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Entraînements : point de départ

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Message par Nael Mar 4 Oct - 22:08

DONC DONC DONC. Le but de ce bidule c'est de "forcer" les gens à écrire assez régulièrement. Donc une fois par semaine, on (donc la première personne qui trouve un passage intéressant) postera un passage d'un texte (une ou deux phrases) qui sera le point de départ d'un petit texte.

   En gros : - Pas de restriction d'univers

                 - Obligation de commencer le texte par le passage

                 - Respect des temps du passage (sauf bien sûr si le passage est utilisé comme citation)

                 - Pas un truc de trois lignes, mais pas un roman non plus

                 - On essaye de pas tricher en regardant ce que les autres ont fait avant de poster !

                 - Si possible, gaffe à la mise en page

Et le bouquin dont est extrait le passage sera donné à la fin de la semaine avec possiblement quelques passages suivant si y'a des gens qui demandent. (Sur le post sur lequel le passage a été posté donc, entre parenthèses à la fin).

SUR CE, JE COMMENCE.

"La clique habituelle. Ils m'ont regardé du coin de l'oeil et ont haussé les épaules. Ils avaient tous l'air soucieux. Comme s'ils s'inquiétaient pour ma santé mentale."
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Message par Nael Jeu 13 Oct - 0:55

(Bon bah je suppose que je commence. °3°)

    La clique habituelle. Ils m'ont regardé du coin de l'oeil et ont haussé les épaules. Ils avaient tous l'air soucieux. Comme s'ils s'inquiétaient pour ma santé mentale. Ça ne m'a même pas étonné. Moi aussi, je m'en inquiétais. Après tout, quand un gars se réveille du jour au lendemain en disant voir et entendre les fantômes, ça laisse un peu perplexe. Les autres avaient décidé de m'emmener boire un coup pour me changer les idées, mais l'atmosphère que je trouvais autrefois chaleureuse m'apparaissait maintenant suffocante. Le seul verre que j'ai pris m'a fait courir aux toilettes et vider mes tripes. Je n'avais plus qu'une idée : sortir.
    J'ai ouvert la porte qui donnait sur la ruelle après un vague "besoin d'air". Ma mâchoire a tellement peu bougé que je n'étais même pas sûr qu'ils aient compris. Le vent froid a formé de la buée sur mes verres, mordu mon nez, mes joues, mes oreilles et mes doigts. J'ai refermé la porte, et les rires et les cris se sont tus. C'était comme entrer dans un autre monde. Un lampadaire sur deux était allumé, signe qu'il était plus de deux heures du matin. Du givre crissait sous mes pas, et couvrait les pavés d'un manteau de paillettes. En suivant le trottoir, et en tournant après l'imposant chêne du parc, j'ai fini par atteindre le cimetière. Petit, entouré d'une grille à peine plus grande que moi, le portail ouvert.
    J'ai gravi la petite pente couverte de gravier, et erré entre les croix un moment. Beaucoup de noms que je connaissais, certains vaguement, d'autres de la famille. J'ai essuyé les traces sur la tombe de mes grands-parents, et attendu un peu. S'ils avaient été encore en vie, ils seraient en train de dormir. Ou peut-être que le paradis, les enfers, ou la réincarnation existaient, et eux étaient passés à autre chose. Un coup d'oeil au tombeau de mon arrière-grand-mère, puis vers la cache de marbre où étaient déposées les urnes crématoires. L'une d'elle comportait mon nom de famille, et une date récente. Cinq ans auparavant.
    L'autre extrémité du cimetière était composé d'un muret de pierres d'un mètre de haut, et laissait une vue imprenable sur les collines et le bois, de jour. De nuit, on ne voyait que le noir, mais le muret pouvait faire office de banc. Je m'y suis posé, et ai sorti un paquet de cigarettes de ma poche. La marque de papa.
    Depuis que je les vois, j'ai discuté avec un fermier suicidé, mon chat, un gamin mort dans les bombardements de la seconde guerre mondiale, et une grand-mère qui aurait dû faire humoriste. J'ai du passer une dizaine de fois au cimetière, et je n'ai croisé qu'un ancien voisin. Je m'étais dit que la chance me souriait enfin, et que j'allais pouvoir rattraper le temps perdu. Je n'ai pas pu lui montrer mes recherches, mon diplôme, lui parler de mon travail, de mes amis. Quand il est mort, j'avais à peine seize ans, dans ma période rebelle, où je ne faisais qu'aller à l'encontre de ce qu'il me disait, parce que je voulais être libre et que je pensais que ça signifiait n'avoir personne qui me dise quoi faire. Depuis j'ai grandi, mûri, et je regrette de pas lui avoir assez dit que je tenais à lui.
    Mais je suis apparemment maudit, puisque lui, je ne le vois pas.
    Peu m'importe de passer pour un illuminé, si lui je peux le voir. Mais non, le destin est apparemment une salope.
    J'ai fini le paquet au cimetière. Le temps passe vite quand on fume. La luminosité a progressivement changé, laissant deviner que les nuages qui obscurcissaient le ciel étaient sombres et cotonneux. Il allait neiger d'ici peu. J'ai passé la main sur la plaque de marbre, murmuré un au revoir, puis me suis tourné vers la sortie.
    Et c'est là que je l'ai vu.
    Une barbe broussailleuse, un ventre digne de celui du père Noël, des cheveux mi-longs mal coiffés, et un sourire espiègle.

