fatidique, ils se trouvaient seuls.
Un léger bruit se fit entendre derrière la porte, comme-ci quelqu’un avait posé un objet dessus, et un interminable silence suivit. Les opérateurs se regardèrent un instant, cherchant à comprendre ce qu’il se passait, puis le chaos se déchaina.
Une violente explosion retentie tandis que la porte était éjectée en avant. Les hommes présents poussèrent des cris de surprise en ouvrant le feu, tentant d’abattre la menace. Leurs balles rencontrèrent une sorte de barrière de protection, la fumée s’agglutinant autour dans une sorte de petit dôme. Des flèches venteuses en sortirent, filant à travers la salle pour venir transpercer les épaules des opérateurs et leur faire lâcher leurs armes. Le second hurla, dans une tentative d’autorité :
« Tenez la position, ne vous laissez pas impressionner ! Leur bouclier finira par céder, ce n’est qu’une question de… »
Une flèche vint mettre fin à son discours…et à la motivation des opérateurs présents. Le second bascula en arrière, le front arborant désormais un trou ensanglanté, tandis que les autres hommes lâchaient leurs armes en hurlant :
« On…on se rend !
-Alors calez-vous en fond de salle, et gardez vos mains sur la tête ! Hurla une voix féminine hautement autoritaire »
La fumée se dissipa enfin, laissant entrevoir une Cra et un Féca amochés. Tous deux avaient subis de nombreuses blessures, et la fatigue pouvait se lire sur leur visage. Parvenir jusqu’au poste de pilotage n’avait pas été une mince affaire…mais ils pouvaient désormais mettre fin à l’entrave du Liberty. Cyd s’approcha des tableaux de bords, les inspectant d’un regard fatigué, pendant que la Crâ gardait en joug les opérateurs. Une voix résonna dans l’appareil, provenant des communications entre les Zeppelins :
« Ici Sky sept ! Monsieur…le Nova Sky est apparemment tombé aux mains de l’ennemi ! Que fait-on ?
-Nous ne pouvons pas nous permettre de leur laisser cet appareil, gronda la voix d’Heldegast, abattez le Zeppelin ! Sky un, cinq et trois vous l’assisterez dans la destruction du Nova Sky. Heldegast, terminé »
Le silence revint dans la salle, tandis que le visage des opérateurs se décomposait. Leur chef venait de les abandonner, ils allaient mourir avec l’ennemi. Cyd se tourna vers eux, hurlant :
« Vous tenez tant que ça à crever ici ?! Aidez-moi plutôt à manœuvrer ce tas de ferraille pour qu’on puisse sauver nos miches ! »
Les opérateurs se recroquevillèrent d’avantage, ayant visiblement peurs des réactions de leur chef si jamais ils venaient à le trahir. Cyd grommela un « Laissez tomber » plein de rage, et alla se positionner face aux tableaux de bord. Un des hommes, le voyant faire, cria :
« Vous ne parviendrez pas à manœuvrer le Nova Sky seul ! Il faut être au moins cinq pour le contrôler efficacement !
-Ta gueule… »
L’ingénieur plongea son bras mékanique dans le tableau de bord, reliant le câblage de sa main avec celui de l’appareil. Il détacha ensuite son bouclier à l’aide de ses dents, et le plaça sur un autre tableau. Il inspira longuement, fermant les yeux pour réunir toute la concentration nécessaire à sa prochaine action. Le monde n’avait de cesse de ne le prendre que pour une simple boîte à outils, le rabaissant à ce rôle en toute occasion. Il était de surcroit injustement mésestimé de ses pairs, et personne ne lui accordait le moindre crédit. Une fois de plus il comptait réaliser un véritable exploit, et savait d’ores et déjà que personne ne s’en souviendrait.
Avec un hurlement plein de rage il fit bouger ses doigts et retira les crochets plantés dans le Liberty. Les câbles se rétractèrent, libérant totalement le Zeppelin des hommes à la plume. Il actionna ensuite les moteurs du Nova Sky en pianotant sur son bouclier, et fit avancer l’imposant vaisseau vers les autres appareils de Clocktown. Il devait dégager la voie pour ses compagnons, une fois de plus. Relevant la tête, il enclencha les communications des autres Zeppelins et hurla :
« Vous voulez vous battre ?! Vous voulez essayer d’abattre un vrai capitaine ?! Alors amenez-vous ! Vous qui avez osés attaquer MON appareil ! Mon putain de Salbatroce qui a déjà été perdu une fois ! Je suis le capitaine des Kwaks bande de gros noc ! Et croyez bien que vous allez voir la différence que ça peut faire dans une bataille aérienne ! »
Il coupa les communications, poussa la puissance des moteurs à leur maximum, et fila à travers le ciel. D’un geste de l’index, il déverrouilla toutes les tourelles et s’assura d’en avoir le contrôle le plus total. Un Zeppelin fonçait droit sur lui, ouvrant d’ores et déjà le feu pour l’abattre. Le Féca afficha un rictus amusé et, d’un geste ample de la main, fit dévier le Nova Sky vers la droite. Il esquiva ainsi les projectiles, tandis qu’il pianotait sur son bouclier pour diriger les canons de ses tourelles vers son ennemi. Il fit cracher une salve de Stasis, et vint perforer le flan de l’autre appareil. De la fumée s’en échappa tandis que son contrôle semblait être devenu incertain. Le Féca en profita, se déportant un peu plus sur le côté tout en fonçant vers lui. Le Nova Sky frôla le Zeppelin adverse, tous les canons dirigés vers son flanc, et ouvrit le feu. L’appareil fut transpercé de tirs de Stasis, et commença une longue descente vers le sol. Cyd lâcha un petit rire victorieux…puis fronça les sourcils en fixant les instruments de bord. Un autre appareil semblait tenter une attaque par derrière. Il avait dû le contourner pendant qu’il était aux prises avec son premier opposant. Il n’y avait pas de canons à l’arrière du Nova Sky, et le Féca savait qu’il n’aurait pas le temps de tourner l’appareil. Il devait s’y prendre autrement. Levant les yeux pour regarder par-delà le cockpit, il fixa longuement le large canon posé sur le pont avant de l’appareil. Il esquissa un large sourire, repliant ses doigts, et hurla :
« Que tout le monde se baisse, on va accueillir un copain dans cette salle ! »
L’imposant canon du Nova Sky se tourna avec lenteur, se rapprochant de plus en plus du cockpit. Tyra se jeta à plat ventre tandis que le Féca se baissait, continuant la rotation de la tourelle. Le tube métallique fracassa le verre, et continua sa route…entrant complètement dans le poste de pilotage. Cyd pianota sur son bouclier et l’intérieur du canon s’illumina d’une lueur violette. Un rayon de Stasis transperça le Nova Sky, engendrant une véritable colonne de fumée à son bord, et alla percuter avec violence le cockpit de l’appareil situé juste derrière. Le Zeppelin ennemi explosa dans une véritable gerbe de flamme, filant à toute vitesse vers le sol.
Le Nova Sky était désormais dysfonctionnel, semblant avoir du mal à maintenir un vol stationnaire. La salle de pilotage était partiellement détruite, le vent s’engouffrant avec force dans l’appareil. Cyd se redressa en éclatant de rire, et fixa de nouveau les capteurs clignotant. Les deux derniers appareils de Clocktown avaient profités de toute la situation pour se positionner au-dessus et en dessous du Nova Sky…se servant des angles morts qu’avait exploités la dragonne. Le capitaine allait de nouveau devoir usé d’une manœuvre risquée, et il savait que l’appareil avait peu de chance d’y résister. Il devait agir vite, aussi il hurla :
« Tyra ! Préviens Opheliana pour qu’elle nous récupère au plus vite…et accroche-toi ! Je tente un truc dont je suis moyen sur ! »
Il pianota ensuite sur son bouclier et amorça une surchauffe du moteur droit de l’appareil, tandis que de ses doigts mékaniques il maintenait les tourelles bâbords et tribords le plus droit possible. Le moteur explosa dans une gerbe de feu, et le Nova Sky perdit toute stabilité. Sous les yeux ébahis de tous les spectateurs de ce combat aérien…le Zeppelin se mit à tourner sur lui-même. Tous s’accrochèrent à son bord, et bien vite le cockpit se retrouva sur le côté droit de l’appareil. Les tourelles pointaient désormais vers le haut et vers le bas…visant des appareils ennemis qui ne semblaient pas croire ce qui se déroulait sous leurs yeux. Cyd cria dans un éclat de rire :
« De la part de la boîte à outils d’Astrub ! Prenez ça dans vos gueules ! »
Il écrasa son poing sur le bouclier et les tourelles crachèrent une salve ininterrompue de Stasis, pilonnant les deux derniers appareils de la cité des ingénieurs. De nombreuses explosions retentirent à la surface des Zeppelins, et dans de grandes gerbes de flammes ils chutèrent à leur tour rejoindre leurs camarades.
Le Nova Sky continua de tourner un temps, puis le deuxième moteur explosa à son tour…laissant ses passagers la tête en bas. La fierté de Clocktown chutait inexorablement vers le sol, venant mettre un terme à la suprématie de la cité des ingénieurs dans le ciel. Cyd et Tyra promenèrent leur regard dans les cieux, cherchant la dragonne qui les avait amenés là. Ils l’aperçurent enfin, filant vers eux à toute vitesse. La belle semblait avoir toutes les peines du monde à maintenir une telle allure, son aile blessée l’entravant au plus haut point. Elle se plaça finalement sous le Zeppelin en perdition, et Tyra sauta sur son dos. Cyd regarda les opérateurs en adoptant un air rancunier, et cria :
« Et ça c’est pour mon Salbatroce ! »
Il donna une tape sur son bras mékanique, et celui-ci se sépara de son épaule. Le Féca atterrit sur le dos de la dragonne, et cette dernière s’éloigna vivement de l’appareil. Dans le tableau de bord, le bras toujours planté trembla légèrement. Tous les doigts à l’exception du majeur se replièrent…et la prothèse explosa, détruisant les dernières commandes du Zeppelin et le condamnant au crash.
Dans le ciel de la Croisée des Armes, seul demeurait le Liberty. Désormais Get Free n’avait plus qu’à détruire l’antenne
***
Au sol, au centre de la place occupée par Get Free, Lenz fixait le ciel. Un air inquiet éclairait son visage, Clocktown avait perdu le contrôle des cieux, mais la bataille pour la domination du Liberty n’avait pas encore débutée. Ihephe était resté, la forçant à quitter l’appareil pour livrer son combat. Elle comprenait cette décision…mais ne pouvait décemment pas l’accepter.
La Sacrieuse avait toujours détestée devoir dépendre de quelqu’un, en général si une personne devait se mettre en danger elle était la première à se proposer. C’était dans sa nature…elle qui ne rêvait que d’être une héroïne. Elle avait commis de nombreuses erreurs, la plupart à cause de ses hésitations, de ses peurs et de son flagrant manque de jugement. Flamiya s’était sacrifiée là où elle aurait dû le faire, son maître était mort suite à ses mauvaises décisions…elle ne parvenait plus à accepter de telles choses. Désormais celui qu’elle considérait comme son meilleur ami était seul face à un grand danger. Il la protégeait, mais elle le refusait. Elle était la chef de Get Free, c’était à elle de prendre ses responsabilités. C’était à elle de protéger ses membres coute que coute et c’était à elle de rester dans le Liberty. Elle pesta, fermant les yeux et s’éloignant en courant de la place.
Elle entendit les cris de Mama dans son dos, lui demandant de revenir. Mais elle ne voulait pas, elle ne pouvait pas…elle ne demandait qu’à rester seule pour laisser éclater toute sa frustration et sa rage. Il n’y avait plus rien qu’elle puisse faire, le Liberty était hors d’atteinte. Toute cette situation la révoltait au plus haut point, mais elle devait s’y résoudre.
Elle s’engouffra dans une ruelle au hasard, et tomba nez à nez sur un étrange individu. Un homme était assis sur une caisse de bois, ses cheveux blancs s’agitant au grès du vent. L’homme portait un costume noir, tandis qu’un chapeau relativement chic était posé sur sa tête. Il souriait derrière sa barbe bien taillée, et ses yeux demeuraient fermés. Lenz grommela, pensant qu’il s’agissait d’un habitant perdu, et passa devant lui sans lui porter un regard. L’homme entre-ouvrit ses yeux aux iris blanc, et clama d’une voix posée.
« Tu devrais être là-haut. »
Lenz s’arrêta instantanément, se tournant avec lenteur vers l’homme mystérieux. Elle murmura d’une voix intriguée :
« Qui es-tu ? On se connait ?
-Mais pourquoi les gens ne se focalisent que sur qui je suis, soupira de façon amusé l’homme en posant sa main sur son chapeau, je ne suis là que pour parler un peu.
-Et bien parlons alors…comment sais-tu que je devrais être en haut ?
-Cela se voit très chère…tu as tout d’une héroïne en devenir. Et c’est là-haut que se trouve le point le plus important de cette bien étrange bataille…
-Il est vrais, soupira la Sacrieuse, mais comme tu le vois je ne peux pas vraiment m’y rendre…
-Tu pourrais…t’y transposer non ? »
Lenz éclata d’un rire sarcastique avant de baisser la tête d’un air abattu, maugréant :
« Je maitrise quasiment pas mes pouvoirs…et même le meilleur des disciples de Martyr ne pourrait réaliser un tel exploit…
-Je peux t’y aider, s’exclama l’homme en sautant de sa caisse pour se placer devant la femme, je peux te donner les moyen d’y parvenir. »
Lenz dévisagea cet homme de plus en plus étrange, elle maugréa :
« Et pourquoi tu ferais ça ? Quand bien même ce que tu me dises soit effectivement vrais… ?
-Pour te ramener à ta place…pour t’aider à accomplir ton destin Lenz Dogaïl… »
L’homme tendit sa main vers la Sacrieuse, et celle-ci le dévisagea. Elle n’avait pas confiance en lui…et pourtant elle avait cette terrible impression de le connaitre et de l’avoir longtemps cherché. Pour l’heure ses possibilités étaient limitées, et il semblait bien être le seul à pouvoir l’aider à rétablir les choses à sa façon. Elle lui attrapa la main en silence tandis qu’il murmurait :
« Maintenant concentres toi sur ton ami dans le Zeppelin, visualises le et tentes de l’atteindre… »
Lenz ferma les yeux et s’exécuta. Elle entra dans une grande concentration tandis qu’un cercle de lumière blanche se dessinait autour d’elle. Ses cheveux s’agitaient sous l’énergie parcourant son être, l’homme à qui elle tenait la main était puissant…bien plus puissant que tout ce qu’elle avait pu rencontrer. Elle visualisa Ihephe à travers le brouillard, son ami devenant de plus en plus net à mesure que le temps passait. Elle se rapprochait peu à peu de lui, s’avançant dans les ténèbres pour rejoindre cet homme qui avait tant compté pour elle. Elle tendit sa main, effleurant son visage…
Et dans un flash lumineux elle disparut de la croisée des armes. L’homme esquissa un léger sourire en s’éloignant de la ruelle devenu déserte, murmurant d’une voix amusée :
« Tu veux faire des sacrifices, tu veux devenir un symbole ? Je veux que ta mort serve à rien…je veux que tu exploses en plein vol… »
***
Dans le poste de pilotage du Liberty, seul le calme régnait. Depuis que le Zeppelin avait été libéré, Harkane le faisait avancer inlassablement vers l’antenne. Mais l’Ecaflip était épuisé, et l’appareil volait désormais à une vitesse fortement réduite.
Ihephe n’avait que faire de tout ça, ils avançaient…c’était tout ce qui comptait. Il se tenait au centre de la pièce, gardant une posture droite et fixant la porte. Les Mékas avaient du avancer dans le vaisseau, et ils ne tarderaient pas à débarquer. Le Iop patientait en aiguisant son imposante épée, se préparant pour l’important combat qui l’attendait. Il savait que tout reposait sur lui, mais n’était en rien habitué à ça. Il était le protecteur de Lenz, c’était elle qui brillait pendant qu’il protégeait son ombre des opposants à ses idéaux. Depuis que la Sacrieuse avait donné un sens à sa vie, il la suivait sans relâche. A ses côtés il se sentait vivant, important…humain. Lui qui avait tout perdu alors qu’il allait enfin connaitre le bonheur, lui qui s’était vu arracher l’une des seules personnes qu’il avait aimé des mains de celui qu’il aurait pu considérer comme un frère. Il en avait bavé, sans doute plus que quiconque.
Il n’était taillé que pour la guerre, et pourtant aux côtés de Lenz il se découvrait d’autres qualités. Il pouvait être drôle, il pouvait accorder sa confiance et pouvait tout donner pour cette idéaliste devant l’éternel. Alors il n’était pas question qu’il la laisse mourir bêtement loin des siens, ce n’était pas là sa place. Elle se devait de diriger Get Free, de guider cette véritable famille à travers les conflits…et de continuer à tant donner pour eux.
Le Iop se tourna vers Harkane, lui souriant en clamant :
« Tu verras, personne ne pourra ne serait-ce que t’effleurer !
-Ouais…je me fais…pas de bile là-dessus, murmura l’Ecaflip à bout de forces
-Et après on rentrera chez nous, et tu nous feras le meilleur des repas pour fêter dignement notre victoire !
-C’est promis vieux...pouffa le cuistot avant d’écarquiller les yeux de stupeur en criant. Ihephe ! C’est quoi ce cercle ?! »
Ihephe regarda à ses pieds, et aperçu l’étrange cercle de lumière qui venait d’apparaitre. Il sentit une douce énergie l’envahir tandis qu’il comprenait peu à peu. Il hurla :
« Non ! Non tu n’as pas le droit Lenz ! Bordel tu as une famille…tu as une femme et des gosses ! Putain penses à eux ! Penses à toute la guilde ! Laisses moi faire, c’est trop risqué ! »
Le cercle se fit plus lumineux, et le Iop tenta de s’en extraire. Ce fut vain, ses jambes ne répondaient plus et il se sentait happé ailleurs. Il hurla une dernière fois en fixant le ciel :
« Je t’en prie arrêtes ! »
Dans un grand flash lumineux, il disparut. Harkane ferma les yeux pour se protéger du vif rayonnement. Quand il les rouvrit…Lenz se tenait devant lui. Ses cheveux s’agitaient encore légèrement, tandis que son armure dorée brillait comme jamais. Son épée était toujours à sa ceinture, et son fusil était fermement callé entre ses mains. La Sacrieuse semblait déterminée.
Les cartes venaient d’être changées…et le dénouement de la bataille semblait désormais plus qu’incertain.
Re: NoD Remaster
Et voici le com'!
Ah! La situation tourne sévèrement au vinaigre pour Heldegast!
Une bataille épique avec un duo excellent. Tu exploites à merveille Cyd, et ça se sent que tu t'es éclaté à le jouer pour cette partie.
Toujours du très très bon (quelques fautes, mais rien de bien grave). Et donc une nouvelle scène avec ce fameux Hunshaïn qui est visiblement un antagoniste? A voir comment tu vas développer le perso, il me tarde d'en apprendre un peu plus à son sujet.
Vivement le prochain chapitre. Il me tarde de voir Lenz en action!
Ah! La situation tourne sévèrement au vinaigre pour Heldegast!
Une bataille épique avec un duo excellent. Tu exploites à merveille Cyd, et ça se sent que tu t'es éclaté à le jouer pour cette partie.
Toujours du très très bon (quelques fautes, mais rien de bien grave). Et donc une nouvelle scène avec ce fameux Hunshaïn qui est visiblement un antagoniste? A voir comment tu vas développer le perso, il me tarde d'en apprendre un peu plus à son sujet.
Vivement le prochain chapitre. Il me tarde de voir Lenz en action!
Bluefox82- L’Utopiste
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Localisation : Dans mon humble demeure, ou dans une auberge quelconque, tant que je peux boire et écouter les bardes.
Re: NoD Remaster
On passe d'un iop bourrin armé de ses poing vaillants qui a rien à perdre à une Lenz même pas foutu de savoir se battre avec une force de fille.
M'BAH CA PROMET. QUELLE TETE DE MULE.