         "Toujours à me piquer des cigarettes, alors ?"
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Message par Albynn Mar 1 Nov - 20:36

La clique habituelle. Ils m'ont regardé du coin de l’œil et ont haussé les épaules. Ils avaient tous l'air soucieux. Comme s'ils s'inquiétaient pour ma santé mentale.
C'est vrai que ce n'était pas courant, dans la famille. Ou même, juste pour nous.
Depuis tout petit, je me suis sentis différent. Là où mes parents, mes frères et sœurs travaillaient dur pour préparer la vie en hiver, et se défendre contre tout ce qui pouvait nous dévorer, moi j'aimais trainer près de l'école. Je voulais tellement être éduqué, apprendre à lire, écrire, compter!
Mais je n'avais aucun moyen, absolument aucun d'y entrer.
Il fallait aller voir les responsables, leur donner des papiers, et puis surtout, avoir l'air présentable. Moi, avec ma tronche rousse, tout petit et tout sale, on ne me laisse jamais rentrer dans la cours. Tout de suite, les enfants courent vers moi, et je panique.
Je suis bien trop timide, ce ne sera jamais possible.

C'est ce que j'ai cru jusqu'à il y a quelque jours.
Un cirque est venu en ville, et là bas, je pourrais apprendre avec les enfants de la troupe! Je pense même que j'aurais mon propre instructeur: je suis venu lui montrer quelques trucs que j'ai appris en regardant les classes de loin, il était impressionné. Dommage pour lui, je ne pouvais pas venir tout de suite. Je dois d'abord prévenir les miens.
C'est comme ça que toute ma famille me regarde comme si j'étais devenu malade. Maman me gronde en disant que c'est une idée ridicule, et papa me préviens qu'ils vont m'exploiter jusqu'à la moelle. Mes frères et sœurs, eux, couinent de rire.
Mais ma décision est prise, je m'en vais avec le cirque.

Nous sommes le soir de ma première représentation. J'ai eu un instructeur particulier, il m'a bien appris à lire, écrire et compter. Je suis plutôt doué, étant donné mon milieu naturel.
Mais le mieux, c'est que tout ça va m'aider à produire le meilleur numéro de mon instructeur! La lumière se fait sur l'interlude, au centre de la piste, et je cours m'assoir sur mon tabouret, devant mon tableeau à craies.

- Et maintenant, mesdames et messieurs, le meilleurs numéro d'écureuil savant que vous n'aurez jamais vu!
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Message par Nael Mer 25 Jan - 17:37

Serait p'tet temps que je reposte une phrase quand même, donc bon.

Ils sont là,
farouches. Ils préméditent les désastres. Ils ont
pour labeur l’enflure éphémère et éternelle du
flot. Ce qu’ils peuvent est ignoré, ce qu’ils
veulent est inconnu.
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Message par Théo le Fragile Sam 28 Jan - 17:30

(C'est beaucoup trop long. Je suis désolée. ;; )

"Ils sont là, farouches. Ils préméditent les désastres. Ils ont pour labeur l’enflure éphémère et éternelle du flot. Ce qu’ils peuvent est ignoré, ce qu’ils veulent est inconnu."