PS: Et un epic Cyd en mode "Fuck you all", un! Il vend du rêve, dommage que notre Cyd ai eu un caractère trop tétu et borné pour arriver un jour à faire du rp pareil... *snif*
Le cassage de tronche de Clocktown promet aussi! C'est surtout que je me demande où il y a de la "place" pour garrer un truc pareil! Sans exploser des gens ou dévaster une écologie, j'veux dire!
M'BAH CA PROMET. QUELLE TETE DE MULE.
PS: Et un epic Cyd en mode "Fuck you all", un! Il vend du rêve, dommage que notre Cyd ai eu un caractère trop tétu et borné pour arriver un jour à faire du rp pareil... *snif*
Le cassage de tronche de Clocktown promet aussi! C'est surtout que je me demande où il y a de la "place" pour garrer un truc pareil! Sans exploser des gens ou dévaster une écologie, j'veux dire!
Albynn- Le Respectable
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Localisation : Devant mon ordi! T'as cru quoi?
Re: NoD Remaster
Très bon chapitre !
Mention spécial a Cyd et sa license de pilote qu'il n'as reçut dans un kinder !
Mais je proteste, Ihephe n'as meme pas degommer un seul meka, c'est pas juste !
J'attend de voir ce que tu vas faire de ton mysterieux personnage dans les nouvelles a venir
La suite !
Mention spécial a Cyd et sa license de pilote qu'il n'as reçut dans un kinder !
Mais je proteste, Ihephe n'as meme pas degommer un seul meka, c'est pas juste !
J'attend de voir ce que tu vas faire de ton mysterieux personnage dans les nouvelles a venir
La suite !
Ihephe- Les Fondateurs
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Re: NoD Remaster
Comme on dit, il vaut mieux tard que jamais, mais... Partie enfin lut, et voilà le commentaire ! o/
Birth : En effet, et pour le moment tu y arrive bien ! Les changements apportent un vent de fraicheur à la nouvelle d'origine, et on voit toujours la trame d'origine au travers, rien à redire sur ça. ^^
Alors, que dire sur ce chapitre... Hum... J'ai moins de commentaire à faire en fait, mais bon, il était plus court et plus centré. ^^
Je pense que ça ne sera pas une surprise, mais je suis bien d'accord avec les autres : ce Cyd, ce Cyd. x)
Tu t'es vraiment lâché pour écrire ça, et on voit bien toute sa rage vis à vis de certaines choses. x)
Le final avec le "dwa mécanique" est magnifique, d'ailleurs ! :p
Et bon sang ! Il fait un bon duo avec Tyra ! C'était sympa à voir, et tout le passage était bien bien épique ! *-*/
Ensuite... Jolie reprise du passage qui était déjà dans la nouvelle d'avant... La transposition ! Et en plus cette fois, on a une explication de comment c'est possible, parfais ! Et ce mec avec son chapeau... Mais c'est juste un connard en fait ! Méchant ! è-é
Blague à part, il m'intrigue beaucoup, et je sent qu'on va le revoir souvent... Quand même hâte de savoir quel est son but. ^^
Je sais pas vraiment quoi dire de plus qui a déjà été dit, ou que j'ai déjà dit avant... J'ai rien à dire sur la forme, je trouve ça toujours aussi bon, au final. ^^
Donc... Plutôt que de me répéter encore et encore... Bah vivement le prochaine chapitre, pour savoir ce qu'il va arriver à (la "pauvre") Lenz ! Courage Zouzouille, tu peux le faire ! ^^
Birth : En effet, et pour le moment tu y arrive bien ! Les changements apportent un vent de fraicheur à la nouvelle d'origine, et on voit toujours la trame d'origine au travers, rien à redire sur ça. ^^
Alors, que dire sur ce chapitre... Hum... J'ai moins de commentaire à faire en fait, mais bon, il était plus court et plus centré. ^^
Je pense que ça ne sera pas une surprise, mais je suis bien d'accord avec les autres : ce Cyd, ce Cyd. x)
Tu t'es vraiment lâché pour écrire ça, et on voit bien toute sa rage vis à vis de certaines choses. x)
Le final avec le "dwa mécanique" est magnifique, d'ailleurs ! :p
Et bon sang ! Il fait un bon duo avec Tyra ! C'était sympa à voir, et tout le passage était bien bien épique ! *-*/
Ensuite... Jolie reprise du passage qui était déjà dans la nouvelle d'avant... La transposition ! Et en plus cette fois, on a une explication de comment c'est possible, parfais ! Et ce mec avec son chapeau... Mais c'est juste un connard en fait ! Méchant ! è-é
Blague à part, il m'intrigue beaucoup, et je sent qu'on va le revoir souvent... Quand même hâte de savoir quel est son but. ^^
Je sais pas vraiment quoi dire de plus qui a déjà été dit, ou que j'ai déjà dit avant... J'ai rien à dire sur la forme, je trouve ça toujours aussi bon, au final. ^^
Donc... Plutôt que de me répéter encore et encore... Bah vivement le prochaine chapitre, pour savoir ce qu'il va arriver à (la "pauvre") Lenz ! Courage Zouzouille, tu peux le faire ! ^^
Shiki Van Shërza- Les Fondateurs
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Localisation : Sufokia
Re: NoD Remaster
*s'approche doucement* Le changement apporte le changement...et c'est pour cela que- *tousse violemment*
Ouai bon...je suis peut être pas très en forme pour un commentaire comme les derniers, tâchons donc de faire plus simple !
Que me dit ma tête ? Hmm...qu'elle souffre à force de voir les sublimes scènes que tu décris. Mais encore...hmm...qu'elle vois à peu près aussi clairement chaque action comme si ont y était ?
Mouai, je suis d'accord avec elle, là encore un magnifique témoignage de ton talent pour écrire, description sans failles et précises, connecteur entre les paragraphes clair et précis...j'aimerais tellement atteindre ton niveau, mais bras, on ne parle pas de ça ici !
J'ai juste adoré, que ce soit Cyd avec sa maîtrise du pilotage qu'il n'a pas volé, et encore moins appris par dessus la jambe (Cadeau à la majorité des pilotes de Clocktown, bande de faibles !) et le coup de mon bras mékanique est juste magnifique (et je pense gravé dans les mémoires de plusieurs d'entre nous !)
Tyra...rien à dire dessus, simple, précis et efficace !
Une Ophe plus qu'acharnée sur le coup, même si ce n'est pas une blessure à une aile qui arrête un dragon habituellement, mais bon, je veux bien te le céder pour des raisons de narration :p
Après un petit clin d'oeil à Ihephe...le pauvre, même pas un méka...Lenzia est vraiment une égoïste ~
Le tout dans une histoire toujours plus palpitante et qui accélère le plus en plus, le dénouement est proche, et il promet d'être critique.
En bref, que du bon, pas trop de mauvaise nouvelles dans cette épisode, continue comme ça !
Ouai bon...je suis peut être pas très en forme pour un commentaire comme les derniers, tâchons donc de faire plus simple !
Que me dit ma tête ? Hmm...qu'elle souffre à force de voir les sublimes scènes que tu décris. Mais encore...hmm...qu'elle vois à peu près aussi clairement chaque action comme si ont y était ?
Mouai, je suis d'accord avec elle, là encore un magnifique témoignage de ton talent pour écrire, description sans failles et précises, connecteur entre les paragraphes clair et précis...j'aimerais tellement atteindre ton niveau, mais bras, on ne parle pas de ça ici !
J'ai juste adoré, que ce soit Cyd avec sa maîtrise du pilotage qu'il n'a pas volé, et encore moins appris par dessus la jambe (Cadeau à la majorité des pilotes de Clocktown, bande de faibles !) et le coup de mon bras mékanique est juste magnifique (et je pense gravé dans les mémoires de plusieurs d'entre nous !)
Tyra...rien à dire dessus, simple, précis et efficace !
Une Ophe plus qu'acharnée sur le coup, même si ce n'est pas une blessure à une aile qui arrête un dragon habituellement, mais bon, je veux bien te le céder pour des raisons de narration :p
Après un petit clin d'oeil à Ihephe...le pauvre, même pas un méka...Lenzia est vraiment une égoïste ~
Le tout dans une histoire toujours plus palpitante et qui accélère le plus en plus, le dénouement est proche, et il promet d'être critique.
En bref, que du bon, pas trop de mauvaise nouvelles dans cette épisode, continue comme ça !
Opheliana- L’Idéaliste
- Messages : 94
Date d'inscription : 05/09/2014
Re: NoD Remaster
Bon bah comme d'hab c'est très cool blablabla détaillé blablabla j'apparais dedans donc c'est forcement bien blablabla... Nan sans déconner, une bataille aérienne très sympa, le coup du canon qui traverse la salle ça ma bien fait marrer XD et surtout une Lenzia qui atteint un certain niveau de badasserie (même si d'un point de vu purement objectif, c'est très con le coup du tp.).
Donc les +:
du très bon niveau histoire et construction mais à force on est habitué.
Les -:
Le soucis avec autant de personnage, c'est que certain reste très très loin en arrière niveau exposition (je ne donnerais pas d'exemple), mais c'est très mineur comme défaut selon moi est pis c'est t'a nouvelle, donc tu fais comme tu veux (merci Obvious-Kun.)
Les contraintes:
Donc désormais, je vais te stalker... pour que tu jettes un oeil à mes derniers écrit huhuhhuhuhu...
Donc les +:
du très bon niveau histoire et construction mais à force on est habitué.
Les -:
Le soucis avec autant de personnage, c'est que certain reste très très loin en arrière niveau exposition (je ne donnerais pas d'exemple), mais c'est très mineur comme défaut selon moi est pis c'est t'a nouvelle, donc tu fais comme tu veux (merci Obvious-Kun.)
Les contraintes:
Donc désormais, je vais te stalker... pour que tu jettes un oeil à mes derniers écrit huhuhhuhuhu...
Mama Koi- L’Activiste
- Messages : 112
Date d'inscription : 07/09/2014
Age : 30
Localisation : Je sais pas ... ya de la lumière là bas...
Re: NoD Remaster
Et salut à tous ! Je vous apporte en ce jour l'épisode 18 de NoD R...signant le début de la trilogie de la fin. C'est le chapitre le plus proche de la nouvelle de base, et pourtant tant de choses changent...j'ai adoré l'écrire et j’espère que vous aimerez le lire !
Le Point :
Harkane : Merci ! : Hunshaïn va encore apparaitre de nombreuses fois dans mes nouvelles...guettez-le ~
Albynn : Merci ! Les Zeppelins finissent tous dans l'océan, désastre maritime donc ! xD
Ihephe : Merci ! Et oui...Ihephe n'aura pas eut un très grand rôle dans cette nouvelle, mais elle n'est pas finit et de grands moment sont à venir pour lui dans les prochains écrits !
Shiki : Merci ! : Bien heureux que Cyd et Tyra t'ai plut, j'ai même hésité à les mettre en couple pour te dire xD
Ophe : Merci ! : Joli com malgrés ta maladie, ça fait toujours plaisir ! Oui Ophe aurait du continuer à voler, mais la narration...cette sale race ! xD
Mama : Merci ! : Oui certains persos sont délaissés, mais je travaille seul sur le projet et c'est parfois dur. J'essaierais de faire mieux à l'avenir
J'espère que vous allez aimer cet épisode, de tout coeur, je le considère comme mon meilleur à ce jour...
Bonne Lecture !
« Comptes-tu te battre éternellement Lenz ? Vas-tu errer de conflit en conflit à mesure que les années passeront ? Au bout de combien de temps viendras-tu à t’éroder, à l’image de ton maître. A faire des choix plus discutables, à causer plus de pertes que de gains…
-Je ne sais rien faire d’autre. Me battre pour les miens, pour les autres…pour une liberté que je ne comprends même pas. Je ne suis pas comme vous Mylone, je n’ai pas ce talent qui vous permet de bâtir une si grande institution depuis les cendres. Je n’ai pas ce don que vous avez, cet altruisme qui vous pousse à aider les autres sans jamais causer la moindre mort. Je vous envie…
-Tu as battis une guilde entière Lenz, et elle ne cesse de croitre. Un jour tu me surpasseras surement, mais quand cela arrivera il te faudra te poser les bonnes questions. Quel prix à la liberté, combien de vie devraient être sacrifiées sur son grand autel ? Un vieil ami…non…la personne qui me fut la plus chère disait une chose : La liberté n’est qu’un monstre se nourrissant des idéalistes et des révolutionnaires, elle n’est qu’un ennemi invisible qui nous pousse à faire les pires choses pour l’atteindre…alors qu’on ne l’obtient qu’en se détournant de son symbolisme et en acceptant de ne pas vouer sa vie à l’apporter aux autres.
-Je ne sais pas ce que je ferais Mylone, le jour venu ma vie sera dans la balance au court d’une bataille décisive. Venremos disait que l’on naissait tous pour une bataille…un conflit ou notre rôle changerait le cours de l’histoire. Cette bataille n’est pas encore arrivée pour moi, et vos questions se poseront le jour où ce sera le cas… »
Lenz gardait une mine grave, les yeux fermés et plongée dans une concentration intense. Elle l’entendait, le cliquetis sonore des mékas…le son que provoquait le choc entre leurs pattes et le sol métallique. Ils se rapprochaient inlassablement du poste de pilote, point culminant d’une guerre touchant à sa fin. La bataille n’avait eu de cesse d’évoluer, désignant un camp avantagé avant d’en changer brusquement. Un à un tous les conflits annexes s’étaient arrêtés, tous les pions avaient été retirés du plateau…il ne restait désormais que les rois pour déterminer de la résolution de cette partie incroyable. Tout allait se jouer dans cette si petite pièce, au milieu des instruments de bord s’illuminant faiblement. Harkane toussait et crachait un peu de sang, maintenant la lente avancée du Zeppelin. Si le monde avait su qu’un Ecaflip avait été le moteur du dernier espoir d’une nation entière…l’aurait-il seulement crut ?
Le cuistot redressa faiblement la tête, fixant le dos de sa chef d’un regard terne. Ses lèvres s’agitèrent, venant difficilement murmurer un simple mot…si lourd de sens :
« Pourquoi… ? »
La Sacrieuse rouvrit lentement ses yeux, venant fixer la porte d’entrée de cette salle qu’elle gardait. Elle venait d’envoyer Ihephe au sol, elle avait pris sa place dans ce combat des plus risqués. Elle avait tout laissée derrière et venait de mettre sa vie en jeu pour le destin d’une nation entière. Elle sourit légèrement, et murmura :
« Car mon jour est venu…la bataille ou j’ai mon rôle à jouer est ici. Je ne pouvais pas laisser Ihephe dans ce tombeau aérien, c’est une guerre entre Cloctown et Amakna…mais on sait tout deux que ce conflit penche plus vers un duel entre Get Free et Clocktown…
-Et en tant que chef…tu te devais de venir sur ce dernier…affrontement ?
-Non, en tant que chef je me devais de tout faire pour tenir ma promesse. Personne ne mourra…je vous l’ai déclaré. Et c’est ici que je viens honorer mon engagement, c’est de mes mains que je m’assurerais que personne ne risque de perdre la vie. J’ai confiance en Ihephe…mais je ne peux le laisser courir un tel danger sans avoir d’influence dessus. »
Harkane esquissa un faible sourire, serrant légèrement plus ses câbles. Il demanda d’une voix solennelle :
« Lenz…si on meurt ici je voulais te dire…
-Tais-toi. Je n’envisage pas cette possibilité. Tous ont accomplis ce qu’ils pouvaient dans cette guerre insensée…c’est à notre tour de tout donner pour remporter le combat ici et revenir vers eux en vie. »
L’Ecaflip ferma les yeux, tentant d’économiser les dernières forces lui restant. Il avait confiance en sa chef, ça n’avait jamais changé durant toutes ces années. Il comptait bien lui faire honneur, et se montrer digne. Lenz avait toutes les cartes en main, c’était à elle de jouer.
Elle leva son fusil, pointant le canon vers la porte, et ferma un œil. Les mékas étaient là, elle le savait. La porte s’ouvrit dans un léger chuintement, dévoilant la première unité d’un cortège entier. Sans attendre, Lenz tira. Le canon se souleva avec violence tandis qu’une balle filait vers l’unité. Elle s’écrasa contre une sorte de barrière invisible, et ricocha pour aller se planter dans un mur. La Sacrieuse écarquilla les yeux en baissant son arme, lâchant un soupire résigné. Un groupe de cinq mékas entra dans la salle, venant s’aligner dans le fond du poste de pilotage, puis ce fut au tour d’Heldegast. Il se tenait droit, fiers et déterminé, sa plaçant derrière ses soldats de métal en fixant la Sacrieuse. Lenz esquissa un faible sourire, et clama :
« Tu uses de tour de passe-passe intéressant Heldegast !
-Des boucliers magnétiques…très chère, j’ai pris le temps d’en équiper chaque méka ici présent. Bien entendu ils sont bien plus de cinq, un véritable bataillon se situe derrière la porte. Chaque unité que tu abattras sera remplacée au pied levé…combien penses-tu pouvoir t’en faire avant que la fatigue ne te fasse t’agenouiller devant moi ?
-Bien assez pour que ce Zeppelin vienne à bout de ton antenne, ricana la chef de Get Free en le toisant de ses yeux marrons, je ne compte en aucun cas perdre ici…sois en conscient !
-Ton arrogance ne te sauveras pas…je suis peut être seul désormais mais mon armée est toujours présente. Regardes dehors, le soleil se couche. La nuit va tomber Lenz, et lorsqu’elle se terminera…les hommes au sol seront vaincus. Il me suffit pour cela de te défaire ici et maintenant. De mettre un terme à tes pathétiques idéaux…d’écraser ce ridicule vent d’espoir que tu as fait souffler sur ces habitants en perdition ! Aujourd’hui les gens me voient comme un tyran…comme une menace. D’ici quelques années, tous comprendront que je ne suis que le sauveur de ce monde, que le sacrifice que je m’apprête à faire n’était que nécessaire et que toi et tes hommes n’étiez que des êtres égoïstes ayant tentés d’arrêter le changement !
-Je ne veux pas de ton changement Heldegast…et ce peuple encore moins. Même si je tombe aujourd’hui, ils lutteront éternellement. D’autres prendront la relève, les générations se succéderont peut-être mais notre flamme ne s’éteindra jamais ! Ce n’est pas une bataille qui décidera de l’avenir d’Amakna, je sais d’ores et déjà qu’ils viendront à bout de tes plans insensés un jour ou l’autre ! Notre combat n’a pour vocation que de déterminer la durée du calvaire que tu leur fais subir ! Et mon intention est de la rendre aussi courte que possible !
-Toute parole supplémentaire est donc vaine je le crains. Des centaines de personnes doivent nous regarder Lenz, ne les faisons pas attendre d’avantage ! Bats-toi pour tes pauvres idéaux, je t’écraserais avec ma vision d’un monde meilleur ! »
Le Féca se recula d’un pas, tendant son bras en avant dans un signe d’attaque à ses pantins de rouages. Le combat allait pouvoir commencer, et c’est avec une mine des plus sérieuses que la Sacrieuse allait l’engager. Elle serra fermement son fusil entre ses mains, les balles étaient peut être inefficaces…mais sa baïonnette la rendait toujours aussi dangereuse. Elle allait devoir redoubler de combativité pour vaincre cette armée, mais elle s’en sentait capable. Elle avait portée pendant plusieurs années un titre qui avait forgé ce qu’elle était devenue. Ce titre avait peut-être disparut…mais sa promesse de protéger les générations futures restait.
« Pourquoi un tel surnom…j’veux dire : Birth c’est quand même pas facile à prononcer. Et puis Sayana c’est nettement plus joli…je ne pense pas que je parviendrais à porter un tel titre.
-C’est un symbole Lenz, « Birth » ça représente une masse silencieuse mais portant l’avenir entier de notre monde en eux. C’est le titre donné à chaque enfant naissant dans notre monde, à tous ces futurs grands hommes et grandes femmes qui changeront peut le monde bien plus que nous ne le pourrons jamais.