Un clic sonore sortit de mon appareil photo. Et hop, dans la boîte.

J'effleurai du bout de mes doigts la roche humide sur laquelle cette phrase était gravée maladroitement. Une sensation de fraîcheur engourdit mes phalanges l'espace d'un instant tandis que je chassai du revers de ma main quelques petits crabes couleur corail, qui se reposaient sur la roche en attendant sans doute la prochaine vague.
Je n'eus pas le temps de me demander qui avait bien pu descendre dans ce coin reculé pour écrire cela qu'une sonnerie retentit. Cette sonnerie, je pouvais la reconnaître entre mille : c'était celle de mon école d'art, construite juste en haut de la falaise. Je jetai un dernier coup d’œil vers l'océan qui s'étendait devant moi, avant de remonter quatre à quatre les escaliers rocheux, seule séparation entre le monde artificiel de l'institution et ce petit coin de paradis, très peu fréquenté.

Je me mêlai rapidement dans la foule d'étudiants, passant mon casque sur mes oreilles pour préserver mon corps peu résistant des éclats dégoûtants de joie et d'enthousiasme des gens autour. Une fois la musique allumée, je baissai la tête et me faufilai dans les couloirs, profitant de ma bulle factice pour ne pas avoir à regarder tous ces visages, vides et identiques. Tous ces gens impossibles à reconnaître, tous différents, et pourtant ridiculement uniformes qui vrombissaient furieusement autour de moi me donnaient envie de vomir. Heureusement, ma classe n'était pas loin.

Après le cours, je tentai de filer le plus vite possible à travers les couloirs ternes de mon établissement, lorsque quelqu'un m'attrapa la manche, me tirant brutalement de mon microcosme musical. Je jetai un regard antipathique à mon agresseur, qui ouvrit des yeux ronds en constatant d'un regard les traits de mon visage.
« … Oh, pardon ! Je t'ai pris pour Juliet. Excuse moi. »
Je clignai un peu des yeux, détaillant rapidement le visage de mon assaillant, sans pour autant réussir le moins du monde à me souvenir de son identité. C'était un grand brun, à la peau mate, et aux yeux ébène perçants. Ce genre de garçon toujours accompagné par une nuée de fidèles bourdonnants. Notre opposition radicale me fit sourire intérieurement. En effet, moi, je n'étais ni brun, ni grand, ni fort, ni même bronzé. Je n'avais ni son charisme, ni ses yeux noirs perçants. Mon statut dans cette école n'était pas enviable, contrairement au sien. Je me contentai de retirer mon bras peu épais de son étreinte, redescendant mon regard sur mes chaussures.
« Je ne suis pas Juliet. Je ne suis pas une fille. »
Puis je remis mon casque et traçai mon chemin sans plus me soucier de lui.

En arrivant près de mon dortoir, j'aperçus un petit point coloré qui bougeait nerveusement sur l'écorce d'un vieil arbre, comme perdu. En m'approchant un peu, je réalisai qu'il s'agissait de petits crabes couleur corail, comme ceux trouvés sur le récif en contrebas cette après midi. Comment avaient-ils faits pour se perdre à ce point ? Je faillis les laisser là et passer mon chemin, mais leurs mouvements erratiques et effrayés éveillèrent en moi une sorte de compassion : avant que je ne puisse me comprendre moi-même, j'étais déjà revenu à l'arbre avec un bocal vide, attendant que les petites créatures ne prennent place dedans.
Une fois ceci fait, je posai le bocal au pied de l'arbre mort en dégainant mon polaroid. Ce n'était pas comme si je sauvais des animaux tous les jours.

Et… Clic. Parfait. Maintenant, direction la bande rocheuse de l'école.

Lorsque je relâchais les petits crustacés, je remarquai que la phrase était toujours là, gravée dans la roche. C'était sans doute un vers en prose, écrit par un autre élève, après tout. Cependant, ce qui me frappa le plus fut le nombre de crabes. Leur population avait drastiquement augmenté, doublé, voire même peut être triplé depuis ce matin. Peut être était ce à cause du mauvais temps qui s'annonçait. Ou alors, à cause d'une reproduction particulièrement active, créant une génération entière en quelques heures. Je ne faisais plus de sciences depuis bien longtemps, certes, mais après tout pourquoi pas.
Après avoir pris quelques photos de la mer qui, à cause du ciel grisonnant, prenait une couleur bleue marine rehaussée par quelques écumes nerveuses, je remontai l'escalier rocheux en prenant soin de ne pas écraser le moindre petit crustacé, laissant les tâches couleur corail s'entremêler puis se démêler, comme un ballet d'étourneaux.

Puis vint le lendemain, puis le surlendemain. Les jours passaient paisiblement. Les gens demeuraient toujours aussi identiques et insipides. Ma bulle musicale demeurait le seul endroit dans lequel je pouvais me sentir serein, même entouré de pantomimes colorés. Les cours demeuraient inintéressants et lents, mais paradoxalement le temps passait trop vite pour moi. Le monde entier était en avance rapide, et j'étais condamné à observer sans le vouloir tous ces gens s'enrayer dans la rapidité de leur vie, comme une vieille cassette avec des problèmes de ruban magnétique.
Le temps ne cessait d'empirer. Et au fur et à mesure que le temps empirait, la population de crabes augmentait. Ils ne se limitaient dorénavant plus au récif : on pouvait en croiser dans l'école, dans les rues, parfois dans les jardins, absolument partout. La ville se clairsemait de tâches couleur corail, mais personne n'y prêtait attention.

Puis vint la pluie, la grêle, la tempête. Tous les habitants ne tardèrent pas à être confinés chez eux, par sécurité. Les inondations touchaient de plus en plus de quartiers en bordure de ville. Le ciel était d'un gris nuancé, la pluie tombait à torrents. Les éclairs nous servaient d'éclairage, comme plus personne n'avait d'électricité.
Je passais mes journées devant ma fenêtre, regardant notre monde se faire emporter par les aléas de la nature, bien à l'abri derrière mon double-vitrage. J'observais ma ville partir en fumée depuis ma bulle musicale dans laquelle j'avais pris l'habitude de passer le plus clair de mon temps, tout en me demandant ou avaient fini tous ces pauvres petits crabes.

C'est lors d'un soir particulièrement violent que je les revis. Serré dans un coin de ma chambre, vidant les dernières ressources de batterie de mon casque, j'entendais le toit résister face à la tempête, à moitié arraché de ses fondations. Le ciel devenait de plus en plus noir et ce temps ne présageait rien de bon pour l'avenir. Quand tout à coup, je sentis quelque chose grimper sur mon bras… Je me retournai pour détecter la source de cette gène.

… Non. C'était impossible.

Comment était-il entré ? Tout était fermé.

Je regardai avec des yeux ronds le petit crabe couleur corail qui était pourtant bien présent, et qui gravissait vaillamment la pente escarpée de mon avant bras. Mon autre main, fébrile, dégaina mon appareil photo… Et clic.
Je me relevai, en faisant attention a ne pas faire tomber le petit être vivant accroché à mon pull, balayant la pièce des yeux pour savoir d'où il était arrivé. Cependant, mon regard s'arrêta sur ma fenêtre. Je mis du temps à réaliser la vision qui s'offrait à moi.

Des centaines et des centaines de crabes grouillaient devant ma fenêtre, obstruant les rayons lumineux qui tentaient d'entrer dans ma chambre. Les rafales de vent les balayaient les uns après les autres, mais des nouveaux venaient sans arrêt remplacer ceux qui étaient tombés. Je n'eus pas le temps de réfléchir. Manteau. Chaussures. Sac. Appareil. J'ouvris la fenêtre, en dépit du temps déplorable. Aucun regret pour ma paperasse qui s'envolait, embarquée dans le trou béant que je venais de former dans mon cocon de chaleur. Mon casque sur les oreilles, je sautai dehors, affrontant les intempéries avec comme seule défense ma bulle musicale.

Il y avait des crabes partout. Ils avaient littéralement envahi la ville. La route était engluée de tâches couleur corail. Ils se mouvaient comme une seule et grosse bête, agonisante sur l'asphalte. Sans arrêt, des régiments entiers de crustacés étaient arrachés du sol, formant de douloureux trous dans la peau de leur unité, mais ces derniers étaient aussitôt recouverts par d'autres congénères. La ville était absolument déserte, et je ne savais même pas pourquoi j'étais sorti.