-Et c’est pour ça que tu as décidée de devenir une justicière masquée…devenir cette légende dont les gens parlent tant ? Pourquoi ne pas te dévoiler au grand jour, et porter haut tes idéaux sans masque et sans reproche Sayana ?!
-Car les gens ne se souviendront que de Sayana Evrifry, de cette femme combattante qui s’opposait à la situation actuelle ! Alors que sans savoir qui je suis, sans savoir quel est mon nom…les gens pourront se voir en moi. N’importe qui pourra se dire qu’il peut le faire également, ces jeunes générations à qui je décerne ma vie tenteront à leur tour de faire perdurer le mythe de ce titre. Birth pourrait être n’importe qui Lenz ! Ça pourrait être toi…ça pourrait être notre voisin, ça pourrait être le moindre inconnu de ce monde !
-Mouais…je t’avoue que je ne me sens pas prêt à arborer un symbole pareil… »
Et pourtant ce titre elle l’avait portée pendant bien des années, avant de finalement de nouveau arborer son vrais nom. Elle ne l’avait pas vraiment fait pour devenir le symbole que Sayana clamait, mais plutôt pour enterrer la personne qu’elle fut jadis. Un moyen de renier ses erreurs dans une tentative d’aller de l’avant, un nouveau départ qui l’avait conduit où elle se trouvait maintenant. Désormais elle portait avec fierté le nom de Lenz Dogaïl, femme révolutionnaire qui se remettait sans cesse en question. Une chose n’avait néanmoins jamais changée, elle n’avait rien perdue de sa combativité. Déterminée autant qu’initiatrice, elle se battait pour ce en quoi elle croyait. Et ça n’allait pas être un simple groupe de méka dirigé par un élitiste fini qui allait changer quoi que ce soit à cela…
Les unités de métal levèrent avec lenteur leur bras mitrailleur, ciblant la Sacrieuse dans une suite de cliquetis et de rouages en actions. Le plan semblait être d’en finir au plus vite, et cette perspective convenait complètement à Lenz. Elle serra d’avantage son fusil, se préparant à ce combat que tous semblaient attendre. Le dernier loquet de verrouillage sauta, et une pluie de balle vint s’abattre sur la position de la chef de Get Free. Elle se décala avec rapidité, sa grande cape blanche se faisant percer en divers endroits, et se rua vers ses adversaires. Se servant de son arme comme d’une lance, elle chargeait un premier méka en le visant de la pointe de sa baïonnette. Son adversaire stoppa immédiatement son tir, pivotant sur lui-même en décrivant un large arc de cercle de sa lame. La Sacrieuse observa bien le mouvement, se concentra rapidement et tira sur l’arme qui tentait de la trancher en deux. Le bras du méka fut dévié sous l’impact, le bouclier magnétique ne semblant pas couvrir les armes de ces unités, et Lenz put librement transpercer son opposant de sa baïonnette. Sa victime grésilla un instant, et s’éteignit pour de bon. Du coin de l’œil, la Sacrieuse remarqua que les mékas changeaient d’ores et déjà de position pour de nouveau l’avoir dans leur ligne de tir. Elle se décala sur le côté, orientant sa victime toujours plantée au bout de sa lance de fortune afin de s’en servir comme d’un bouclier. Elle plaça la semelle de sa botte sur la carcasse de son ennemi et, d’un geste des plus brusques, l’envoya en direction des autres unités. Leur vue se retrouvèrent bouchée, mais ils enclenchèrent leur torrent de balle…criblant la carcasse de toute part. Lenz se jeta sur le côté, effectuant une habile roulade avant de se redresser en vitesse, et se rua sur un autre méka.
La belle comptait user de sa rapidité comme avantage dans ce duel déséquilibré. Les unités de Clocktown n’étaient qu’un enchevêtrement de câbles et d’instructions basiques…leur nombre était un problème, mais ils étaient bien loin d’avoir le niveau des autres combattants qu’avait pu affronter la Sacrieuse. Ils n’avaient pas le génie de Piotr, la rage de Jolian, l’intelligence de Mylone, la puissance de Keethan ou les pouvoirs dévastateurs d’Emitrevo. Contre ces combattants Lenz pouvait se permettre de trembler, d’avoir peur et de ressentir la tension d’un combat…mais en aucun cas elle ne pouvait ressentir quoique ce soit de tout cela contre ces êtres artificiels.
Avec force et détermination, elle atteignit finalement le deuxième méka. L’attaquant par le flanc, elle n’eut aucun mal à le transpercer de la pointe de sa lance. Les autres mékas commençaient déjà à bouger de nouveau, aussi décida-t-elle de retirer immédiatement son arme de la carcasse de sa victime. Elle la tira vers elle d’un coup sec…mais la baïonnette ne se délogea pas. L’intérieur du méka semblait s’être comprimé contre la lame dans une dernière action avant l’extinction. Heldegast éclata de rire et hurla :
« Ne penses pas affronter des mékas classiques Lenz ! Je suis là, et je ne me contenterais pas uniquement d’observer. J’analyse toutes tes actions, et j’envoie de nouveaux ordres à mes unités pour répondre à tes attaques. Je les fais évoluer, s’adapter à toi et à ton style de combat. Dans ce duel ils sont mes armes ! »
Lenz jura, tirant sur son arme de toutes ses forces. La situation se complexifiait bien plus qu’elle ne l’aurait pensée, et elle perdait visiblement ses rares avantages. Les mékas s’arrêtèrent, la Sacrieuse se trouvant une nouvelle fois dans leur ligne de vue, et ouvrirent le feu. A contrecœur, elle dut se résoudre à laisser son arme et à reculer vivement. Sa manœuvre fut trop tardive, et quelques balles virent ricocher sur son armure. Elle était protégée, et tant qu’elle ne sollicitait pas trop la résistance que lui procurait cette protection, elle pouvait espérer la faire tenir le plus longtemps possible. Elle alla se placer derrière le gouvernail du Liberty, attendant que le flot de balle se tarisse. Haletante, elle ferma les yeux pour se reposer un peu. Ses muscles se détendirent un instant, avant de violemment se crisper. La belle serra les dents en poussant un juron, une douleur commençait à naitre dans son flanc droit. Elle ouvrit un œil et regarda l’état de cette zone. Une des jointures de son armure était percée, et un filet de sang s’en échappait désormais. Une balle l’avait touchée…l’adrénaline ne lui avait pas fait ressentir la douleur sur le coup, mais désormais celle-ci se faisait bien plus fulgurante.
Lenz poussa un nouveau juron. Le combat était déjà ardu…et voilà que désormais un handicap supplémentaire venait entraver son corps. Elle jeta un regard à Harkane, l’Ecaflip à bout de force la fixait d’un regard inquiet. Elle esquissa un petit sourire se voulant rassurant. Elle ne comptait pas baisser les bras maintenant.
Elle posa sa main droite sur la garde de son épée, la gauche venant serrer le fourreau, et dégaina avec lenteur la lame dorée. Les mékas venaient de cesser leur mitraillage, et semblaient se rapprocher prudemment de la position de la Sacrieuse. Cette dernière inspira longuement, détachant sa cape de son armure le plus discrètement possible. D’un mouvement ample elle l’envoya à sa droite, attendit quelques instants, et se rua à gauche. Son plan sembla fonctionner, les mékas ouvrant de nouveau le feu sur la cape, la trouant de part en part. Lenz, quant à elle, avançait de l’autre côté…sauve de tout tirs ennemis. Elle fila droit vers l’unité adverse la plus proche, ses opposants commençant tout justes à comprendre leur erreur et à y remédier. Elle passa sur le côté gauche du méka, gardant sa lame à l’horizontal pour le trancher sur son passage, et continua sa course folle. Une large entaille vint se former sur sa victime, venant toucher ses circuits internes et le désactivant. Une autre unité le cibla à nouveau et cracha un flot de balle dans sa direction. La belle sauta sur le côté avec rapidité, esquivant de justesse les projectiles mortels, mais ne réalisa son manque de discernement que trop tard. Le deuxième méka fonçait droit vers elle, sa lame pointée en avant. Il était bien trop proche pour pouvoir tenter une esquive, et Lenz savait qu’elle ne pourrait parer ce coup. Elle allait devoir le dévier, et minimiser les dégâts. Serrant les dents et se préparant à ressentir une vive douleur, elle donna un violent coup d’épée dans la lame adverse. Celle-ci fut décalée vers le bas, et vint transpercer l’armure de la pauvre Sacrieuse, se plantant dans son flanc déjà amoché.
Lenz poussa un grognement de douleur, sentant la pointe de la lame lui percer la peau. Son armure avait réduit la force du coup, et la lame ne la transperçait pas. De la chance dans son malheur se disait-elle, mais elle ne pouvait se permettre de laisser le temps au méka de rectifier cette erreur. Elle fit tourner sa lame dans les airs, levant rapidement son bras en contrôlant le moulinet qu’elle effectuait, puis abattit le fil de son épée dans un coup vertical sur le sommet du crâne de son agresseur. Elle trancha ses divers capteurs, et désactiva la créature. Elle chercha immédiatement le dernier Méka du regard, se dégageant avec douleur de sa victime. Elle l’aperçut finalement un peu plus loin, l’unité lui tirant une nouvelle fois dessus.
Pas le temps de réfléchir à une attaque particulière, pensa la jeune femme, elle envoya son bras armé vers l’arrière de son corps et fléchit ses jambes. D’un geste ample et puissant, elle donna un coup d’épée vers l’avant…lâchant son arme quand celle-ci se retrouva bien alignée avec sa cible. Elle se jeta ensuite sur le côté, tandis que sa lame tournoyait dans les airs. Elle percuta le sol au moment même où l’épée atteignait sa cible, la transperçant avec violence.
Lenz esquissa un petit sourire en se redressant, gardant sa main droite plaquée contre son flanc pour limiter l’écoulement de son sang. Elle fit un pas en direction du méka, cherchant à récupérer sa lame, puis remarqua son erreur. Le méka n’était pas encore totalement désactivé, les composants qui lui permettaient de se déplacer semblant toujours en état de marche. Dans un crissement strident le méka se rua en direction de la vitre du cockpit, la traversant dans le son assourdissant du verre brisé. Il disparut dans les cieux, emportant avec lui l’épée de la Sacrieuse.
Lenz pesta, elle venait de perdre sa dernière arme. Tandis qu’elle réfléchissait à un moyen de récupérer son fusil, elle entendit Harkane hurler :
« Lenz…Devant toi ! »
La chef de Get Free tourna vivement sa tête dans la direction indiquée par l’Ecaflip…et découvrit les cinq nouveaux mékas qui étaient entrés dans le poste de pilotage. Heldegast semblait jubiler derrière, clamant d’une voix victorieuse :
« C’est finit Lenz ! Tu n’as plus d’armes et tu es blessée ! Je vais ordonner à mes unités d’ouvrir le feu…et tu vas te faire simplement fusiller ! Cette bataille prend fin maintenant, ta défaite entrainera la défaite du Liberty…qui elle-même entrainera la défaite de la Nation toute entière ! »
Lenz esquissa un faible sourire, elle savait que le Féca avait raison sur un point…son état n’était pas vraiment avantageux. Lorsque les mékas ouvriraient le feu, elle n’aurait pas les forces suffisantes pour esquiver les tirs. Elle se focalisait désormais uniquement sur le fait de tenir, de résister le plus longtemps possible et de continuer à faire face à cet ennemi qu’elle haïssait. Elle se redressa, se tenant le plus droit possible en se protégeant au maximum avec ses bras, et clama d’une voix amusée :
« Je donnerais tout ce que j’ai…pour te voir fermer ta grande gueule Heldegast. »
L’ingénieur ne releva pas ses propos, et abaissa simplement sa main dans un ordre clair et concis. Les armes des mékas crachèrent un flot ininterrompu de projectile à destination de la chef des révoltés, ne cherchant qu’à la faire chuter. Les balles percutèrent avec force l’armure de la Sacrieuse, certaines ricochant…d’autres la traversant. Lenz grognait de douleur, son corps se secouant au rythme des impacts. Elle tenait bon, ne reculant pas, ne pliant pas…ses yeux étaient fermés, son esprit tentait de se détacher de la douleur qu’elle commençait à ressentir. Les balles se logeaient dans son corps, se focalisant sur ses bras, ses jambes et ses flancs. Combien l’avaient déjà transpercées, une dizaine…peut être plus. La salve continua encore un moment, Harkane fermant les yeux pour se détacher de ce déplorant spectacle. Il pouvait entendre la souffrance de son amie à travers ses cris de douleur, et n’espérait qu’une chose…que ça se termine vite.
La salve s’arrêta finalement, les mékas se retrouvant à cours de munitions. De minces filets de fumée s’échappaient des impacts que l’armure avait subis, celle-ci se retrouvant fortement amochée. Lenz relâcha ses muscles, et ses bras se laissèrent tomber contre ses flancs. Le rouge recouvrait désormais le doré, se propageant de plus en plus à mesure que la belle se vidait de son sang. Aucune balle ayant traversée sa peau n’était ressortie, la combattante devait souffrir le martyr. Elle respirait avec difficulté, défiant Heldegast du regard. Elle était toujours debout, fière et déterminée. Le Féca lui adressa un petit rictus amusé, il était admiratif de la volonté de cette femme…mais était bien décidé à la faire cesser. Il claqua des doigts, se rapprochant lentement de l’Ecaflip câblé. Deux mékas passèrent devant lui et vinrent se positionner de chaque côté de Lenz. Ils se trouvaient hors d’atteinte de la Sacrieuse, qui ne semblait de toute façon pas être en état de bouger. Elle usait déjà de toutes ses forces pour se maintenir debout. Les deux unités pointèrent leur lame en direction de ses flancs, et sans un bruit…se ruèrent sur elle. La chef de Get Free ferma les yeux, une mine grave sur le visage, tandis que les lames la transperçaient de part en part. Du sang s’échappa de ses lèvres, tandis qu’elle rouvrait des yeux devenus plus vitreux. Elle respirait avec difficulté, sentant ses forces lui échapper.
Heldegast clama haut et fort :
« Comme je te l’ai dit Lenz…c’est finis… »
Puis, les mékas se reculèrent en libérant la Sacrieuse de leur lame. Elle s’effondra, percutant le sol avec force en gémissant de douleur. Ses longs cheveux s’éparpillaient au sol, et une flaque rouge et visqueuse se formait peu à peu sous elle. Elle ne semblait lutter que pour rester en vie, et la tâche paraissait déjà bien ardue.
« Comment vous imaginez votre mort les gars, pouffa le roublard en réchauffant ses mains prêt du feu.
-La seule mort que je trouverais digne de moi, clama le Pandawa en remplissant sa chope, c’est une mort alors que j’étais saoul ! Vous voyez…partir dans un état d’ébriété ça allège le cœur !
-T’es con Atamo, ricana le Sacrieur en réchauffant de la viande au bout d’un bâton, niveau dignité c’est un peu la mort de merde ! Et toi Jo’, tu poses la question mais se serait quoi pour toi ta mort idéale?
-Moi…bah je ne ressens pas la douleur donc je ne crains pas de souffrir tu vois. Non ce qui m’effraie le plus c’est de me dire que je pourrais mourir sans m’en rendre compte. T’imagines Lenz, je me blesse grièvement et je me vide de mon sang sans m’en apercevoir. Je meurs comme un con alors que j’aurais pu être soigné !
-Ouais plutôt moche pour le coup, soupira le Sacrieur, mais alors si tu peux choisir ta façon de mourir justement ?
-Huuum…mourir en faisant exploser des bombes pour libérer quelque chose. Ma dernière action est impressionnante, je disparais sur le coup et j’ai pu voir ma mort venir !
-Connaissant tes talents, pouffa le Pandawa, tu te feras sauter la poire sans le faire exprès !
-Hey ! C’est l’alcoolo de service qui me dit ça, cria dans un éclat de rire le Roublard. Et toi Lenz du coup, la mort de tes rêves ?
-En héros…au milieu d’un combat pour des enjeux qui me dépasse, et en sachant pertinemment que quelqu’un prendra le relais, se montrera digne de mon héritage. C’est ça…la mort de mes rêves. »
Heldegast s’approchait toujours de l’Ecaflip, un sourire victorieux aux lèvres. Il avait gagné, malgré tous les imprévus, après avoir subi toutes ces défaites…il avait finalement remporté la bataille. Le dernier espoir d’Amakna venait de s’éteindre, plus personne ne pouvait les sauver. Il se plaça devant l’Ecaflip et plongea sa main dans la poche de sa veste pour en sortir un paquet de cigarette. Il en plaça une entre ses lèvres, et fixa le cuistot d’un regard interrogatif :
« Tu fumes ?
-Vas te…faire foutre…konnard, articula Harkane en le fixant rageusement de ses yeux fatigués.
-Tant pis, soupira le Féca en allumant le bout de sa cigarette et en crachant un mince filet de fumée, tu sembles être le moteur de cet appareil hein ?
-…
-C’est bien ce que je pensais, si je te tues j’envoie le Zeppelin au sol et je meurs également. Il ne vaut mieux pas tenter cela. Mais tu vois je sais que tu mets toutes les forces que tu as pour faire avancer cette machine…et je n’ai pas envie d’une mauvaise surprise. Donc il faut que je te laisse en vie, mais que je te vide de tes précieuses forces. Je m’excuse d’avance… »
Heldegast retroussa ses manches, maintint sa cigarette entre ses lèvres et fléchit légèrement ses jambes. Il n’avait pas l’habitude de se battre, mais frapper un homme ne devait pas être si dur que ça. Il envoya avec force son poing dans le ventre de l’Ecaflip, lui coupant la respiration, et le Zeppelin ralentit :
« Ma théorie semble exact…bon…il ne reste plus qu’à arrêter cet appareil. »
Tandis qu’Harkane tentait de reprendre le souffle perdu, le Féca arma de nouveau son bras. Il décocha un violent uppercut à son opposant, la tête de l’Ecaflip s’inclinant brutalement vers le haut. Il attrapa ensuite les cheveux de sa victime, les serrant fermement dans sa main, et envoya son poing s’écraser contre le visage du cuistot. Il réitéra plusieurs fois l’opération, le visage d’Harkane se tuméfiant peu à peu, avant de finalement relâcher l’Ecaflip. Les forces de ce dernier semblaient l’avoir abandonner, son corps pendait mollement. Ses mains étaient toujours serrées autour des câbles, désormais seuls liens lui permettant de rester plus ou moins debout. De minces filets de sang et de bave s’échappaient de ses lèvres entre-ouvertes, le brouillard envahissant son esprit. Le Zeppelin s’était arrêté, sa source d’énergie ne lui permettant plus désormais d’avancer.
Heldegast s’éloigna de l’Ecaflip, se rapprochant de la vitre de l’appareil. Il admira l’antenne de la Futaie Trouée. Il lui avait fallu tant d’années pour la bâtir, une décennie entière passée à réfléchir à toute cette opération. Il devait le reconnaitre, ces révolutionnaires lui avaient mis nombre de bâtons dans les roues. Mais c’était désormais terminé. Il contrôlait leur Zeppelin, il contrôlait le ciel...et plus que tout…il contrôlait la bataille. Il jeta sa cigarette à travers le trou dans la vitre et se retourna.
« C’est pas…encore…finis, murmura Harkane en tentant de relever la tête.
-Arrêtes ton char, clama le Féca d’une voix autoritaire, plus rien ne peut vous permettre de gagner cette guerre. Vous étiez l’espoir de la nation, et je vous ai brisé.
-On reste…un…symbole…
-Oh ? C’est donc cela, ricana le Féca, tu as raison en effet. Votre splendide étendard flotte sur le flanc de votre appareil. Il peut encore donner de l’espoir à ce peuple, je m’en vais donc de ce pas le retirer. »
Il pianota sur son bouclier, ordonnant à l’une des unités se promenant dans les coursives de l’appareil de détacher le pavillon des révolutionnaires. Il scruta ensuite le ciel, patientant calmement. Un bruit sourd se fit entendre, et le large tissu vert et blanc s’envola dans le ciel. Le Liberty n’arborait désormais plus le moindre symbole de sa guilde, l’étendard commençant une longue chute vers le sol.