Quand j'entendis le toit de l'habitation derrière moi s'arracher, mes jambes se mirent à courir. C'était une question de survie. Je ne pouvais pas rester là. Je n'étais pas un grand coureur, mais la soif de vivre me donnait une énergie que je n'avais jamais eue jusque là. La pluie, le vent et les débris venaient heurter mon corps peu épais, mais je continuais d'avancer. Mon instinct me mena jusqu'à mon école, déjà à moitié ravagée. Un pan entier de la falaise s'était décroché, détruisant ainsi l'un des murs mal peints de l'établissement. Les casiers volaient autour de la carcasse en pierre grisâtre recouverte de tâches corail, accomplissant sans doute une sorte de rituel pour célébrer leur libération. Je dégainai rapidement mon appareil photo. Clic. Je n'avais pas beaucoup de temps devant moi. Il fallait que je me cache.

Mon regard dévia sur le côté gauche de l'établissement en ruine. Le récif. Je me précipitai dans l'escalier rocheux et descendit tout en bas, glissant à moitié sur tous les crustacés présents en dessous de mes pieds. La mer noirâtre était déchaînée. J'augmentais le volume de mes écouteurs et prit encore une fois mon appareil. Clic. Je me précipitai ensuite dans un renfoncement rocheux et me tassai le plus possible, pour que les éléments m'oublient et m'épargnent. Bientôt, je sentis des crabes monter sur moi. Je rentrai ma tête en couvrant ma nuque de mes mains. Il ne fallait pas que je bouge. Je repensais à cette phrase, cette foutue phrase que j'avais vue sur un rocher il y a à peine une semaine. Cette phrase, presque prophétique, à laquelle je n'avais même pas réfléchi. Son auteur était toujours un mystère absolu. Mais tout cela n'avait malheureusement plus d'importance maintenant. Je laissais les crabes gagner du terrain sur mon enveloppe corporelle, en me concentrant sur les restes de musique sortant de mon casque à court de batterie. Je sentis quelque chose tomber sur moi. Je perdis connaissance.

Tout aurait pu se finir là. Mais le Destin en avait décidé autrement.

Mes yeux se rouvrirent dans un silence pesant. Le soleil était revenu. Tout était fini.

Je tentai de me relever. Doucement. Un mal de crâne insoutenable m'empêchait de rester debout sans vaciller. La mer était d'huile, et le soleil levant lui donnait une teinte d'un jaune aveuglant. Des milliers de cadavres de crabes flottaient, sur le dos. Il y en avait partout, jusque sur mes pieds. Un silence de mort régnait dans les environs.

Je remontai aussi rapidement que possible les escaliers glissants et humides, obstrués par des débris de roches, d'arbres, ou de bureaux. L'école était détruite. La falaise s'était à moitié effondrée. Les crabes étaient partout. Certains se redressaient mais ils n'étaient qu'une petite minorité. L'écrasante majorité parsemait à tout jamais le sol, devenu immense cimetière en l'espace de quelques heures.

Je me retournai vers la ville, parcourant des yeux cet amoncellement de bâtiments détruits. Aucune vie ne se dégageait plus de cet endroit fantôme, mais la lumière du soleil qui réchauffait doucement mon corps trempé me rendaient serein. Ma tête était comme remplie de mousse. Plus rien n'existait, sauf le silence, incroyablement doux. La ville, moi. Tout était en paix.

Je jetai un regard aux crabes survivants qui s'étaient regroupés non loin de mes pieds, et pris une grande inspiration. D'une main tremblante, je pris mon appareil d'une main, serrant la sangle de mon sac de l'autre.

Clic.
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Message par Albynn Dim 5 Fév - 15:12

MAIS MAIS MAIS.
MAIS FAUT ECRIRE PLUS QUE CA NOKO!! C'est du bon!
On sent bien la vague qui prend au tripes, j'adore! L'idée est super sympa, les descriptions font ressentir les sons comme des couleurs!
Tu nous met bien dans la tête du personnage, c'est vraiment bien.
Non, vraiment, c'est chouette!