Heldegast se tourna à nouveau vers l’Ecaflip et murmura :
« Et voilà très chers…je créé un nouveau symbole. Celui de votre défaite, celui venant prouver ma domination en ces lieux. Maintenant ouvres grand tes oreilles et entends les hurlements de désespoirs, les cris de souffrance et les appels à la reddition provenant du sol… »
Le silence s’abattit dans le poste de pilotage, tous se concentrant sur les sons provenant d’en bas. Pendant de longues minutes, seuls les bruits de combats parvinrent à eux…puis un hurlement se fit entendre. Un cri, venant livrer deux mots au ciel. Puis un autre cri plus bruyant, et encore un autre. Les voix se mêlèrent entre elle, venant créer un véritable hurlement d’espoir venant d’un peuple entier. Les deux mêmes mots se répétaient en boucle, comme une prière adressée au ciel…un appel à l’aide…une ode à l’espoir.
« Get Free »
Criaient ceux d’en bas d’une voix tonitruante.
« Get Free »
Résonnant dans les cieux et parvenant aux oreilles des occupants du Liberty.
« Get Free »
Devenant le slogan d’un peuple entier, un véritable appel à l’unité…à la combativité.
Heldegast écarquilla les yeux, il ne comprenait pas. Il n’avait de cesse de briser les espoirs de ce peuple, de lui retirer tout ce qui pouvait lui donner confiance. Il était victorieux…alors pourquoi personne ne voulait le reconnaitre, pourquoi s’acharnait-on à encenser un camp de perdant. N’avaient-ils rien appris, n’avaient-ils pas été éduqué à la réussite et à l’échec sans appel. Comment pouvaient-ils oser hurler ces deux mots, alors que ceux les arborant n’avaient pas été capables de l’arrêter…
« Quel est ton rêve Lenz, murmura l’Ecaflip en prenant une posture de combat.
-Je veux être un héros maître, je veux sauver les gens, libérer des peuples…insuffler de l’espoir, cria le Sacrieur en s’apprêtant à s’entrainer avec son ainé.
-Un héros hein…nous sommes des révolutionnaires Lenz…en aucun cas des héros. Nous sommes là dès le début des conflits, et nous repartons après qu’il se soit terminé. Un héros apparait simplement lorsque la situation semble désastreuse, et reste ensuite à se faire aduler…
-Je serais un héros révolutionnaire alors, je créerais ce concept et aiderais les autres de mon mieux !
-Alors tu seras celui qui participe au combat dès le début de celui-ci, qui donne tout ce qu’il a dans la bataille…qui tombe, mais se relève avec plus de force. Tu vivras une vie de souffrance pour les autres, tu n’auras de cesse de te remettre en question…de te demander qui tu es.
-J’accepte tout cela…si c’est le prix à payer, murmura le Sacrieur.
-Non, clama l’Ecaflip, le vrais prix à payer sera une mort certaine dans un combat perdu d’avance.
-Alors je vivrais jusque-là ! Et je ferais mon possible pour remporter chaque bataille, je donnerais tout ce que j’ai…je prêterais ma vie le temps d’un conflit, et la reprendrais une fois qu’il sera terminé. Je mourrais dans ma bataille perdue d’avance, mais je serais fier du chemin parcouru ! »
Le cri provenant du sol ne s’arrêtait pas, et Lenz l’entendait. Elle ne pouvait rester plus longtemps au sol. Toute une nation comptait sur elle, tout un peuple semblait attendre…un héros. Elle s’agita, remuant faiblement contre le sol. Se relever allait lui demander un effort surhumain, mais ce hurlement d’espoir lui donnait des forces. Elle devait le faire, elle avait une promesse à tenir, des amis à sauver…une nation à secourir. Elle fit glisser avec lenteur ses mains pour les aligner de chaque côté de son corps, et pressa fortement contre la paroi inférieure du Liberty. Elle détacha son buste de la surface métallique avec une terrible lenteur, serrant les deux sous la douleur que cet effort lui causait. Heldegast la regardait avec rage, hurlant :
« Abandonnes bordel ! Tu n’es plus en état de te battre, admets simplement ta défaite ! Ceux d’en bas soutienne l’idéal que tu inspires, mais personne ne te soutiens toi ! Personne ne vient t’acclamer !
-Allez…Lenz... »
Le Féca se tourna brusquement vers l’Ecaflip, c’était lui qui venait de parler. Ses dents se serraient en un rictus de rage pure, il ne pouvait plus supporter les tentatives désespérées de ces maudits révolutionnaires. Il voulut reprendre la parole, mais un grésillement sonore se manifesta avant. La radio du Zeppelin venait de se mettre en marche, crachotant un son faible mais parfaitement audible :
« Ici Cyd, cracha la radio avec une voix bourrue, je te préviens Lenz…t’as intérêt à dégager cet enfoiré de mon Zeppelin !
-Ici Rose, cria une voix bien plus féminine, on a enfin pu joindre les autres ! Clocktown est tombée ! On compte sur toi pour terminer le travail !
-Ici Shiki, vas-y sœurette on est de tout cœur avec toi !
-Ici Albynn, grande-sœur…t’as toujours été la première à me dire ne jamais baisser les bras ! Alors bats toi comme tu l’as toujours fais !
-Ici Mamastra, Lenz…tu nous as toujours montrée un visage combatif, tu nous donnes confiance…montre toi digne de ça bon sang !
-Ici Zack ! Maman, on est avec tous les autres jeunes de Get Free ! On est tous avec toi sur ce coup ! Montre à ce connard prétentieux de quel bois on se chauffe !
-Ici Tyra, Lenz…on a appris ta décision d’aller en haut au tout dernier moment ! Ihephe nous l’a annoncé avant de partir détruire des mékas par rage ! Tu as pris sa place, alors assumes le jusqu’au bout !
-Ici Opheliana…ma belle, tu m’as promis qu’aujourd’hui personne ne mourrait. Tiens cette promesse…libères le ciel pour moi…et reviens nous vite. »
Le grésillement s’arrêta et le silence retombant dans le poste de pilotage. Lenz était désormais debout, la tête basse et les poings légèrement serrés. Les messages de toutes ces personnes, tous ces appels que Get Free lui lançait…elle les avait entendus. C’est avec une énergie renouvelée qu’elle comptait reprendre le combat, elle allait tout mettre en œuvre pour retourner cette situation…pour reprendre le contrôle de la bataille et mettre fin à cette guerre.
Les cheveux de la Sacrieuse s’agitaient au grès du vent s’engouffrant dans l’appareil, sa tête demeurant baissée. De minces filets de sang continuaient à s’échapper de ses lèvres, tandis que son armure avait désormais pris une teinte carmin. Elle demeurait immobile, silencieuse. Elle écoutait…elle parvenait à les entendre. Les cris de souffrance, les hurlements d’espoir, le fracas des armes et les ricochets des balles contre les murs. Elle ne faisait pas partie de cette guerre, elle en était devenue le cœur. Un cœur battant à nouveau, avec une force renouvelée malgré les injuries causées. Elle inspira longuement, puis releva la tête.
Elle plongea un regard empli de détermination sur Heldegast. Le Féca souriait toujours, il clama :
« Oh…tes amis t’encouragent, comme c’est gentils de leur part ! Mais tu te vides de ton sang Dogaïl ! Ton armure ne tient presque plus, comment comptes tu vaincre mes mékas dans une telle situation ?! »
Sans un mot pour son interlocuteur, la Sacrieuse attrapa les sangles de son armure et les détacha avec lenteur. Le lourd plastron se disloqua, et vint percuter violemment le sol sous le regard incongru d’Harkane :
« Lenz…que…t’es malade… ?
-Regardes bien vieux frère, pouffa Lenz en retirant ses brassards et ses jambières, je vais voler…je vais devenir un vrais héros. »
Elle acheva de défaire ses protections en or, arborant désormais un débardeur blanc ensanglanté et un short noir. Ses pieds, nus, frôlaient le sol pour en apprécier le doux contact. Elle qui s’était cachée toutes ses années derrières ces apparats, qui avait fait confiance à ses armes plutôt que ses poings, qui avait préféré la résistance d’une armure à l’agilité d’un corps léger…elle renaissait en cet instant. Elle redevenait celle qu’elle avait été autre fois, une idéaliste…une pauvre femme rêvant d’héroïsme et ne se battant qu’à main nue. Elle inclina légèrement sa tête vers le haut, et se concentra longuement. Il lui faillait stopper ses plus grosses hémorragies. Les multitudes de trous dans son torse ne pouvait être réellement soignés, mais elle s’en accommoderait. Elle visualisa son sang…ou plutôt…ses sangs.
Depuis qu’Opheliana lui avait sauvée la vie, lui donnant une grande partie de son sang pour que la Sacrieuse échappe à la mort, son organisme était devenu le théâtre d’un bien étrange dialogue. Son sang humain et le sang draconnique se partageaient ce réceptacle, entrant parfois en conflit ou se mélangeant pour changer la forme de la femme. Il avait fallu un certain temps à Lenz pour apprendre à contrôler ce flux, à l’orienter dans les directions qu’elle désirait afin de modifier certaines parties de son corps en conséquence. Elle fit affluer son sang draconnique en direction des deux larges plaies ouvrant ses flancs, et peu à peu ces zones furent recouvertes d’écailles. Elle contracta ensuite ses muscles, collant au mieux les deux bords de ses plaies entre elles, et parvint à stopper l’hémorragie.
Lenz se tourna en direction d’Heldegast et ses mékas, les invitant à lancer leurs attaques. Ses pupilles étaient rétractées, lui donnant des airs de reptile. Elle souriait à pleine dents, prête à se lancer corps et âme dans ce combat qui s’annonçait acharné. Heldegast se recula encore, se plaçant à une bonne distance de sécurité de la Sacrieuse sur le retour, et sans un mot il ordonna à ses unités de lancer l’attaque. Elles ouvrirent le feu sur la position de leur ennemie, cherchant à l’abattre sans autre sommation. La chef de Get Free se jeta vers le sol, posant ses mains sur la surface métallique et levant le reste de son corps dans les airs. Elle effectua une roue, et vint placer ses pieds contre l’une des parois du Zeppelin. Les mékas réorientèrent leurs tirs, tentant de la cibler de nouveau, et elle donna une vive impulsion sur ses jambes. Elle partit dans une rapide roulade, passant sous les tirs pour se redresser plus loin. Se tenant sur des appuis solides, elle sautillait d’une jambe à l’autre en pouffant :
« Tes soldats ne me toucheront plus Heldegast, je vais esquiver chacune de leurs attaques et ensuite je les détruirais !
-Cesse donc de te vanter, cracha le Féca en ordonnant à deux unités de la charger, tu finiras par retourner sur ce sol que tu viens à peine de quitter ! »
Les deux mékas l’attaquèrent de nouveau par les flancs, cherchant à réitérer les blessures passées, tandis que les trois autres maintenaient un feu nourris à l’intention de la femme. Lenz patienta, attendant le bon moment, puis sauta. Elle plaqua ses mains sur le sommet des deux unités, et aperçus les tirs des autres ricocher contre le bouclier magnétique. Elle poussa sur ses bras, se dégageant en arrière tout en repoussant les deux bretteurs mékanique vers l’avant, et se réceptionna sur ses pieds. Les deux unités qui venaient de la charger se séparèrent, venant mettre un terme à la protection qu’ils offraient bien malgré eux à leur ennemie, et les tirs reprirent de plus belle. Les balles ricochaient au sol, se rapprochant de Lenz et visant ses pieds. La Sacrieuse s’engagea alors dans une course folle, filant vers l’avant du Zeppelin en entendant les impacts se rapprocher toujours plus. Elle sauta au dernier moment, venant attraper une prise située au-dessus des tableaux de bord, et vint hisser son corps en repliant ses jambes. Les balles s’écrasèrent contre les capteurs du Zeppelin, certaines la frôlant mais aucune ne la touchant. Quand les salves s’arrêtèrent, par manque de munition, elle se laissa retomber au sol et se mit immédiatement en garde. Un méka la chargeait de nouveau, pointant sa lame vers elle dans des intentions belliqueuses. Elle se tint prête, attendant qu’ils ne soient plus qu’à quelques centimètres pour agir. Elle empoigna le bras armé de l’unité, s’assurant une prise sure et non coupante, et pivota avec force sur elle-même. Elle envoya le méka à travers le trou qu’avait laissé son prédécesseur dans la vitre, et celui-ci disparut dans l’immensité des cieux.
La Sacrieuse s’avança prêt du rebord, embrassant la ville en état de guerre du regard. Elle tendit son point en l’air, hurlant d’une voix pleine d’assurance :
« Nous sommes libres et nous le resterons ! »
Un véritable hurlement d’approbation, mélange de toutes les voix provenant du sol, lui répondit…et elle se tourna avec lenteur en direction du chef ennemi :
« Vois Heldegast ! Vois la rage animant les hommes et femmes de cette terre ! Vois leur détermination, jamais tu ne les réduiras au silence ! Jamais tu ne parviendras à éteindre la flamme de l’espoir en eux ! Tu n’as pas ce pouvoir, et tu ne l’auras jamais !
-Fermes ta grande gueule Dogaïl, hurla rageusement le Féca, et crèves ! »
De nouveau les quatre mékas restant ouvrirent le feu, ayant visiblement rechargés leurs armes, un flot de balle fila en direction de la révoltée…cherchant une fois de plus à la faire taire. Elle esquissa un sourire, concentrant l’afflux de sang draconnique à destination de ses bras et de ses jambes. Ces dernières se recouvrirent d’écailles, et elle se mit dans une posture de défense. Ses bras étaient repliés contre elle, protégeant son torse et sa tête. Les balles ricochèrent contre ses écailles, ne la faisant pas plier, ne parvenant pas à lui faire poser un genou à terre. Le cliquetis sonore annonçant la rupture de munition se fit de nouveau entendre, et la Sacrieuse se rua en avant. Elle avait la volonté de tout terminer en un assaut, et elle allait tout donner pour cela. Un méka s’avança, lame brandit et charge engagée. Il fila vers elle et tenta de l’embrocher pour freiner sa course héroïque. D’un large revers du bras elle décala la lame, tandis que l’autre initiait déjà un coup à destination de sa tête. Son poing, recouvert d’écailles également, s’écrasa contre le cerveau-moteur de l’unité…enfonçant la taule et l’envoyant comprimer les circuits. La machine fut éjectée en arrière, et se désactiva.
Elle continuait d’avancer inlassablement, se rapprochant d’Heldegast en souriant toujours. Deux mékas vinrent lui faire barrage, protégeant leur maître en pointant leur lame vers elle. La Sacrieuse bondit en avant, venant envoyer son pied dans le torse d’une unité. Le choc fut violent, enfonçant là encore la taule de la machine, et Lenz fléchit sa jambe. Elle donna une violente impulsion contre l’unité, l’envoyant bouler sur le côté, et se propulsa en direction du deuxième méka. Elle abattit ses deux poings de chaque côté du cerveau-moteur de son opposant, le comprimant et le rendant obsolète, puis elle atterrit au sol. Un seul méka restait, et celui-ci barrait la route entre elle et le Féca. Ce dernier, prenant visiblement peur tout d’un coup, se ruait vers la sortie du poste de pilotage.
« Oh non Heldegast ! Ici on se bat jusqu’au bout ! »
Suite à ce hurlement, la Sacrieuse s’avança en direction du méka. Ce dernier tenta à son tour de l’embrocher, et elle abattit avec force son poing contre la lame. L’arme vola en éclat, tandis que Lenz ramenait déjà ses bras en arrière. Elle replia ses doigts et inclina ses mains de façon à présenter ses paumes. Dans un cri de rage, elle envoya ces dernières percuter avec une force inouïe le torse de l’unité métallique. Le méka vola à travers la pièce, et vint s’écraser avec une rare violence dans l’encadrement de la porte. Il explosa dans une gerbe de feu, l’intensité du coup ayant visiblement atteint son dernier stock de munition, et un incendie se déclencha sur le palier.
Heldegast s’arrêta, sa porte de sortie était désormais condamnée. Il se retourna vivement, apercevant immédiatement la Sacrieuse qui fonçait sur lui. Ses lèvres s’ouvrirent, tentant de prononcer une nouvelle insulte, mais son adversaire fut plus rapide. Dans un cri de victoire, Lenz envoya son poing s’écraser avec force contre la joue de l’ingénieur. Elle continua son coup, lui donnant tout ce qu’elle avait en réserve, et envoya l’homme contre la paroi la plus proche. Il s’écrasa contre celle-ci avec violence, et percuta le sol dans un bruit sourd.
Le Féca était à terre, visiblement sonné, tandis que la Sacrieuse haletait. Elle l’avait fait, elle était parvenue à vaincre son ennemi. D’autres mékas patrouillaient certainement dans les coursives du Zeppelin, mais elle avait repris le contrôle de cette salle. Pour l’heure c’est tout ce qui comptait, la guerre n’était pas finie…l’antenne tenait encore debout.
Elle se retourna, relâchant la pression de ses muscles en soupirant longuement. Ses plaies se rouvrirent, la vidant à nouveau de ses forces, et son front était recouvert de sueur. Elle semblait à bout, le court regain d’énergie que lui avait procuré les cris des Amaknéens se dissipaient et l’adrénaline venant à manquer. Elle devait en finir avec tout ça rapidement. Elle s’avança lentement vers son ami, l’Ecaflip la regardant avec admiration et reconnaissance :
« Lenz…murmura le cuistot, ce que tu as fait…
-On s’en fiche Harkane, pouffa la Sacrieuse en parvenant enfin à lui, l’important c’est l’antenne…ce sont les gens au sol qui seront les héros de cette bataille. Moi je n’ai été là que pour les aider l’espace d’un instant.
-Mouais…je vais quand même garder ces images gravées…dans ma tête…
-A ta guise l’ami…t’as assez de force pour faire encore avancer ce tas de ferraille ? On est presque à portée de tir. Un dernier effort et se sera bon…
-Grimpe dans une tourelle, murmura l’Eacflip amusé, je vais…donner ce qu’il me reste…pour ça… »
La Sacrieuse acquiesça en silence et se dirigea vers l’un des postes de tir. Elle s’arrêta juste devant celui-ci, et clama :
« Et ne mets pas toutes tes forces…oublies pas que j’ai une promesse à tenir…
-T’en fais pas…je ne compte pas mourir pour cause de « Panne d’alimentation », railla l’Ecaflip en toussant »
Lenz esquissa un sourire, et pénétra dans le poste de tir. Elle alla s’assoir derrière l’imposante tourelle à stasis du Zeppelin, et posa ses mains sur l’arme. Elle allait sauver une nation entière, elle qui avait jusque-là toujours détestée sa condition de fille de gouverneur…
« Je ne veux pas devenir comme vous père, pesta le jeune noble, être gouverneur ce n’est pas pour moi !
-Pourtant tu as cœur à aider les gens mon fils…que voudrais-tu être d’autre dans ce cas ? Soupira le Sacrieur.
-Je veux être…un héros !
-Un héros ? Mais les gouverneurs peuvent l’être ! Ils sont des héros dont on ne se souvient que peu et qui font de leur peuple leur enfant ! Ils s’en occupent nuit et jour…
-Oui, mais ça reste super…chiant. Je serais bien plus utile sur le terrain !
-En étant quoi ? Un révolutionnaire ? Sais-tu au moins ce que sont ces gens mon fils… ?
-Vous donnez toujours l’impression de les détester père, maugréa le jeune.
-Et à raison. Ils se proclament gentils, mais n’apportent au final que le chaos. Quand les révolutionnaires sont arrivés sur cette île, ils n’ont apportés que la désolation et sont repartis aussitôt. Ils sont de grands destructeurs, mais ne se trouvent jamais là pour reconstruire…
-Mais je ne veux pas devenir révolutionnaire ! Je ne le serais jamais ! Je veux être un héros qui sauve les gens, qui les aide ! Je veux construire, et non détruire !