Niveau amélioration, j'ai pas trop d'idée, ça se verra mieux si tu continue d'écrire. On juge pas une capacité sur une œuvre.
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Message par Théo le Fragile Dim 5 Fév - 16:26

Bon, j'ai trouvé une nouvelle phrase alors je vous la mets ~ Bon couraaage ! <3

On dirait qu'il a peur de moi. Il a bien tort. Depuis longtemps je suis au courant des relations qu'il entretient... Je sais même avec qui. Il croit que je les ignore et prend d'énormes précautions pour me les cacher ; mais ces précautions sont si apparentes que plus il se cache, plus il se livre.


J'attends vos récits croustillants .w.
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Message par Nael Dim 5 Fév - 17:24

On dirait qu'il a peur de moi. Il a bien tort. Depuis longtemps je suis au courant des relations qu'il entretient... Je sais même avec qui. Il croit que je les ignore et prend d'énormes précautions pour me les cacher ; mais ces précautions sont si apparentes que plus il se cache, plus il se livre. Quand je le croise, comme tous les matins, il ne vient plus me voir. Il mange, boit, et s'enfuit comme un voleur. Il rentre tard le soir, quand il ne passe pas la nuit dehors, on ne sait où. De temps en temps, je lui fait remarquer, et il vient me faire les yeux doux, passe la nuit contre moi, mais fuit aux premières lueurs.
    Je l'ai vu batifoler, quand il pensait que je ne le voyais pas. Rousse, de grands yeux bleus... C'est normal qu'il la trouve belle. Elle semble douce, joueuse. Je peux comprendre qu'il la préfère. Mais il passe tant de temps avec elle que je me sens abandonnée. Il n'est plus à m'attendre sur le canapé quand je rentre du travail. Il ne me chatouille plus le nez au réveil. Il ne me tient plus chaud quand je suis triste. Il ne comble plus l'immense trou qui s'est formé dans ma poitrine.

    Et puis j'ai entendu un bruit dans la nuit. Encore en pyjama, j'ai ouvert la porte. Il était là, sur le palier, trempé par la pluie, l'air misérable. Je l'ai laissé entrer, je l'ai sêché, puis un nouveau bruit. Sa rousse attendait devant la porte, dans le même état. Son ventre était rond, et elle, criblée de blessures. Je n'ai pas réfléchi, et j'ai saisi mon manteau, mes clés, et l'ai faite monter dans la voiture. Il fallait la soigner au plus vite.

    Son état n'était pas grave, mais étant donné sa grossesse, elle avait été placée en observation. J'ai laissé mon numéro à l'accueil, et suis rentrée m'habiller. J'ai fini par m'endormir, avec lui dans mes bras.

    Au petit matin, la clinique m'a appelée. Je pouvais revenir la chercher. En arrivant, à côté d'elle, trois petits bouts endormis. Je me suis tournée vers l'infirmière qui m'a souri.
    "Ils sont arrivés cette nuit. Ils sont en pleine forme, ne vous en faites pas."

    J'ai poussé un soupir soulagé. Leur mère dormait, et les bébés tétaient avidement.

    "Ils seront vaccinés d'ici peu de temps."

    J'ai caressé la tête de la mère. Je ne savais pas ce qui lui était arrivé, mais je m'en moquais. Elle a fait un petit bruit en frottant sa tête contre ma main. Adorable.

    "Vous pourrez la ramener demain. Vous savez si elle est à jour en vaccins ?
    - Aucune idée, je l'ai trouvée sur mon palier hier soir.
    - Oh, je vois... C'est gentil à vous de l'avoir ramenée ici. Par contre, on a rien sur elle. Pas de papiers, rien.
    - Je suppose que ma famille va s'agrandir alors..."

    Et c'est ainsi que désormais, je vis seule avec cinq chats.
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Message par Heaven Mer 8 Fév - 16:19

(Blbl)
On dirait qu'il a peur de moi. Il a bien tort. Depuis longtemps je suis au courant des relations qu'il entretient... Je sais même avec qui. Il croit que je les ignore et prend d'énormes précautions pour me les cacher ; mais ces précautions sont si apparentes que plus il se cache, plus il se livre.

Après tout, nous avions finit par tisser un lien fort en traversant toutes ces épreuves. Nous avions toujours été là l'un pour l'autre, nous en sortant à chaque fois de justesse, évitant les assauts de cette enfer qui nous avait tous les deux retenus durant huit ans.
Lui et moi étions soudés jusqu'à ce qu'il découvre ce nouveau monde.
Ce monde à l'odeur de transpiration, au souffle rauque, à l'envie harassante qui revient toujours te retrouver dans la nuit. A cela s'ajoutait le jeu de le faire dans mon dos. De sortir discrètement le soir pour filer dans la nuit quand il s'imaginait que je dormais.
Je l'ai plusieurs fois suivis, je l'avoue. J'avais bien une idée d'où il filait mais je ne pouvais le croire. Et pourtant.. J'ai vu le patron du lieu l’accueillir comme on accueil un ami. Lui donner quelques conseils alors que lui ne désirait voire que l'habituelle.
Le pire dans tous ça c'est qu'il a continué de me mentir, me demandant de l'argent en prétextant l'achat de livres pour ses études. Et oui, car il était nécessaire d'étudier dans les temps cruels que nous traversions. Afin de pouvoir ramener de l'argent à sa pauvre mère trop vielle, à ses pauvres frères trop jeunes, osait-il me prétexter...
Je reçu un nouveau coup de poignard quand j'appris qu'il s'était aussi servit dans la réserve de sa mère à ses fins personnels. Il m'avait accueilli chez lui quand nous étions sorti de prison, m'avait présenté à sa mère comme un nouveau membre de la famille. M'avait offert le repas et le gîte le temps que je trouve un petit job. Mais là, il était en train de tout détruire. Peut être suis-je un égoïste mais je ne peux pas le laisser réduire en cendre ce qu'il m'a offert. Pour moi, pour ma nouvelle famille, pour notre avenir, mais aussi pour lui, j'allais lui parler. Lui faire comprendre qu'il avait fait la pire et la plus risible des erreurs; succomber aux charmes d'une prostituée.
Elles sont pire que tous, elles te berne en te berçant de douces illusions, parlant de leur famille qui a besoin de manger, décrivant leur petite sœur qui ne doit surtout pas faire le même travail qu'elle, racontant l'histoire de leur vieux père malade aux soins d’hôpital si coûteux. Tout ça dans le but de te prendre ton argent jusqu'à la dernière miette, détruisant ta vie et te forçant à commettre les pires atrocités.

Je lui expliquais tous ça sur le petit pont sur lequel nous nous étions promis autrefois de ne plus nous jamais mentir, il y a déjà six mois. Le suppliant de ne pas gâcher son avenir pour une fille comme ça. Mais il le prit mal, très mal. Me cria au visage que je ne pouvais comprendre ce qu'était l'amour, ce qu'était que d’éprouver ce sentiment, ce besoin. Puis il voulu partir, me crachant au visage de ne plus jamais revenir tourner autour de lui ou de sa famille. Sa famille.
Cela fut trop pour moi, me laissant guider par la colère comme il se laissait guider par sa luxure, je l'attrapait, levait son corps léger de maigre étudiant au dessus de ma tête de mes puissant bras d'homme de chantier. Il dû regretter à cet instant de ne pas avoir fait plus de sport durant ces huit ans. A moins qu'il ne soit plus préoccupé par sa chute dans le vide. J'aurais pensé qu'il crierait mais non, il resta silencieux jusqu'au moment ou son corps rencontra les rochers avec un craquement sourd.
Je l'avais fait. Ou plutôt qu'avais-je fait ?
J'avais tué mon amis le plus fidèle. Mon seul vrai ami. C'était pour sa-ma famille. Oui c'était pour les sauver que j'avais fait cette chose immonde, ce meurtre horrible. Mais comment allaient-ils me recevoir maintenant, sachant que je l'avais tué.
La douleur vrillant mon crâne comme mon cœur était devenu trop forte pour moi en un instant. Puis je me souvins de qui venait la faute originelle. C'était la faute de ce bordel, de son patron, de ses filles. Je récupérais rapidement ma masse qui allait servir à un nouveau type de travail.
Ce soir le tueur de prostituées d'il y a huit ans allait reprendre du service dans cette nuit froide, mais cette fois il ne se laisserait pas prendre vivant.
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Message par Heaven Lun 20 Fév - 19:51

Nouveau petit texte de départ pour vous les gens~

"Alors je serais vieux et je pourrais crever
Je me chercherais un Dieu pour tout me pardonner
J'veux mourir malheureux pour ne rien regretter
J'veux mourir malheureux"
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