-Alors un jour tu comprendras que de tels hommes ne sont pas des combattants, mais bien des gouverneurs mon fils… »
Et aujourd’hui plus que jamais, Lenz comprenait les paroles de son défunt père. Elle se battait avec acharnement, dans un monde sans cesse en mouvement. Les adulés d’hier devenaient les corrompus d’aujourd’hui. De nouvelles îles étaient découvertes, de nouveaux royaumes émergeaient. Un cycle sans fin continuait, peu importe le nombre de tyrans qui tombaient…d’autres arrivaient. La Sacrieuse savait que son combat n’avait pas de fin, que la lutte pouvait sembler vaine…mais elle rêvait d’une véritable échappatoire. Elle avait eu la chance de rencontrer trois grands hommes, qui avait chacun une partie de la solution. Il fallait pousser les peuples à se soulever, les aider dans cette lutte et inscrire une idée simple dans chaque tête « Personne n’a le droit de vous priver de votre liberté ». Venremos était l’instigateur, la flamme s’allumant dans un peuple. Il était l’origine de tout le travail à accomplir. Il fallait ensuite aider ces peuples, en montrant l’exemple. Prouver que l’on pouvait déchoir un tyran sans avoir à le tuer, lui ou ses hommes. « Devenir un modèle futur pour ne pas répéter les erreurs du passé », la devise de Mylone…celui qui avait le mieux su s’en approcher. Enfin il fallait rester même une fois que le tyran n’était plus. Rebâtir, élire, éduquer…relever une nation du conflit à l’apogée. « Reconstruire après avoir détruit. Partir en laissant autre chose que des cendres », la tâche d’un gouverneur tel qu’avait été Alphonso. Avec ces trois étapes, toute nation pouvait s’extirper de la tyrannie.
Lenz savait qu’Amakna devrait se relever du conflit qu’elle venait de subir, et Get Free serait là pour l’aider. Pour l’heure, une antenne était tout ce qu’il restait entre eux et la fin du conflit. Le Liberty s’arrêta à nouveau, et la voix faible d’Harkane se fit entendre :
« On y est…l’antenne est à…portée de tir…
-Alors on termine notre voyage ici Harkane ! »
Lenz agrippa fermement les poignées de la tourelle, et visa l’antenne de communication. Elle inspira longuement, se concentrant pour ne pas manquer son tir. Elle pressa les gâchettes, et une lueur violette émana des canons. La salve se chargeait, Lenz ne pouvant que patienter en attendant. Une fois la charge finit, elle ferait pleuvoir un déluge de stasis sur l’installation de Clocktown…la réduisant à néant.
Un son sourd émana des coursives de l’appareil, et la lueur s’éteignit. Elles n’étaient plus alimenté, les tourelles venaient d’être coupées de leur énergie. Lenz écarquilla les yeux, ne comprenant visiblement rien à ce qu’il était en train de se produire, puis elle entendit le hurlement de son ami…suivit d’une détonation :
« Lenz ! Helde… »
Le silence revint dans la cabine de pilotage, tandis que la Sacrieuse se ruait à l’extérieur du poste de tir. Elle balaya la salle du regard, et comprit immédiatement ce qu’il se passait. Harkane serrait les dents, un filait rouge coulant entre ses lèvres. Un trou ouvrait son ventre, la peau ayant été calcinée autour et du sang commençant à s’en échapper. A l’autre bout de la salle, adossé à la paroi de l’appareil, se tenait Heldegast. Le Féca s’était relevé, et semblait hors de lui. Il tenait un pistolet à la main, une lueur violette en émanant. Le côté droit de son visage était tuméfié, son œil demeurant fermé. Il tenait en joug l’Ecaflip, et hurla d’une voix enragée :
« Mes mékas viennent d’en finir avec votre armement ! Cette antenne restera debout bande de bouseux ! Mais comme j’en ai plus qu’assez de vos plans tordus…je vais en finir maintenant ! Je vais abattre ton ami Lenz ! Je vais mettre un terme à cette tentative désespérée que vous meniez depuis des heures ! Ce Zeppelin va rejoindre les miens ! Et même si je meurs…mon opération toute entière me survivra ! »
Le Féca hurla de nouveau, et pressa la détente. Harkane ferma les yeux, résolu. Si c’était ici que tout devait se terminer, alors il l’acceptait. Il avait tout donné pour ses valeurs, pour ce en quoi il croyait. Il partait dignement, et fiers de ce qu’il avait accomplis.
Le temps passa, mais il ne ressentit rien. Le tir aurait déjà dû le traverser…peut être était-il mort sur le coup. S’il ouvrait ses yeux, serait-il dans un autre monde, n’y aurait-il que le noir à perte de vue. Avec une certaine appréhension lui enserrant le cœur, il ouvrit ses yeux. Lenz se tenait devant lui, bras écartés et yeux entre-ouverts. Elle l’avait protégée, son dos avait reçu le tir…de la fumée s’en échappait. Elle toussa, et s’affaissa légèrement en avant.
« Pour…pourquoi ? Murmura l’Ecaflip.
-Personne…ne mourra, toussa-t-elle, c’est une…promesse… »
Heldegast éclata de rire, clamant haut et fort :
« Tu veux mourir pour lui Lenz ? Et bien ça me va ! C’est bien la seule chose que tu puisses faire dans ton Zeppelin désarmé ! »
Lenz écarquilla les yeux, et ses lèvres s’étirèrent en un fin sourire. Elle avait la solution, elle savait comment régler ce conflit une bonne fois pour toute. Mais il lui fallait pour cela faire une chose qu’elle n’allait pas aimer. Elle s’avança, venant serrer l’Ecaflip dans ses bras, et murmura :
« Ecoutes moi bien…Harkane…écoutes mes mots car ils seront peut-être les derniers…
-Que…que veux-tu dire…L…Lenz… ?
-Je vais détruire cette antenne…Hark’…je vais mettre fin…à cette guerre. Je vais devenir le héros…que j’ai toujours rêvé d’être…
-N…non, commença à sangloter l’Ecaflip, je…je t’interdis de…
- On n’a pas le temps…il faut agir…vite…alors écoutes moi…
-…
-Je veux que…Shiki…devienne la nouvelle chef de Get Free…c’est…c’est ma sœur…et je sais qu’elle saura se montrer à la hauteur. Elle…elle protège Rose depuis des années…elle ferait tout pour sa famille…et Get Free sera…sa famille…
-Je…je lui dirais, murmura l’Ecaflip en fermant les yeux, mais si…si tu meurs ici. Tu n’auras été qu’une…une menteuse…personne ne doit mourir aujourd’hui…
-Et c’est pour ça que je continuerais de vivre…Harkane…à travers toi. Tu deviens…mon héritage vivant…tout ce que j’espère…c’est que tu vas survivre à ce que je vais faire… »
L’Ecaflip voulu protester, lui crier d’arrêter ses idées folles, de le laisser rester avec elle…mais la Sacrieuse avait déjà pris sa décision. D’un geste précis, ne voulant pas faire plus de mal que nécessaire, elle abattit son poing dans le ventre de cuisinier. Tandis que sa conscience de dissipait, il gardait toute son attention sur les câbles. Il ne voulait pas les lâcher, il ne voulait pas qu’elle se sacrifie. Il lutta encore quelques instants, puis finit par les lâcher mollement. Lenz le récupéra dans ses bras et, avec un sourire attristé, usa de ses dernières forces pour le lancer à travers la brèche dans la vitre. L’Ecaflip disparut dans les nuages, filant vers le sol et un avenir incertain. La Sacrieuse se montrait confiante, elle savait que sa compagne ou l’une de ses filles le récupèrerait sans problèmes. Mais elle ressentait un pincement au cœur à l’idée d’avoir infligé ça à son ami. Elle se retourna ensuite, dévisageant Heldegast en venant se placer à l’endroit où se tenait encore Harkane quelques instants auparavant. Elle enroula les deux câbles autour de ses mains, et esquissa un sourire à l’intention d’Heldegast :
« Je suis prête.
-Prête…prête à quoi ? A mourir ? Railla l’ingénieur.
-Prête à envoyer mon Zeppelin dans ton antenne ! »
La Sacrieuse éclata de rire après ses paroles, tandis que le visage du Féca se décomposait. Il leva son arme, visant cette femme aux idées insensées, et murmura d’une voix calme :
« Je ne te laisserais pas faire…
-C’est donc ici que tout se joue hein, railla la Sacrieuse, notre dernier combat. Tu te rends compte Heldegast…on s’est affronté sur tous les plans. Mon armée tient face à la tienne, mon idéologie a dominé la tienne au sein de ta propre ville, même notre combat a été remporté par mon camp. Désormais c’est nos deux symboles qui vont s’affronter dans notre dernier round ! Mon Zeppelin contre ton antenne !
-Ce Zeppelin ne bougera pas, hurla le Féca en ouvrant le feu. »
Un projectile violet traversa le ventre de la chef de Get Free, un second suivit le même chemin et perça sa peau à un endroit différent…puis un troisième vint finalement la faire s’affaisser. Elle gardait la tête baissée, du sang s’échappant de ses plaies tandis que de la fumée émanait de sa peau calcinée. Elle expira doucement, puis s’immobilisa. Les secondes passèrent dans un silence lourd de sens, le gagnant de ce dernier duel attendait désormais d’être couronné.
Soudain, la Sacrieuse redressa sa tête. Hurlant de rage comme de fierté. Ses cheveux s’agitèrent tandis qu’elle transmettait son énergie à l’appareil. Une vie entière sans user des dons de sa déesse, une vie passée à ne jamais puiser dans ses ressources internes. Et aujourd’hui elle les libérait.
Les moteurs du Liberty vrombirent comme jamais auparavant, tandis que le Zeppelin s’illuminait désormais d’une lueur dorée. L’appareil se mit lentement en mouvement, gagnant en vitesse à mesure qu’il engloutissait les mètres. La dernière arme de Get Free était en marche, et plus que jamais elle semblait inarrêtable.
Heldegast hurla de nouveau, appuyant nerveusement sur la gâchette de son arme. Seuls les cliquetis indiquant le manque de munition lui répondirent, son arme ne servirait plus. Il la jeta au sol, toisant la Sacrieuse du regard :
« Non ! Non je t’en empêcherais tu m’entends !
-Amènes-toi alors, hurla Lenz en se tenant le plus droit possible, viens essayer de m’arrêter ! »
Toutes son énergie vitale affluait à travers le câblage du Liberty, l’appareil semblant lancé dans une charge folle…un dernier paris. Le Féca cria sa rage et se rua en avant, dans une manœuvre désespérée. Il arma son poing, bien décidé à arrêter son ennemie coute que coute. Il arriva au niveau de Lenz, et lança son poing en direction des plaies de son ventre. Elle se montra néanmoins plus rapide, décalant le bras de l’ingénieur d’un geste vif de son genou. Elle tira fort sur les câbles, les détendant un peu plus, et leur fit décrire une boucle d’un geste ample de ses bras. Les fils électriques entourèrent la gorge du Féca, tandis que Lenz tirait un coup sec pour le faire se retourner. Elle le plaqua contre son corps, l’étranglant avec force :
« Restes avec moi ! Admire le spectacle Heldegast ! Après tout…nous jouons la conclusion de cette guerre ici et maintenant ! »
La Sacrieuse partit dans un grand éclat de rire, tandis que son adversaire se débattait contre elle. L’antenne se rapprochait de plus en plus, le Zeppelin accélérant toujours à mesure que le temps passait. Situé dos à l’installation de la Futaie, les deux protagonistes de cette fin de guerre ne pouvait pas la voir…ignorant donc quand tout cela allait se terminer. Lenz ferma les yeux, visualisant un à un tous les visages ayant un jour compté pour elle. Elle n’avait pas l’intention de mourir…mais se refusait à partir sans avoir une dernière pensée pour eux. Tout allait se terminer, les dés étaient jetés…et le résultat ne dépendait plus d’elle. La chef de Get Free, à l’image de sa guilde, avait tout donnée. Et le moment était venu de recevoir le fruit de leur labeur. Elle cria en rouvrant ses yeux :
« Tu étais si fiers de ton antenne Heldegast ! Allons la voir de plus près veux-tu ?!
-Je…te hais, articula difficilement le Féca en tentant de reprendre son souffle, sale…bou… »
Les dernières paroles de l’ingénieur ne parvinrent jamais aux oreilles de la Sacrieuse…le Zeppelin venait de rentrer en collision avec l’antenne dans un vacarme assourdissant.
Le Point :
Harkane : Merci ! : Hunshaïn va encore apparaitre de nombreuses fois dans mes nouvelles...guettez-le ~
Albynn : Merci ! Les Zeppelins finissent tous dans l'océan, désastre maritime donc ! xD
Ihephe : Merci ! Et oui...Ihephe n'aura pas eut un très grand rôle dans cette nouvelle, mais elle n'est pas finit et de grands moment sont à venir pour lui dans les prochains écrits !
Shiki : Merci ! : Bien heureux que Cyd et Tyra t'ai plut, j'ai même hésité à les mettre en couple pour te dire xD
Ophe : Merci ! : Joli com malgrés ta maladie, ça fait toujours plaisir ! Oui Ophe aurait du continuer à voler, mais la narration...cette sale race ! xD
Mama : Merci ! : Oui certains persos sont délaissés, mais je travaille seul sur le projet et c'est parfois dur. J'essaierais de faire mieux à l'avenir
J'espère que vous allez aimer cet épisode, de tout coeur, je le considère comme mon meilleur à ce jour...
Bonne Lecture !
Episode 18 : Rêver d’être un héros…
« Comptes-tu te battre éternellement Lenz ? Vas-tu errer de conflit en conflit à mesure que les années passeront ? Au bout de combien de temps viendras-tu à t’éroder, à l’image de ton maître. A faire des choix plus discutables, à causer plus de pertes que de gains…
-Je ne sais rien faire d’autre. Me battre pour les miens, pour les autres…pour une liberté que je ne comprends même pas. Je ne suis pas comme vous Mylone, je n’ai pas ce talent qui vous permet de bâtir une si grande institution depuis les cendres. Je n’ai pas ce don que vous avez, cet altruisme qui vous pousse à aider les autres sans jamais causer la moindre mort. Je vous envie…
-Tu as battis une guilde entière Lenz, et elle ne cesse de croitre. Un jour tu me surpasseras surement, mais quand cela arrivera il te faudra te poser les bonnes questions. Quel prix à la liberté, combien de vie devraient être sacrifiées sur son grand autel ? Un vieil ami…non…la personne qui me fut la plus chère disait une chose : La liberté n’est qu’un monstre se nourrissant des idéalistes et des révolutionnaires, elle n’est qu’un ennemi invisible qui nous pousse à faire les pires choses pour l’atteindre…alors qu’on ne l’obtient qu’en se détournant de son symbolisme et en acceptant de ne pas vouer sa vie à l’apporter aux autres.
-Je ne sais pas ce que je ferais Mylone, le jour venu ma vie sera dans la balance au court d’une bataille décisive. Venremos disait que l’on naissait tous pour une bataille…un conflit ou notre rôle changerait le cours de l’histoire. Cette bataille n’est pas encore arrivée pour moi, et vos questions se poseront le jour où ce sera le cas… »
Lenz gardait une mine grave, les yeux fermés et plongée dans une concentration intense. Elle l’entendait, le cliquetis sonore des mékas…le son que provoquait le choc entre leurs pattes et le sol métallique. Ils se rapprochaient inlassablement du poste de pilote, point culminant d’une guerre touchant à sa fin. La bataille n’avait eu de cesse d’évoluer, désignant un camp avantagé avant d’en changer brusquement. Un à un tous les conflits annexes s’étaient arrêtés, tous les pions avaient été retirés du plateau…il ne restait désormais que les rois pour déterminer de la résolution de cette partie incroyable. Tout allait se jouer dans cette si petite pièce, au milieu des instruments de bord s’illuminant faiblement. Harkane toussait et crachait un peu de sang, maintenant la lente avancée du Zeppelin. Si le monde avait su qu’un Ecaflip avait été le moteur du dernier espoir d’une nation entière…l’aurait-il seulement crut ?
Le cuistot redressa faiblement la tête, fixant le dos de sa chef d’un regard terne. Ses lèvres s’agitèrent, venant difficilement murmurer un simple mot…si lourd de sens :
« Pourquoi… ? »
La Sacrieuse rouvrit lentement ses yeux, venant fixer la porte d’entrée de cette salle qu’elle gardait. Elle venait d’envoyer Ihephe au sol, elle avait pris sa place dans ce combat des plus risqués. Elle avait tout laissée derrière et venait de mettre sa vie en jeu pour le destin d’une nation entière. Elle sourit légèrement, et murmura :
« Car mon jour est venu…la bataille ou j’ai mon rôle à jouer est ici. Je ne pouvais pas laisser Ihephe dans ce tombeau aérien, c’est une guerre entre Cloctown et Amakna…mais on sait tout deux que ce conflit penche plus vers un duel entre Get Free et Clocktown…
-Et en tant que chef…tu te devais de venir sur ce dernier…affrontement ?
-Non, en tant que chef je me devais de tout faire pour tenir ma promesse. Personne ne mourra…je vous l’ai déclaré. Et c’est ici que je viens honorer mon engagement, c’est de mes mains que je m’assurerais que personne ne risque de perdre la vie. J’ai confiance en Ihephe…mais je ne peux le laisser courir un tel danger sans avoir d’influence dessus. »
Harkane esquissa un faible sourire, serrant légèrement plus ses câbles. Il demanda d’une voix solennelle :
« Lenz…si on meurt ici je voulais te dire…
-Tais-toi. Je n’envisage pas cette possibilité. Tous ont accomplis ce qu’ils pouvaient dans cette guerre insensée…c’est à notre tour de tout donner pour remporter le combat ici et revenir vers eux en vie. »
L’Ecaflip ferma les yeux, tentant d’économiser les dernières forces lui restant. Il avait confiance en sa chef, ça n’avait jamais changé durant toutes ces années. Il comptait bien lui faire honneur, et se montrer digne. Lenz avait toutes les cartes en main, c’était à elle de jouer.
Elle leva son fusil, pointant le canon vers la porte, et ferma un œil. Les mékas étaient là, elle le savait. La porte s’ouvrit dans un léger chuintement, dévoilant la première unité d’un cortège entier. Sans attendre, Lenz tira. Le canon se souleva avec violence tandis qu’une balle filait vers l’unité. Elle s’écrasa contre une sorte de barrière invisible, et ricocha pour aller se planter dans un mur. La Sacrieuse écarquilla les yeux en baissant son arme, lâchant un soupire résigné. Un groupe de cinq mékas entra dans la salle, venant s’aligner dans le fond du poste de pilotage, puis ce fut au tour d’Heldegast. Il se tenait droit, fiers et déterminé, sa plaçant derrière ses soldats de métal en fixant la Sacrieuse. Lenz esquissa un faible sourire, et clama :
« Tu uses de tour de passe-passe intéressant Heldegast !
-Des boucliers magnétiques…très chère, j’ai pris le temps d’en équiper chaque méka ici présent. Bien entendu ils sont bien plus de cinq, un véritable bataillon se situe derrière la porte. Chaque unité que tu abattras sera remplacée au pied levé…combien penses-tu pouvoir t’en faire avant que la fatigue ne te fasse t’agenouiller devant moi ?
-Bien assez pour que ce Zeppelin vienne à bout de ton antenne, ricana la chef de Get Free en le toisant de ses yeux marrons, je ne compte en aucun cas perdre ici…sois en conscient !
-Ton arrogance ne te sauveras pas…je suis peut être seul désormais mais mon armée est toujours présente. Regardes dehors, le soleil se couche. La nuit va tomber Lenz, et lorsqu’elle se terminera…les hommes au sol seront vaincus. Il me suffit pour cela de te défaire ici et maintenant. De mettre un terme à tes pathétiques idéaux…d’écraser ce ridicule vent d’espoir que tu as fait souffler sur ces habitants en perdition ! Aujourd’hui les gens me voient comme un tyran…comme une menace. D’ici quelques années, tous comprendront que je ne suis que le sauveur de ce monde, que le sacrifice que je m’apprête à faire n’était que nécessaire et que toi et tes hommes n’étiez que des êtres égoïstes ayant tentés d’arrêter le changement !
-Je ne veux pas de ton changement Heldegast…et ce peuple encore moins. Même si je tombe aujourd’hui, ils lutteront éternellement. D’autres prendront la relève, les générations se succéderont peut-être mais notre flamme ne s’éteindra jamais ! Ce n’est pas une bataille qui décidera de l’avenir d’Amakna, je sais d’ores et déjà qu’ils viendront à bout de tes plans insensés un jour ou l’autre ! Notre combat n’a pour vocation que de déterminer la durée du calvaire que tu leur fais subir ! Et mon intention est de la rendre aussi courte que possible !
-Toute parole supplémentaire est donc vaine je le crains. Des centaines de personnes doivent nous regarder Lenz, ne les faisons pas attendre d’avantage ! Bats-toi pour tes pauvres idéaux, je t’écraserais avec ma vision d’un monde meilleur ! »
Le Féca se recula d’un pas, tendant son bras en avant dans un signe d’attaque à ses pantins de rouages. Le combat allait pouvoir commencer, et c’est avec une mine des plus sérieuses que la Sacrieuse allait l’engager. Elle serra fermement son fusil entre ses mains, les balles étaient peut être inefficaces…mais sa baïonnette la rendait toujours aussi dangereuse. Elle allait devoir redoubler de combativité pour vaincre cette armée, mais elle s’en sentait capable. Elle avait portée pendant plusieurs années un titre qui avait forgé ce qu’elle était devenue. Ce titre avait peut-être disparut…mais sa promesse de protéger les générations futures restait.
« Pourquoi un tel surnom…j’veux dire : Birth c’est quand même pas facile à prononcer. Et puis Sayana c’est nettement plus joli…je ne pense pas que je parviendrais à porter un tel titre.
-C’est un symbole Lenz, « Birth » ça représente une masse silencieuse mais portant l’avenir entier de notre monde en eux. C’est le titre donné à chaque enfant naissant dans notre monde, à tous ces futurs grands hommes et grandes femmes qui changeront peut le monde bien plus que nous ne le pourrons jamais.
-Et c’est pour ça que tu as décidée de devenir une justicière masquée…devenir cette légende dont les gens parlent tant ? Pourquoi ne pas te dévoiler au grand jour, et porter haut tes idéaux sans masque et sans reproche Sayana ?!
-Car les gens ne se souviendront que de Sayana Evrifry, de cette femme combattante qui s’opposait à la situation actuelle ! Alors que sans savoir qui je suis, sans savoir quel est mon nom…les gens pourront se voir en moi. N’importe qui pourra se dire qu’il peut le faire également, ces jeunes générations à qui je décerne ma vie tenteront à leur tour de faire perdurer le mythe de ce titre. Birth pourrait être n’importe qui Lenz ! Ça pourrait être toi…ça pourrait être notre voisin, ça pourrait être le moindre inconnu de ce monde !
-Mouais…je t’avoue que je ne me sens pas prêt à arborer un symbole pareil… »
Et pourtant ce titre elle l’avait portée pendant bien des années, avant de finalement de nouveau arborer son vrais nom. Elle ne l’avait pas vraiment fait pour devenir le symbole que Sayana clamait, mais plutôt pour enterrer la personne qu’elle fut jadis. Un moyen de renier ses erreurs dans une tentative d’aller de l’avant, un nouveau départ qui l’avait conduit où elle se trouvait maintenant. Désormais elle portait avec fierté le nom de Lenz Dogaïl, femme révolutionnaire qui se remettait sans cesse en question. Une chose n’avait néanmoins jamais changée, elle n’avait rien perdue de sa combativité. Déterminée autant qu’initiatrice, elle se battait pour ce en quoi elle croyait. Et ça n’allait pas être un simple groupe de méka dirigé par un élitiste fini qui allait changer quoi que ce soit à cela…
Les unités de métal levèrent avec lenteur leur bras mitrailleur, ciblant la Sacrieuse dans une suite de cliquetis et de rouages en actions. Le plan semblait être d’en finir au plus vite, et cette perspective convenait complètement à Lenz. Elle serra d’avantage son fusil, se préparant à ce combat que tous semblaient attendre. Le dernier loquet de verrouillage sauta, et une pluie de balle vint s’abattre sur la position de la chef de Get Free. Elle se décala avec rapidité, sa grande cape blanche se faisant percer en divers endroits, et se rua vers ses adversaires. Se servant de son arme comme d’une lance, elle chargeait un premier méka en le visant de la pointe de sa baïonnette. Son adversaire stoppa immédiatement son tir, pivotant sur lui-même en décrivant un large arc de cercle de sa lame. La Sacrieuse observa bien le mouvement, se concentra rapidement et tira sur l’arme qui tentait de la trancher en deux. Le bras du méka fut dévié sous l’impact, le bouclier magnétique ne semblant pas couvrir les armes de ces unités, et Lenz put librement transpercer son opposant de sa baïonnette. Sa victime grésilla un instant, et s’éteignit pour de bon. Du coin de l’œil, la Sacrieuse remarqua que les mékas changeaient d’ores et déjà de position pour de nouveau l’avoir dans leur ligne de tir. Elle se décala sur le côté, orientant sa victime toujours plantée au bout de sa lance de fortune afin de s’en servir comme d’un bouclier. Elle plaça la semelle de sa botte sur la carcasse de son ennemi et, d’un geste des plus brusques, l’envoya en direction des autres unités. Leur vue se retrouvèrent bouchée, mais ils enclenchèrent leur torrent de balle…criblant la carcasse de toute part. Lenz se jeta sur le côté, effectuant une habile roulade avant de se redresser en vitesse, et se rua sur un autre méka.
La belle comptait user de sa rapidité comme avantage dans ce duel déséquilibré. Les unités de Clocktown n’étaient qu’un enchevêtrement de câbles et d’instructions basiques…leur nombre était un problème, mais ils étaient bien loin d’avoir le niveau des autres combattants qu’avait pu affronter la Sacrieuse. Ils n’avaient pas le génie de Piotr, la rage de Jolian, l’intelligence de Mylone, la puissance de Keethan ou les pouvoirs dévastateurs d’Emitrevo. Contre ces combattants Lenz pouvait se permettre de trembler, d’avoir peur et de ressentir la tension d’un combat…mais en aucun cas elle ne pouvait ressentir quoique ce soit de tout cela contre ces êtres artificiels.
Avec force et détermination, elle atteignit finalement le deuxième méka. L’attaquant par le flanc, elle n’eut aucun mal à le transpercer de la pointe de sa lance. Les autres mékas commençaient déjà à bouger de nouveau, aussi décida-t-elle de retirer immédiatement son arme de la carcasse de sa victime. Elle la tira vers elle d’un coup sec…mais la baïonnette ne se délogea pas. L’intérieur du méka semblait s’être comprimé contre la lame dans une dernière action avant l’extinction. Heldegast éclata de rire et hurla :
« Ne penses pas affronter des mékas classiques Lenz ! Je suis là, et je ne me contenterais pas uniquement d’observer. J’analyse toutes tes actions, et j’envoie de nouveaux ordres à mes unités pour répondre à tes attaques. Je les fais évoluer, s’adapter à toi et à ton style de combat. Dans ce duel ils sont mes armes ! »
Lenz jura, tirant sur son arme de toutes ses forces. La situation se complexifiait bien plus qu’elle ne l’aurait pensée, et elle perdait visiblement ses rares avantages. Les mékas s’arrêtèrent, la Sacrieuse se trouvant une nouvelle fois dans leur ligne de vue, et ouvrirent le feu. A contrecœur, elle dut se résoudre à laisser son arme et à reculer vivement. Sa manœuvre fut trop tardive, et quelques balles virent ricocher sur son armure. Elle était protégée, et tant qu’elle ne sollicitait pas trop la résistance que lui procurait cette protection, elle pouvait espérer la faire tenir le plus longtemps possible. Elle alla se placer derrière le gouvernail du Liberty, attendant que le flot de balle se tarisse. Haletante, elle ferma les yeux pour se reposer un peu. Ses muscles se détendirent un instant, avant de violemment se crisper. La belle serra les dents en poussant un juron, une douleur commençait à naitre dans son flanc droit. Elle ouvrit un œil et regarda l’état de cette zone. Une des jointures de son armure était percée, et un filet de sang s’en échappait désormais. Une balle l’avait touchée…l’adrénaline ne lui avait pas fait ressentir la douleur sur le coup, mais désormais celle-ci se faisait bien plus fulgurante.
Lenz poussa un nouveau juron. Le combat était déjà ardu…et voilà que désormais un handicap supplémentaire venait entraver son corps. Elle jeta un regard à Harkane, l’Ecaflip à bout de force la fixait d’un regard inquiet. Elle esquissa un petit sourire se voulant rassurant. Elle ne comptait pas baisser les bras maintenant.
Elle posa sa main droite sur la garde de son épée, la gauche venant serrer le fourreau, et dégaina avec lenteur la lame dorée. Les mékas venaient de cesser leur mitraillage, et semblaient se rapprocher prudemment de la position de la Sacrieuse. Cette dernière inspira longuement, détachant sa cape de son armure le plus discrètement possible. D’un mouvement ample elle l’envoya à sa droite, attendit quelques instants, et se rua à gauche. Son plan sembla fonctionner, les mékas ouvrant de nouveau le feu sur la cape, la trouant de part en part. Lenz, quant à elle, avançait de l’autre côté…sauve de tout tirs ennemis. Elle fila droit vers l’unité adverse la plus proche, ses opposants commençant tout justes à comprendre leur erreur et à y remédier. Elle passa sur le côté gauche du méka, gardant sa lame à l’horizontal pour le trancher sur son passage, et continua sa course folle. Une large entaille vint se former sur sa victime, venant toucher ses circuits internes et le désactivant. Une autre unité le cibla à nouveau et cracha un flot de balle dans sa direction. La belle sauta sur le côté avec rapidité, esquivant de justesse les projectiles mortels, mais ne réalisa son manque de discernement que trop tard. Le deuxième méka fonçait droit vers elle, sa lame pointée en avant. Il était bien trop proche pour pouvoir tenter une esquive, et Lenz savait qu’elle ne pourrait parer ce coup. Elle allait devoir le dévier, et minimiser les dégâts. Serrant les dents et se préparant à ressentir une vive douleur, elle donna un violent coup d’épée dans la lame adverse. Celle-ci fut décalée vers le bas, et vint transpercer l’armure de la pauvre Sacrieuse, se plantant dans son flanc déjà amoché.
Lenz poussa un grognement de douleur, sentant la pointe de la lame lui percer la peau. Son armure avait réduit la force du coup, et la lame ne la transperçait pas. De la chance dans son malheur se disait-elle, mais elle ne pouvait se permettre de laisser le temps au méka de rectifier cette erreur. Elle fit tourner sa lame dans les airs, levant rapidement son bras en contrôlant le moulinet qu’elle effectuait, puis abattit le fil de son épée dans un coup vertical sur le sommet du crâne de son agresseur. Elle trancha ses divers capteurs, et désactiva la créature. Elle chercha immédiatement le dernier Méka du regard, se dégageant avec douleur de sa victime. Elle l’aperçut finalement un peu plus loin, l’unité lui tirant une nouvelle fois dessus.
Pas le temps de réfléchir à une attaque particulière, pensa la jeune femme, elle envoya son bras armé vers l’arrière de son corps et fléchit ses jambes. D’un geste ample et puissant, elle donna un coup d’épée vers l’avant…lâchant son arme quand celle-ci se retrouva bien alignée avec sa cible. Elle se jeta ensuite sur le côté, tandis que sa lame tournoyait dans les airs. Elle percuta le sol au moment même où l’épée atteignait sa cible, la transperçant avec violence.
Lenz esquissa un petit sourire en se redressant, gardant sa main droite plaquée contre son flanc pour limiter l’écoulement de son sang. Elle fit un pas en direction du méka, cherchant à récupérer sa lame, puis remarqua son erreur. Le méka n’était pas encore totalement désactivé, les composants qui lui permettaient de se déplacer semblant toujours en état de marche. Dans un crissement strident le méka se rua en direction de la vitre du cockpit, la traversant dans le son assourdissant du verre brisé. Il disparut dans les cieux, emportant avec lui l’épée de la Sacrieuse.
Lenz pesta, elle venait de perdre sa dernière arme. Tandis qu’elle réfléchissait à un moyen de récupérer son fusil, elle entendit Harkane hurler :
« Lenz…Devant toi ! »
La chef de Get Free tourna vivement sa tête dans la direction indiquée par l’Ecaflip…et découvrit les cinq nouveaux mékas qui étaient entrés dans le poste de pilotage. Heldegast semblait jubiler derrière, clamant d’une voix victorieuse :
« C’est finit Lenz ! Tu n’as plus d’armes et tu es blessée ! Je vais ordonner à mes unités d’ouvrir le feu…et tu vas te faire simplement fusiller ! Cette bataille prend fin maintenant, ta défaite entrainera la défaite du Liberty…qui elle-même entrainera la défaite de la Nation toute entière ! »
Lenz esquissa un faible sourire, elle savait que le Féca avait raison sur un point…son état n’était pas vraiment avantageux. Lorsque les mékas ouvriraient le feu, elle n’aurait pas les forces suffisantes pour esquiver les tirs. Elle se focalisait désormais uniquement sur le fait de tenir, de résister le plus longtemps possible et de continuer à faire face à cet ennemi qu’elle haïssait. Elle se redressa, se tenant le plus droit possible en se protégeant au maximum avec ses bras, et clama d’une voix amusée :
« Je donnerais tout ce que j’ai…pour te voir fermer ta grande gueule Heldegast. »
L’ingénieur ne releva pas ses propos, et abaissa simplement sa main dans un ordre clair et concis. Les armes des mékas crachèrent un flot ininterrompu de projectile à destination de la chef des révoltés, ne cherchant qu’à la faire chuter. Les balles percutèrent avec force l’armure de la Sacrieuse, certaines ricochant…d’autres la traversant. Lenz grognait de douleur, son corps se secouant au rythme des impacts. Elle tenait bon, ne reculant pas, ne pliant pas…ses yeux étaient fermés, son esprit tentait de se détacher de la douleur qu’elle commençait à ressentir. Les balles se logeaient dans son corps, se focalisant sur ses bras, ses jambes et ses flancs. Combien l’avaient déjà transpercées, une dizaine…peut être plus. La salve continua encore un moment, Harkane fermant les yeux pour se détacher de ce déplorant spectacle. Il pouvait entendre la souffrance de son amie à travers ses cris de douleur, et n’espérait qu’une chose…que ça se termine vite.
La salve s’arrêta finalement, les mékas se retrouvant à cours de munitions. De minces filets de fumée s’échappaient des impacts que l’armure avait subis, celle-ci se retrouvant fortement amochée. Lenz relâcha ses muscles, et ses bras se laissèrent tomber contre ses flancs. Le rouge recouvrait désormais le doré, se propageant de plus en plus à mesure que la belle se vidait de son sang. Aucune balle ayant traversée sa peau n’était ressortie, la combattante devait souffrir le martyr. Elle respirait avec difficulté, défiant Heldegast du regard. Elle était toujours debout, fière et déterminée. Le Féca lui adressa un petit rictus amusé, il était admiratif de la volonté de cette femme…mais était bien décidé à la faire cesser. Il claqua des doigts, se rapprochant lentement de l’Ecaflip câblé. Deux mékas passèrent devant lui et vinrent se positionner de chaque côté de Lenz. Ils se trouvaient hors d’atteinte de la Sacrieuse, qui ne semblait de toute façon pas être en état de bouger. Elle usait déjà de toutes ses forces pour se maintenir debout. Les deux unités pointèrent leur lame en direction de ses flancs, et sans un bruit…se ruèrent sur elle. La chef de Get Free ferma les yeux, une mine grave sur le visage, tandis que les lames la transperçaient de part en part. Du sang s’échappa de ses lèvres, tandis qu’elle rouvrait des yeux devenus plus vitreux. Elle respirait avec difficulté, sentant ses forces lui échapper.
Heldegast clama haut et fort :
« Comme je te l’ai dit Lenz…c’est finis… »
Puis, les mékas se reculèrent en libérant la Sacrieuse de leur lame. Elle s’effondra, percutant le sol avec force en gémissant de douleur. Ses longs cheveux s’éparpillaient au sol, et une flaque rouge et visqueuse se formait peu à peu sous elle. Elle ne semblait lutter que pour rester en vie, et la tâche paraissait déjà bien ardue.
« Comment vous imaginez votre mort les gars, pouffa le roublard en réchauffant ses mains prêt du feu.
-La seule mort que je trouverais digne de moi, clama le Pandawa en remplissant sa chope, c’est une mort alors que j’étais saoul ! Vous voyez…partir dans un état d’ébriété ça allège le cœur !
-T’es con Atamo, ricana le Sacrieur en réchauffant de la viande au bout d’un bâton, niveau dignité c’est un peu la mort de merde ! Et toi Jo’, tu poses la question mais se serait quoi pour toi ta mort idéale?
-Moi…bah je ne ressens pas la douleur donc je ne crains pas de souffrir tu vois. Non ce qui m’effraie le plus c’est de me dire que je pourrais mourir sans m’en rendre compte. T’imagines Lenz, je me blesse grièvement et je me vide de mon sang sans m’en apercevoir. Je meurs comme un con alors que j’aurais pu être soigné !
-Ouais plutôt moche pour le coup, soupira le Sacrieur, mais alors si tu peux choisir ta façon de mourir justement ?
-Huuum…mourir en faisant exploser des bombes pour libérer quelque chose. Ma dernière action est impressionnante, je disparais sur le coup et j’ai pu voir ma mort venir !
-Connaissant tes talents, pouffa le Pandawa, tu te feras sauter la poire sans le faire exprès !
-Hey ! C’est l’alcoolo de service qui me dit ça, cria dans un éclat de rire le Roublard. Et toi Lenz du coup, la mort de tes rêves ?
-En héros…au milieu d’un combat pour des enjeux qui me dépasse, et en sachant pertinemment que quelqu’un prendra le relais, se montrera digne de mon héritage. C’est ça…la mort de mes rêves. »
Heldegast s’approchait toujours de l’Ecaflip, un sourire victorieux aux lèvres. Il avait gagné, malgré tous les imprévus, après avoir subi toutes ces défaites…il avait finalement remporté la bataille. Le dernier espoir d’Amakna venait de s’éteindre, plus personne ne pouvait les sauver. Il se plaça devant l’Ecaflip et plongea sa main dans la poche de sa veste pour en sortir un paquet de cigarette. Il en plaça une entre ses lèvres, et fixa le cuistot d’un regard interrogatif :
« Tu fumes ?
-Vas te…faire foutre…konnard, articula Harkane en le fixant rageusement de ses yeux fatigués.
-Tant pis, soupira le Féca en allumant le bout de sa cigarette et en crachant un mince filet de fumée, tu sembles être le moteur de cet appareil hein ?
-…
-C’est bien ce que je pensais, si je te tues j’envoie le Zeppelin au sol et je meurs également. Il ne vaut mieux pas tenter cela. Mais tu vois je sais que tu mets toutes les forces que tu as pour faire avancer cette machine…et je n’ai pas envie d’une mauvaise surprise. Donc il faut que je te laisse en vie, mais que je te vide de tes précieuses forces. Je m’excuse d’avance… »
Heldegast retroussa ses manches, maintint sa cigarette entre ses lèvres et fléchit légèrement ses jambes. Il n’avait pas l’habitude de se battre, mais frapper un homme ne devait pas être si dur que ça. Il envoya avec force son poing dans le ventre de l’Ecaflip, lui coupant la respiration, et le Zeppelin ralentit :
« Ma théorie semble exact…bon…il ne reste plus qu’à arrêter cet appareil. »
Tandis qu’Harkane tentait de reprendre le souffle perdu, le Féca arma de nouveau son bras. Il décocha un violent uppercut à son opposant, la tête de l’Ecaflip s’inclinant brutalement vers le haut. Il attrapa ensuite les cheveux de sa victime, les serrant fermement dans sa main, et envoya son poing s’écraser contre le visage du cuistot. Il réitéra plusieurs fois l’opération, le visage d’Harkane se tuméfiant peu à peu, avant de finalement relâcher l’Ecaflip. Les forces de ce dernier semblaient l’avoir abandonner, son corps pendait mollement. Ses mains étaient toujours serrées autour des câbles, désormais seuls liens lui permettant de rester plus ou moins debout. De minces filets de sang et de bave s’échappaient de ses lèvres entre-ouvertes, le brouillard envahissant son esprit. Le Zeppelin s’était arrêté, sa source d’énergie ne lui permettant plus désormais d’avancer.
Heldegast s’éloigna de l’Ecaflip, se rapprochant de la vitre de l’appareil. Il admira l’antenne de la Futaie Trouée. Il lui avait fallu tant d’années pour la bâtir, une décennie entière passée à réfléchir à toute cette opération. Il devait le reconnaitre, ces révolutionnaires lui avaient mis nombre de bâtons dans les roues. Mais c’était désormais terminé. Il contrôlait leur Zeppelin, il contrôlait le ciel...et plus que tout…il contrôlait la bataille. Il jeta sa cigarette à travers le trou dans la vitre et se retourna.
« C’est pas…encore…finis, murmura Harkane en tentant de relever la tête.
-Arrêtes ton char, clama le Féca d’une voix autoritaire, plus rien ne peut vous permettre de gagner cette guerre. Vous étiez l’espoir de la nation, et je vous ai brisé.
-On reste…un…symbole…
-Oh ? C’est donc cela, ricana le Féca, tu as raison en effet. Votre splendide étendard flotte sur le flanc de votre appareil. Il peut encore donner de l’espoir à ce peuple, je m’en vais donc de ce pas le retirer. »
Il pianota sur son bouclier, ordonnant à l’une des unités se promenant dans les coursives de l’appareil de détacher le pavillon des révolutionnaires. Il scruta ensuite le ciel, patientant calmement. Un bruit sourd se fit entendre, et le large tissu vert et blanc s’envola dans le ciel. Le Liberty n’arborait désormais plus le moindre symbole de sa guilde, l’étendard commençant une longue chute vers le sol.
Heldegast se tourna à nouveau vers l’Ecaflip et murmura :
« Et voilà très chers…je créé un nouveau symbole. Celui de votre défaite, celui venant prouver ma domination en ces lieux. Maintenant ouvres grand tes oreilles et entends les hurlements de désespoirs, les cris de souffrance et les appels à la reddition provenant du sol… »
Le silence s’abattit dans le poste de pilotage, tous se concentrant sur les sons provenant d’en bas. Pendant de longues minutes, seuls les bruits de combats parvinrent à eux…puis un hurlement se fit entendre. Un cri, venant livrer deux mots au ciel. Puis un autre cri plus bruyant, et encore un autre. Les voix se mêlèrent entre elle, venant créer un véritable hurlement d’espoir venant d’un peuple entier. Les deux mêmes mots se répétaient en boucle, comme une prière adressée au ciel…un appel à l’aide…une ode à l’espoir.
« Get Free »
Criaient ceux d’en bas d’une voix tonitruante.
« Get Free »
Résonnant dans les cieux et parvenant aux oreilles des occupants du Liberty.
« Get Free »
Devenant le slogan d’un peuple entier, un véritable appel à l’unité…à la combativité.
Heldegast écarquilla les yeux, il ne comprenait pas. Il n’avait de cesse de briser les espoirs de ce peuple, de lui retirer tout ce qui pouvait lui donner confiance. Il était victorieux…alors pourquoi personne ne voulait le reconnaitre, pourquoi s’acharnait-on à encenser un camp de perdant. N’avaient-ils rien appris, n’avaient-ils pas été éduqué à la réussite et à l’échec sans appel. Comment pouvaient-ils oser hurler ces deux mots, alors que ceux les arborant n’avaient pas été capables de l’arrêter…
« Quel est ton rêve Lenz, murmura l’Ecaflip en prenant une posture de combat.
-Je veux être un héros maître, je veux sauver les gens, libérer des peuples…insuffler de l’espoir, cria le Sacrieur en s’apprêtant à s’entrainer avec son ainé.
-Un héros hein…nous sommes des révolutionnaires Lenz…en aucun cas des héros. Nous sommes là dès le début des conflits, et nous repartons après qu’il se soit terminé. Un héros apparait simplement lorsque la situation semble désastreuse, et reste ensuite à se faire aduler…
-Je serais un héros révolutionnaire alors, je créerais ce concept et aiderais les autres de mon mieux !
-Alors tu seras celui qui participe au combat dès le début de celui-ci, qui donne tout ce qu’il a dans la bataille…qui tombe, mais se relève avec plus de force. Tu vivras une vie de souffrance pour les autres, tu n’auras de cesse de te remettre en question…de te demander qui tu es.
-J’accepte tout cela…si c’est le prix à payer, murmura le Sacrieur.
-Non, clama l’Ecaflip, le vrais prix à payer sera une mort certaine dans un combat perdu d’avance.
-Alors je vivrais jusque-là ! Et je ferais mon possible pour remporter chaque bataille, je donnerais tout ce que j’ai…je prêterais ma vie le temps d’un conflit, et la reprendrais une fois qu’il sera terminé. Je mourrais dans ma bataille perdue d’avance, mais je serais fier du chemin parcouru ! »
Le cri provenant du sol ne s’arrêtait pas, et Lenz l’entendait. Elle ne pouvait rester plus longtemps au sol. Toute une nation comptait sur elle, tout un peuple semblait attendre…un héros. Elle s’agita, remuant faiblement contre le sol. Se relever allait lui demander un effort surhumain, mais ce hurlement d’espoir lui donnait des forces. Elle devait le faire, elle avait une promesse à tenir, des amis à sauver…une nation à secourir. Elle fit glisser avec lenteur ses mains pour les aligner de chaque côté de son corps, et pressa fortement contre la paroi inférieure du Liberty. Elle détacha son buste de la surface métallique avec une terrible lenteur, serrant les deux sous la douleur que cet effort lui causait. Heldegast la regardait avec rage, hurlant :
« Abandonnes bordel ! Tu n’es plus en état de te battre, admets simplement ta défaite ! Ceux d’en bas soutienne l’idéal que tu inspires, mais personne ne te soutiens toi ! Personne ne vient t’acclamer !
-Allez…Lenz... »
Le Féca se tourna brusquement vers l’Ecaflip, c’était lui qui venait de parler. Ses dents se serraient en un rictus de rage pure, il ne pouvait plus supporter les tentatives désespérées de ces maudits révolutionnaires. Il voulut reprendre la parole, mais un grésillement sonore se manifesta avant. La radio du Zeppelin venait de se mettre en marche, crachotant un son faible mais parfaitement audible :
« Ici Cyd, cracha la radio avec une voix bourrue, je te préviens Lenz…t’as intérêt à dégager cet enfoiré de mon Zeppelin !
-Ici Rose, cria une voix bien plus féminine, on a enfin pu joindre les autres ! Clocktown est tombée ! On compte sur toi pour terminer le travail !
-Ici Shiki, vas-y sœurette on est de tout cœur avec toi !
-Ici Albynn, grande-sœur…t’as toujours été la première à me dire ne jamais baisser les bras ! Alors bats toi comme tu l’as toujours fais !
-Ici Mamastra, Lenz…tu nous as toujours montrée un visage combatif, tu nous donnes confiance…montre toi digne de ça bon sang !
-Ici Zack ! Maman, on est avec tous les autres jeunes de Get Free ! On est tous avec toi sur ce coup ! Montre à ce connard prétentieux de quel bois on se chauffe !
-Ici Tyra, Lenz…on a appris ta décision d’aller en haut au tout dernier moment ! Ihephe nous l’a annoncé avant de partir détruire des mékas par rage ! Tu as pris sa place, alors assumes le jusqu’au bout !
-Ici Opheliana…ma belle, tu m’as promis qu’aujourd’hui personne ne mourrait. Tiens cette promesse…libères le ciel pour moi…et reviens nous vite. »
Le grésillement s’arrêta et le silence retombant dans le poste de pilotage. Lenz était désormais debout, la tête basse et les poings légèrement serrés. Les messages de toutes ces personnes, tous ces appels que Get Free lui lançait…elle les avait entendus. C’est avec une énergie renouvelée qu’elle comptait reprendre le combat, elle allait tout mettre en œuvre pour retourner cette situation…pour reprendre le contrôle de la bataille et mettre fin à cette guerre.
Les cheveux de la Sacrieuse s’agitaient au grès du vent s’engouffrant dans l’appareil, sa tête demeurant baissée. De minces filets de sang continuaient à s’échapper de ses lèvres, tandis que son armure avait désormais pris une teinte carmin. Elle demeurait immobile, silencieuse. Elle écoutait…elle parvenait à les entendre. Les cris de souffrance, les hurlements d’espoir, le fracas des armes et les ricochets des balles contre les murs. Elle ne faisait pas partie de cette guerre, elle en était devenue le cœur. Un cœur battant à nouveau, avec une force renouvelée malgré les injuries causées. Elle inspira longuement, puis releva la tête.
Elle plongea un regard empli de détermination sur Heldegast. Le Féca souriait toujours, il clama :
« Oh…tes amis t’encouragent, comme c’est gentils de leur part ! Mais tu te vides de ton sang Dogaïl ! Ton armure ne tient presque plus, comment comptes tu vaincre mes mékas dans une telle situation ?! »
Sans un mot pour son interlocuteur, la Sacrieuse attrapa les sangles de son armure et les détacha avec lenteur. Le lourd plastron se disloqua, et vint percuter violemment le sol sous le regard incongru d’Harkane :
« Lenz…que…t’es malade… ?
-Regardes bien vieux frère, pouffa Lenz en retirant ses brassards et ses jambières, je vais voler…je vais devenir un vrais héros. »
Elle acheva de défaire ses protections en or, arborant désormais un débardeur blanc ensanglanté et un short noir. Ses pieds, nus, frôlaient le sol pour en apprécier le doux contact. Elle qui s’était cachée toutes ses années derrières ces apparats, qui avait fait confiance à ses armes plutôt que ses poings, qui avait préféré la résistance d’une armure à l’agilité d’un corps léger…elle renaissait en cet instant. Elle redevenait celle qu’elle avait été autre fois, une idéaliste…une pauvre femme rêvant d’héroïsme et ne se battant qu’à main nue. Elle inclina légèrement sa tête vers le haut, et se concentra longuement. Il lui faillait stopper ses plus grosses hémorragies. Les multitudes de trous dans son torse ne pouvait être réellement soignés, mais elle s’en accommoderait. Elle visualisa son sang…ou plutôt…ses sangs.
Depuis qu’Opheliana lui avait sauvée la vie, lui donnant une grande partie de son sang pour que la Sacrieuse échappe à la mort, son organisme était devenu le théâtre d’un bien étrange dialogue. Son sang humain et le sang draconnique se partageaient ce réceptacle, entrant parfois en conflit ou se mélangeant pour changer la forme de la femme. Il avait fallu un certain temps à Lenz pour apprendre à contrôler ce flux, à l’orienter dans les directions qu’elle désirait afin de modifier certaines parties de son corps en conséquence. Elle fit affluer son sang draconnique en direction des deux larges plaies ouvrant ses flancs, et peu à peu ces zones furent recouvertes d’écailles. Elle contracta ensuite ses muscles, collant au mieux les deux bords de ses plaies entre elles, et parvint à stopper l’hémorragie.
Lenz se tourna en direction d’Heldegast et ses mékas, les invitant à lancer leurs attaques. Ses pupilles étaient rétractées, lui donnant des airs de reptile. Elle souriait à pleine dents, prête à se lancer corps et âme dans ce combat qui s’annonçait acharné. Heldegast se recula encore, se plaçant à une bonne distance de sécurité de la Sacrieuse sur le retour, et sans un mot il ordonna à ses unités de lancer l’attaque. Elles ouvrirent le feu sur la position de leur ennemie, cherchant à l’abattre sans autre sommation. La chef de Get Free se jeta vers le sol, posant ses mains sur la surface métallique et levant le reste de son corps dans les airs. Elle effectua une roue, et vint placer ses pieds contre l’une des parois du Zeppelin. Les mékas réorientèrent leurs tirs, tentant de la cibler de nouveau, et elle donna une vive impulsion sur ses jambes. Elle partit dans une rapide roulade, passant sous les tirs pour se redresser plus loin. Se tenant sur des appuis solides, elle sautillait d’une jambe à l’autre en pouffant :
« Tes soldats ne me toucheront plus Heldegast, je vais esquiver chacune de leurs attaques et ensuite je les détruirais !
-Cesse donc de te vanter, cracha le Féca en ordonnant à deux unités de la charger, tu finiras par retourner sur ce sol que tu viens à peine de quitter ! »
Les deux mékas l’attaquèrent de nouveau par les flancs, cherchant à réitérer les blessures passées, tandis que les trois autres maintenaient un feu nourris à l’intention de la femme. Lenz patienta, attendant le bon moment, puis sauta. Elle plaqua ses mains sur le sommet des deux unités, et aperçus les tirs des autres ricocher contre le bouclier magnétique. Elle poussa sur ses bras, se dégageant en arrière tout en repoussant les deux bretteurs mékanique vers l’avant, et se réceptionna sur ses pieds. Les deux unités qui venaient de la charger se séparèrent, venant mettre un terme à la protection qu’ils offraient bien malgré eux à leur ennemie, et les tirs reprirent de plus belle. Les balles ricochaient au sol, se rapprochant de Lenz et visant ses pieds. La Sacrieuse s’engagea alors dans une course folle, filant vers l’avant du Zeppelin en entendant les impacts se rapprocher toujours plus. Elle sauta au dernier moment, venant attraper une prise située au-dessus des tableaux de bord, et vint hisser son corps en repliant ses jambes. Les balles s’écrasèrent contre les capteurs du Zeppelin, certaines la frôlant mais aucune ne la touchant. Quand les salves s’arrêtèrent, par manque de munition, elle se laissa retomber au sol et se mit immédiatement en garde. Un méka la chargeait de nouveau, pointant sa lame vers elle dans des intentions belliqueuses. Elle se tint prête, attendant qu’ils ne soient plus qu’à quelques centimètres pour agir. Elle empoigna le bras armé de l’unité, s’assurant une prise sure et non coupante, et pivota avec force sur elle-même. Elle envoya le méka à travers le trou qu’avait laissé son prédécesseur dans la vitre, et celui-ci disparut dans l’immensité des cieux.
La Sacrieuse s’avança prêt du rebord, embrassant la ville en état de guerre du regard. Elle tendit son point en l’air, hurlant d’une voix pleine d’assurance :
« Nous sommes libres et nous le resterons ! »
Un véritable hurlement d’approbation, mélange de toutes les voix provenant du sol, lui répondit…et elle se tourna avec lenteur en direction du chef ennemi :
« Vois Heldegast ! Vois la rage animant les hommes et femmes de cette terre ! Vois leur détermination, jamais tu ne les réduiras au silence ! Jamais tu ne parviendras à éteindre la flamme de l’espoir en eux ! Tu n’as pas ce pouvoir, et tu ne l’auras jamais !
-Fermes ta grande gueule Dogaïl, hurla rageusement le Féca, et crèves ! »
De nouveau les quatre mékas restant ouvrirent le feu, ayant visiblement rechargés leurs armes, un flot de balle fila en direction de la révoltée…cherchant une fois de plus à la faire taire. Elle esquissa un sourire, concentrant l’afflux de sang draconnique à destination de ses bras et de ses jambes. Ces dernières se recouvrirent d’écailles, et elle se mit dans une posture de défense. Ses bras étaient repliés contre elle, protégeant son torse et sa tête. Les balles ricochèrent contre ses écailles, ne la faisant pas plier, ne parvenant pas à lui faire poser un genou à terre. Le cliquetis sonore annonçant la rupture de munition se fit de nouveau entendre, et la Sacrieuse se rua en avant. Elle avait la volonté de tout terminer en un assaut, et elle allait tout donner pour cela. Un méka s’avança, lame brandit et charge engagée. Il fila vers elle et tenta de l’embrocher pour freiner sa course héroïque. D’un large revers du bras elle décala la lame, tandis que l’autre initiait déjà un coup à destination de sa tête. Son poing, recouvert d’écailles également, s’écrasa contre le cerveau-moteur de l’unité…enfonçant la taule et l’envoyant comprimer les circuits. La machine fut éjectée en arrière, et se désactiva.
Elle continuait d’avancer inlassablement, se rapprochant d’Heldegast en souriant toujours. Deux mékas vinrent lui faire barrage, protégeant leur maître en pointant leur lame vers elle. La Sacrieuse bondit en avant, venant envoyer son pied dans le torse d’une unité. Le choc fut violent, enfonçant là encore la taule de la machine, et Lenz fléchit sa jambe. Elle donna une violente impulsion contre l’unité, l’envoyant bouler sur le côté, et se propulsa en direction du deuxième méka. Elle abattit ses deux poings de chaque côté du cerveau-moteur de son opposant, le comprimant et le rendant obsolète, puis elle atterrit au sol. Un seul méka restait, et celui-ci barrait la route entre elle et le Féca. Ce dernier, prenant visiblement peur tout d’un coup, se ruait vers la sortie du poste de pilotage.
« Oh non Heldegast ! Ici on se bat jusqu’au bout ! »
Suite à ce hurlement, la Sacrieuse s’avança en direction du méka. Ce dernier tenta à son tour de l’embrocher, et elle abattit avec force son poing contre la lame. L’arme vola en éclat, tandis que Lenz ramenait déjà ses bras en arrière. Elle replia ses doigts et inclina ses mains de façon à présenter ses paumes. Dans un cri de rage, elle envoya ces dernières percuter avec une force inouïe le torse de l’unité métallique. Le méka vola à travers la pièce, et vint s’écraser avec une rare violence dans l’encadrement de la porte. Il explosa dans une gerbe de feu, l’intensité du coup ayant visiblement atteint son dernier stock de munition, et un incendie se déclencha sur le palier.
Heldegast s’arrêta, sa porte de sortie était désormais condamnée. Il se retourna vivement, apercevant immédiatement la Sacrieuse qui fonçait sur lui. Ses lèvres s’ouvrirent, tentant de prononcer une nouvelle insulte, mais son adversaire fut plus rapide. Dans un cri de victoire, Lenz envoya son poing s’écraser avec force contre la joue de l’ingénieur. Elle continua son coup, lui donnant tout ce qu’elle avait en réserve, et envoya l’homme contre la paroi la plus proche. Il s’écrasa contre celle-ci avec violence, et percuta le sol dans un bruit sourd.
Le Féca était à terre, visiblement sonné, tandis que la Sacrieuse haletait. Elle l’avait fait, elle était parvenue à vaincre son ennemi. D’autres mékas patrouillaient certainement dans les coursives du Zeppelin, mais elle avait repris le contrôle de cette salle. Pour l’heure c’est tout ce qui comptait, la guerre n’était pas finie…l’antenne tenait encore debout.
Elle se retourna, relâchant la pression de ses muscles en soupirant longuement. Ses plaies se rouvrirent, la vidant à nouveau de ses forces, et son front était recouvert de sueur. Elle semblait à bout, le court regain d’énergie que lui avait procuré les cris des Amaknéens se dissipaient et l’adrénaline venant à manquer. Elle devait en finir avec tout ça rapidement. Elle s’avança lentement vers son ami, l’Ecaflip la regardant avec admiration et reconnaissance :
« Lenz…murmura le cuistot, ce que tu as fait…
-On s’en fiche Harkane, pouffa la Sacrieuse en parvenant enfin à lui, l’important c’est l’antenne…ce sont les gens au sol qui seront les héros de cette bataille. Moi je n’ai été là que pour les aider l’espace d’un instant.
-Mouais…je vais quand même garder ces images gravées…dans ma tête…
-A ta guise l’ami…t’as assez de force pour faire encore avancer ce tas de ferraille ? On est presque à portée de tir. Un dernier effort et se sera bon…
-Grimpe dans une tourelle, murmura l’Eacflip amusé, je vais…donner ce qu’il me reste…pour ça… »
La Sacrieuse acquiesça en silence et se dirigea vers l’un des postes de tir. Elle s’arrêta juste devant celui-ci, et clama :
« Et ne mets pas toutes tes forces…oublies pas que j’ai une promesse à tenir…
-T’en fais pas…je ne compte pas mourir pour cause de « Panne d’alimentation », railla l’Ecaflip en toussant »
Lenz esquissa un sourire, et pénétra dans le poste de tir. Elle alla s’assoir derrière l’imposante tourelle à stasis du Zeppelin, et posa ses mains sur l’arme. Elle allait sauver une nation entière, elle qui avait jusque-là toujours détestée sa condition de fille de gouverneur…
« Je ne veux pas devenir comme vous père, pesta le jeune noble, être gouverneur ce n’est pas pour moi !
-Pourtant tu as cœur à aider les gens mon fils…que voudrais-tu être d’autre dans ce cas ? Soupira le Sacrieur.
-Je veux être…un héros !
-Un héros ? Mais les gouverneurs peuvent l’être ! Ils sont des héros dont on ne se souvient que peu et qui font de leur peuple leur enfant ! Ils s’en occupent nuit et jour…
-Oui, mais ça reste super…chiant. Je serais bien plus utile sur le terrain !
-En étant quoi ? Un révolutionnaire ? Sais-tu au moins ce que sont ces gens mon fils… ?
-Vous donnez toujours l’impression de les détester père, maugréa le jeune.
-Et à raison. Ils se proclament gentils, mais n’apportent au final que le chaos. Quand les révolutionnaires sont arrivés sur cette île, ils n’ont apportés que la désolation et sont repartis aussitôt. Ils sont de grands destructeurs, mais ne se trouvent jamais là pour reconstruire…
-Mais je ne veux pas devenir révolutionnaire ! Je ne le serais jamais ! Je veux être un héros qui sauve les gens, qui les aide ! Je veux construire, et non détruire !
-Alors un jour tu comprendras que de tels hommes ne sont pas des combattants, mais bien des gouverneurs mon fils… »
Et aujourd’hui plus que jamais, Lenz comprenait les paroles de son défunt père. Elle se battait avec acharnement, dans un monde sans cesse en mouvement. Les adulés d’hier devenaient les corrompus d’aujourd’hui. De nouvelles îles étaient découvertes, de nouveaux royaumes émergeaient. Un cycle sans fin continuait, peu importe le nombre de tyrans qui tombaient…d’autres arrivaient. La Sacrieuse savait que son combat n’avait pas de fin, que la lutte pouvait sembler vaine…mais elle rêvait d’une véritable échappatoire. Elle avait eu la chance de rencontrer trois grands hommes, qui avait chacun une partie de la solution. Il fallait pousser les peuples à se soulever, les aider dans cette lutte et inscrire une idée simple dans chaque tête « Personne n’a le droit de vous priver de votre liberté ». Venremos était l’instigateur, la flamme s’allumant dans un peuple. Il était l’origine de tout le travail à accomplir. Il fallait ensuite aider ces peuples, en montrant l’exemple. Prouver que l’on pouvait déchoir un tyran sans avoir à le tuer, lui ou ses hommes. « Devenir un modèle futur pour ne pas répéter les erreurs du passé », la devise de Mylone…celui qui avait le mieux su s’en approcher. Enfin il fallait rester même une fois que le tyran n’était plus. Rebâtir, élire, éduquer…relever une nation du conflit à l’apogée. « Reconstruire après avoir détruit. Partir en laissant autre chose que des cendres », la tâche d’un gouverneur tel qu’avait été Alphonso. Avec ces trois étapes, toute nation pouvait s’extirper de la tyrannie.
Lenz savait qu’Amakna devrait se relever du conflit qu’elle venait de subir, et Get Free serait là pour l’aider. Pour l’heure, une antenne était tout ce qu’il restait entre eux et la fin du conflit. Le Liberty s’arrêta à nouveau, et la voix faible d’Harkane se fit entendre :
« On y est…l’antenne est à…portée de tir…
-Alors on termine notre voyage ici Harkane ! »
Lenz agrippa fermement les poignées de la tourelle, et visa l’antenne de communication. Elle inspira longuement, se concentrant pour ne pas manquer son tir. Elle pressa les gâchettes, et une lueur violette émana des canons. La salve se chargeait, Lenz ne pouvant que patienter en attendant. Une fois la charge finit, elle ferait pleuvoir un déluge de stasis sur l’installation de Clocktown…la réduisant à néant.
Un son sourd émana des coursives de l’appareil, et la lueur s’éteignit. Elles n’étaient plus alimenté, les tourelles venaient d’être coupées de leur énergie. Lenz écarquilla les yeux, ne comprenant visiblement rien à ce qu’il était en train de se produire, puis elle entendit le hurlement de son ami…suivit d’une détonation :
« Lenz ! Helde… »
Le silence revint dans la cabine de pilotage, tandis que la Sacrieuse se ruait à l’extérieur du poste de tir. Elle balaya la salle du regard, et comprit immédiatement ce qu’il se passait. Harkane serrait les dents, un filait rouge coulant entre ses lèvres. Un trou ouvrait son ventre, la peau ayant été calcinée autour et du sang commençant à s’en échapper. A l’autre bout de la salle, adossé à la paroi de l’appareil, se tenait Heldegast. Le Féca s’était relevé, et semblait hors de lui. Il tenait un pistolet à la main, une lueur violette en émanant. Le côté droit de son visage était tuméfié, son œil demeurant fermé. Il tenait en joug l’Ecaflip, et hurla d’une voix enragée :
« Mes mékas viennent d’en finir avec votre armement ! Cette antenne restera debout bande de bouseux ! Mais comme j’en ai plus qu’assez de vos plans tordus…je vais en finir maintenant ! Je vais abattre ton ami Lenz ! Je vais mettre un terme à cette tentative désespérée que vous meniez depuis des heures ! Ce Zeppelin va rejoindre les miens ! Et même si je meurs…mon opération toute entière me survivra ! »
Le Féca hurla de nouveau, et pressa la détente. Harkane ferma les yeux, résolu. Si c’était ici que tout devait se terminer, alors il l’acceptait. Il avait tout donné pour ses valeurs, pour ce en quoi il croyait. Il partait dignement, et fiers de ce qu’il avait accomplis.
Le temps passa, mais il ne ressentit rien. Le tir aurait déjà dû le traverser…peut être était-il mort sur le coup. S’il ouvrait ses yeux, serait-il dans un autre monde, n’y aurait-il que le noir à perte de vue. Avec une certaine appréhension lui enserrant le cœur, il ouvrit ses yeux. Lenz se tenait devant lui, bras écartés et yeux entre-ouverts. Elle l’avait protégée, son dos avait reçu le tir…de la fumée s’en échappait. Elle toussa, et s’affaissa légèrement en avant.
« Pour…pourquoi ? Murmura l’Ecaflip.
-Personne…ne mourra, toussa-t-elle, c’est une…promesse… »
Heldegast éclata de rire, clamant haut et fort :
« Tu veux mourir pour lui Lenz ? Et bien ça me va ! C’est bien la seule chose que tu puisses faire dans ton Zeppelin désarmé ! »
Lenz écarquilla les yeux, et ses lèvres s’étirèrent en un fin sourire. Elle avait la solution, elle savait comment régler ce conflit une bonne fois pour toute. Mais il lui fallait pour cela faire une chose qu’elle n’allait pas aimer. Elle s’avança, venant serrer l’Ecaflip dans ses bras, et murmura :
« Ecoutes moi bien…Harkane…écoutes mes mots car ils seront peut-être les derniers…
-Que…que veux-tu dire…L…Lenz… ?
-Je vais détruire cette antenne…Hark’…je vais mettre fin…à cette guerre. Je vais devenir le héros…que j’ai toujours rêvé d’être…
-N…non, commença à sangloter l’Ecaflip, je…je t’interdis de…
- On n’a pas le temps…il faut agir…vite…alors écoutes moi…
-…
-Je veux que…Shiki…devienne la nouvelle chef de Get Free…c’est…c’est ma sœur…et je sais qu’elle saura se montrer à la hauteur. Elle…elle protège Rose depuis des années…elle ferait tout pour sa famille…et Get Free sera…sa famille…
-Je…je lui dirais, murmura l’Ecaflip en fermant les yeux, mais si…si tu meurs ici. Tu n’auras été qu’une…une menteuse…personne ne doit mourir aujourd’hui…
-Et c’est pour ça que je continuerais de vivre…Harkane…à travers toi. Tu deviens…mon héritage vivant…tout ce que j’espère…c’est que tu vas survivre à ce que je vais faire… »
L’Ecaflip voulu protester, lui crier d’arrêter ses idées folles, de le laisser rester avec elle…mais la Sacrieuse avait déjà pris sa décision. D’un geste précis, ne voulant pas faire plus de mal que nécessaire, elle abattit son poing dans le ventre de cuisinier. Tandis que sa conscience de dissipait, il gardait toute son attention sur les câbles. Il ne voulait pas les lâcher, il ne voulait pas qu’elle se sacrifie. Il lutta encore quelques instants, puis finit par les lâcher mollement. Lenz le récupéra dans ses bras et, avec un sourire attristé, usa de ses dernières forces pour le lancer à travers la brèche dans la vitre. L’Ecaflip disparut dans les nuages, filant vers le sol et un avenir incertain. La Sacrieuse se montrait confiante, elle savait que sa compagne ou l’une de ses filles le récupèrerait sans problèmes. Mais elle ressentait un pincement au cœur à l’idée d’avoir infligé ça à son ami. Elle se retourna ensuite, dévisageant Heldegast en venant se placer à l’endroit où se tenait encore Harkane quelques instants auparavant. Elle enroula les deux câbles autour de ses mains, et esquissa un sourire à l’intention d’Heldegast :
« Je suis prête.
-Prête…prête à quoi ? A mourir ? Railla l’ingénieur.
-Prête à envoyer mon Zeppelin dans ton antenne ! »
La Sacrieuse éclata de rire après ses paroles, tandis que le visage du Féca se décomposait. Il leva son arme, visant cette femme aux idées insensées, et murmura d’une voix calme :
« Je ne te laisserais pas faire…
-C’est donc ici que tout se joue hein, railla la Sacrieuse, notre dernier combat. Tu te rends compte Heldegast…on s’est affronté sur tous les plans. Mon armée tient face à la tienne, mon idéologie a dominé la tienne au sein de ta propre ville, même notre combat a été remporté par mon camp. Désormais c’est nos deux symboles qui vont s’affronter dans notre dernier round ! Mon Zeppelin contre ton antenne !
-Ce Zeppelin ne bougera pas, hurla le Féca en ouvrant le feu. »
Un projectile violet traversa le ventre de la chef de Get Free, un second suivit le même chemin et perça sa peau à un endroit différent…puis un troisième vint finalement la faire s’affaisser. Elle gardait la tête baissée, du sang s’échappant de ses plaies tandis que de la fumée émanait de sa peau calcinée. Elle expira doucement, puis s’immobilisa. Les secondes passèrent dans un silence lourd de sens, le gagnant de ce dernier duel attendait désormais d’être couronné.
Soudain, la Sacrieuse redressa sa tête. Hurlant de rage comme de fierté. Ses cheveux s’agitèrent tandis qu’elle transmettait son énergie à l’appareil. Une vie entière sans user des dons de sa déesse, une vie passée à ne jamais puiser dans ses ressources internes. Et aujourd’hui elle les libérait.
Les moteurs du Liberty vrombirent comme jamais auparavant, tandis que le Zeppelin s’illuminait désormais d’une lueur dorée. L’appareil se mit lentement en mouvement, gagnant en vitesse à mesure qu’il engloutissait les mètres. La dernière arme de Get Free était en marche, et plus que jamais elle semblait inarrêtable.
Heldegast hurla de nouveau, appuyant nerveusement sur la gâchette de son arme. Seuls les cliquetis indiquant le manque de munition lui répondirent, son arme ne servirait plus. Il la jeta au sol, toisant la Sacrieuse du regard :
« Non ! Non je t’en empêcherais tu m’entends !
-Amènes-toi alors, hurla Lenz en se tenant le plus droit possible, viens essayer de m’arrêter ! »
Toutes son énergie vitale affluait à travers le câblage du Liberty, l’appareil semblant lancé dans une charge folle…un dernier paris. Le Féca cria sa rage et se rua en avant, dans une manœuvre désespérée. Il arma son poing, bien décidé à arrêter son ennemie coute que coute. Il arriva au niveau de Lenz, et lança son poing en direction des plaies de son ventre. Elle se montra néanmoins plus rapide, décalant le bras de l’ingénieur d’un geste vif de son genou. Elle tira fort sur les câbles, les détendant un peu plus, et leur fit décrire une boucle d’un geste ample de ses bras. Les fils électriques entourèrent la gorge du Féca, tandis que Lenz tirait un coup sec pour le faire se retourner. Elle le plaqua contre son corps, l’étranglant avec force :
« Restes avec moi ! Admire le spectacle Heldegast ! Après tout…nous jouons la conclusion de cette guerre ici et maintenant ! »
La Sacrieuse partit dans un grand éclat de rire, tandis que son adversaire se débattait contre elle. L’antenne se rapprochait de plus en plus, le Zeppelin accélérant toujours à mesure que le temps passait. Situé dos à l’installation de la Futaie, les deux protagonistes de cette fin de guerre ne pouvait pas la voir…ignorant donc quand tout cela allait se terminer. Lenz ferma les yeux, visualisant un à un tous les visages ayant un jour compté pour elle. Elle n’avait pas l’intention de mourir…mais se refusait à partir sans avoir une dernière pensée pour eux. Tout allait se terminer, les dés étaient jetés…et le résultat ne dépendait plus d’elle. La chef de Get Free, à l’image de sa guilde, avait tout donnée. Et le moment était venu de recevoir le fruit de leur labeur. Elle cria en rouvrant ses yeux :
« Tu étais si fiers de ton antenne Heldegast ! Allons la voir de plus près veux-tu ?!
-Je…te hais, articula difficilement le Féca en tentant de reprendre son souffle, sale…bou… »
Les dernières paroles de l’ingénieur ne parvinrent jamais aux oreilles de la Sacrieuse…le Zeppelin venait de rentrer en collision avec l’antenne dans un vacarme assourdissant.
Re: NoD Remaster
Bon...après avoir prit le temps de souffler et de reprendre mes esprits, je poste...
La grosse majorité des chapitres m'ont foutu successivement une claque, à chaque fois plus violente. C'est beau, c'est bien écrit, c'est prenant.
A côté de ça, l'épisode 18 est d'un tout autre gabarit: c'est pas une grosse claque que j'ai prit...c'est un uppercut dévastateur.
Je ne suis pas naïf, et je ne dis pas ça pour faire plaisir à l'auteur. Ce que je dis est sincère, ça vient du cœur.
Voilà. Je le cache pas: j'en ai eu les larmes aux yeux.
Pourquoi?
C'est une scène majestueuse, plus qu'un combat physique: c'est un combat de valeurs.
Il y a les flashback de Lenz, qui donnent tout le ton du personnage et qui sont orchestrés à merveille.
Et bien évidemment, si ce chapitre me touche plus particulièrement, c'est à cause de mon personnage: Harkane.
Harkane que tu exploites parfaitement. Tu le joues avec un sans fautes.
On dit souvent que nos personnages ont une part de nous en eux, qui est plus ou moins importante.
Ce putain d'Ecaflip, c'est mon premier vrai perso RP sur Wakfu. C'est celui que j'ai développé le plus sur tous les plans. C'est celui qui me représente le mieux.
Alors effectivement, quand on le met dans ce genre de scène, et qu'on le fait agir sur le émotionnel, ça me touche.
A la fin de NoD R, je ferrai une critique complète sur tout l'ensemble de l'œuvre, reprenant chaque chapitre, chaque personnage. Et je ferai un pavé concernant Harkane, parce que c'est tout bonnement mon job.
En attendant, il reste deux épisodes avant d'en voir la fin...le dénouement approche, et mon impatience est plus que présente...
La grosse majorité des chapitres m'ont foutu successivement une claque, à chaque fois plus violente. C'est beau, c'est bien écrit, c'est prenant.
A côté de ça, l'épisode 18 est d'un tout autre gabarit: c'est pas une grosse claque que j'ai prit...c'est un uppercut dévastateur.
Je ne suis pas naïf, et je ne dis pas ça pour faire plaisir à l'auteur. Ce que je dis est sincère, ça vient du cœur.
Voilà. Je le cache pas: j'en ai eu les larmes aux yeux.
Pourquoi?
C'est une scène majestueuse, plus qu'un combat physique: c'est un combat de valeurs.
Il y a les flashback de Lenz, qui donnent tout le ton du personnage et qui sont orchestrés à merveille.
Et bien évidemment, si ce chapitre me touche plus particulièrement, c'est à cause de mon personnage: Harkane.
Harkane que tu exploites parfaitement. Tu le joues avec un sans fautes.
On dit souvent que nos personnages ont une part de nous en eux, qui est plus ou moins importante.
Ce putain d'Ecaflip, c'est mon premier vrai perso RP sur Wakfu. C'est celui que j'ai développé le plus sur tous les plans. C'est celui qui me représente le mieux.
Alors effectivement, quand on le met dans ce genre de scène, et qu'on le fait agir sur le émotionnel, ça me touche.
A la fin de NoD R, je ferrai une critique complète sur tout l'ensemble de l'œuvre, reprenant chaque chapitre, chaque personnage. Et je ferai un pavé concernant Harkane, parce que c'est tout bonnement mon job.
En attendant, il reste deux épisodes avant d'en voir la fin...le dénouement approche, et mon impatience est plus que présente...
Bluefox82- L’Utopiste
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Date d'inscription : 04/09/2014
Age : 28
Localisation : Dans mon humble demeure, ou dans une auberge quelconque, tant que je peux boire et écouter les bardes.
Re: NoD Remaster
Alors là... tu vas galérer à faire mieux.
Tout y ait, action, discours inspiré, flash back court et peu intrusif mais surtout l'émotion, my gosh l'émotion! juste parfait, tu aurais pu finir dessus tellement c'était bon.
Je te considère comme meilleur que moi sur les écrits, mais c'est ce genre de texte qui me donne envie d'écrire, alors prend garde car un jour l'élève dépassera le maitre! Un jour j'écrirais comme un pro!
Ps: Bon d'habitude j'aurais du lacher une blague vaseuse mais je trouve que ça serais pas de circonstance.
Tout y ait, action, discours inspiré, flash back court et peu intrusif mais surtout l'émotion, my gosh l'émotion! juste parfait, tu aurais pu finir dessus tellement c'était bon.
Je te considère comme meilleur que moi sur les écrits, mais c'est ce genre de texte qui me donne envie d'écrire, alors prend garde car un jour l'élève dépassera le maitre! Un jour j'écrirais comme un pro!
Ps: Bon d'habitude j'aurais du lacher une blague vaseuse mais je trouve que ça serais pas de circonstance.
Mama Koi- L’Activiste
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Date d'inscription : 07/09/2014
Age : 30
Localisation : Je sais pas ... ya de la lumière là bas...
Re: NoD Remaster
Wow... Juste Wow... Je sais que je suis pas le meilleur pour faire des longs commentaires. Je n'arrive pas à décrire mes sentiment à l'écrit comme ça. Mais là... J'avais juste... L'impression d'y être. Tu m'a mit une larme à l’œil, je ne te le cache pas. Déjà que les précédent chapitres était exceptionnels... Je ne sais pas comment exprimer l'admiration que j'ai pour toi. Tes écrits ne sont pas de simples écrits bon... Ce sont des chefs-d’œuvre... Tu mériterait que bien plus de mon lise ça... Une histoire aussi belle... Un écrit aussi bien... écrit... (Capitaine obvious à frappé). Continue. Tu te débrouille comme un pro et tu le mérite. J'ai hâte de voir les deux derniers chapitres. Oui, je dirais "La suite!" Oui je dirais "Bravo." Oui, je dirait tout ça, qui résument en très gros à quel point lire ça est un réel plaisir. Mais je dirait surtout une chose. Le mot qui, pour moi, me semble le plus important à te dire:
Merci.
Merci.
Lashet- L’Activiste
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Date d'inscription : 11/12/2014
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